Si GE Servette rejouait une centaine de fois ce match face aux Zurich Lions, il le perdrait environ cent fois. Mais hier soir, il s’est passé «un truc» aux Vernets. Un de ces concours de circonstances qui transforme en trois minutes une défaite navrante et des sifflets assourdissants en une victoire «au panache» et les vivats d’une foule (momentanément?) reconquise.

 

GE Servette doit se remettre d’urgence en question. Car le point acquis par hasard à Langnau ne trompe personne. Le GSHC ne méritait rien d’autre qu’une défaite en 60 minutes. Car oui, hier, les Aigles se sont inclinés face à une équipe qui n’avait encore jamais gagné cette saison. Une formation courageuse mais terriblement limitée qui a réalisé un match consciencieux et organisé. On appelle ça «la patte» Ehlers. Le coach de Langnau a commencé à la mettre sur le jeu des Emmentalois avant même d’avoir parqué sa voiture devant l’Ilfis.

Le Genevois Kai Schweri, qui n’aurait pas dû jouer, a appris sa titularisation en tout début de soirée, à la place du malade Nathan Gerbe. Et dire que le No 86 avait pris part à un entraînement plus poussé que d’habitude, en matinée à Davos. Il est le seul qui aurait eu droit à une excuse hier soir. Pourtant, c’est bien le petit attaquant qui a été l’unique Aigle à sortir du lot. Positionné sur la ligne de Nick Spaling et Cody Almond dès la mi-match, le talentueux ailier a marqué des points. Auparavant, ses coéquipiers avaient été dépassés dans tous les compartiments du jeu.

Sur la porte du bureau de Craig Woodcroft figure encore le panneau de Chris McSorley. Il faudra peut-être utiliser la manière forte pour l’arracher tant cela fait longtemps que le nom de l’ancien maître des lieux est affiché. Mais c’est bel et bien Craig Woodcroft qui nous accueille. La poignée de main est ferme. Le regard droit dans les yeux. «Bienvenue.»

 

Entre celui qui a fait GE Servette à son image et le propriétaire du club, il n’y a pas photo à l’applaudimètre. Chris McSorley jouit d’une cote de popularité intacte. Voire en progression minute après minute à la suite des rumeurs entourant une possible éviction (notre édition d’hier). Les supporters du GSHC ont d’ailleurs lancé une pétition pour que l’entraîneur des Aigles reste en poste et, plus surprenant encore, pour que Hugh Quennec quitte le club.

«Un jour, il va lui arriver des bricoles, à sortir ainsi.» Chaque personne ayant vu un match de GE Servette depuis l’arrivée de Robert Mayer s’est déjà dit cette phrase. «Un jour», c’était hier à Zoug. Et au plus mauvais moment, qui plus est. À cet instant, le plus gros danger qui guettait les joueurs de Chris McSorley était de se brûler avec un thé un peu trop chaud. Il restait moins de trois secondes à jouer en première période et un puck «mort» attendait sereinement la sirène. Comme tous les acteurs.