Trop crispé offensivement, GE Servette a passé sa soirée à patiner dans le vide. Zoug en a profité pour s’imposer 0-3 aux Vernets.

 

La qualité du personnel qu’il a sous la main est indiscutable, mais Craig Woodcroft semble toujours à la recherche du bon alignement et de la combinaison gagnante. Le successeur de Chris McSorley doit sans doute aussi se demander comment tirer le maximum de chacun de ses joueurs-clés.

 

Hier soir, le prix du meilleur joueur a politiquement été remis à Stéphane Da Costa. Le Français, qui faisait ses grands débuts en grenat, a fait un match tout à fait correct avec un but. Mais c’est bien Henrik Tömmernes qui a crevé l’écran lors de cette victoire compliquée face à Kloten. Un but, un assist et deux tirs au but magnifiquement marqués: le Suédois a enfin justifié la réputation qui lui colle aux lames depuis son arrivée aux Vernets.

 

On aurait pu titrer sur le score de tennis en hommage à la présence de Stan Wawrinka au match. Mais l’allusion aux échecs colle bien mieux à la physionomie de ce derby lémanique. Hier, GE Servette a livré une prestation terriblement aboutie face à Lausanne. Les Aigles n’ont accordé qu’un seul surnombre durant la totalité de la rencontre. C’est à cette occasion que le LHC a donné l’illusion (factice) de pouvoir ramener quelque chose des Vernets. Hormis cette scène, les Aigles ont offert une leçon tactique à leurs opposants.

Àpeine sortis d’une zone de turbulences, les Genevois ont trouvé les moyens d’y sauter de nouveau les deux patins joints. Battus après prolongation par Langnau, ils n’ont absolument aucune excuse valable à faire valoir tant ils maîtrisaient leur affaire. Les absents (de moins en moins nombreux) ne peuvent pas justifier les deux visages présentés par GE Servette.

 

Si, si, le HC Bienne a réalisé une excellente affaire hier. Pas sur la glace, bien sûr, là où il a pataugé durant 60 longues minutes aux Vernets (défaite 4-1), mais en coulisses. Grâce à l’union tombée du ciel entre l’ancien coach miracle Kevin Schläpfer et le HC Kloten jusqu’en 2020, ce sont près de 200 000 francs d’argent frais (pour un salaire estimé annuel à 350 000 francs) qui reprendront la direction des caisses du club.

Que celui qui croyait sincèrement GE Servette capable de ramener autre chose qu’une valise de Berne nous écrive. Hier, ce que les Aigles ont réalisé – pousser Berne aux tirs au but – était absolument inconcevable. Et Craig Woodcroft, coach genevois, ne s’y est pas trompé. Lorsque Jeremy Wick a égalisé, à moins de deux minutes de la sirène finale, le Canadien a sauté de joie et brandi un poing rageur. D’habitude peu expressif, le technicien savait, à cet instant, que son équipe venait de réaliser un sacré truc. Jugez plutôt.

La «routourne», si chère à Franck Ribéry, a par définition un caractère ultrasensible, hyperinstable. Alors les destins se font ou se défont sans qu’on comprenne toujours pourquoi ni comment. Prenez GE Servette, par exemple. Après un début de saison proche de la catastrophe, avec une infirmerie débordante et un leader en partance pour Lugano (Romain Loeffel), les Aigles auraient eu bien des raisons de s’effondrer, hier soir devant Davos.

Romain Loeffel quittera GE Servette au terme de la saison et s’est engagé pour quatre ans avec Lugano. Le défenseur s’est confié sur les raisons de ce choix.

 

C’est la fin des spéculations. Le timing est surprenant, non?

 

Ce n’était pas ainsi que cela devait se passer. Mais comme l’information était sortie au Tessin, je ne voulais pas mentir durant des semaines pour finalement confirmer ma signature à Lugano.

 

Comment s’est porté votre dévolu sur ce club?

 

Le soulagement et un répit après la tempête. En proie à une terrible crise d’identité, GE Servette n’a pas conclu sa semaine dans la peau du cancre. Toujours cela de pris. Le succès ramené de Kloten dans des conditions défavorables amène un peu de réconfort dans le vestiaire genevois. Défavorables car, d’une part, Kloten n’a pas eu à se coltiner un match et 300 km lors des 24 h précédentes.