3 décembre 2016

Les Aigles n’ont pas fait dans le détail en atomisant Langnau. Place à Davos ce soir aux Vernets

 

Il y a des soirs où tout roule pour vous. Des soirs où même la performance des arbitres passe au second plan. Ge/Servette a vécu, enfin, un de ces rendez-vous où le puck est comme aimanté aux crosses, où la citrouille se fait carrosse. Dans cet Ilfis qu’ils n’aiment guère, les Aigles ont fait la paix avec le succès. Il était temps de mettre un terme à une série négative de six défaites. Il était temps que les efforts soient récompensés par une collecte de points digne de ce nom.

 

Il n’y avait pas vraiment le feu dans la maison grenat. Mais presque. «Tant que nous marquons des points, même lorsque nous perdons, c’est que la réussite n’est plus très loin», répétait Chris McSorley, mécaniquement, comme le moine bouddhiste récite son mantra ou comme Hugh Quennec se persuade que tout va bien…

 

Il avait sans doute raison, le coach des Aigles: le courage et la détermination, qui ne suffisaient pas contre Berne ou Zurich, ont permis de dominer largement un adversaire plus modeste. Pris à la gorge dès le premier shift, Langnau n’a pas existé. Ou si peu. Ou alors par la grâce d’un duo d’arbitres qui a réussi l’exploit de maintenir un semblant de suspense en punissant les visiteurs avec un zèle gênant. Après deux périodes, le «pénalité-score» indiquait un 7x2’ infligé aux Aigles contre un tout petit 1x2’ pour Langnau. Pourtant, ce sont bien les Bernois qui étaient dépassés dans tous les domaines et qui s’accrochaient aux Genevois comme des moules à un rocher.

 

Une seule équipe

 

Oui, c’était un de ces soirs où tout est dit après 44 minutes de jeu, quand votre équipe profite au mieux d’une double punition infligée à l’adversaire pour clore les débats. Pour un peu, Chris McSorley aurait pu profiter de la fin de match pour passer quelques coups de fil, lui qui est en train de bâtir, contre vents et marées, son équipe pour la saison prochaine. Avec un dossier prioritaire: celui de la défense.

 

Alors, Chris McSorley, il paraît que vous avez fait une offre à Yannick Rathgeb? C’était lundi. Dans les environs de Berne. Un de ces rendez-vous dont le coach des Aigles est familier. Il a posé sur la table un contrat pour le jeune défenseur de Fribourg-Gottéron. Hier, plusieurs médias estimaient que le joueur avait réduit son panel à Fribourg, Lausanne et Genève… «Je ne pense pas que ce soit exact, dit Chris McSorley. Il y a onze clubs en plus du nôtre qui veulent ce joueur.» A n’importe quel prix? «Non», tranche le Canadien. Une idée a vagabondé hier dans la journée. Romain Loeffel pourrait être prié d’aller voir ailleurs au terme de la présente saison pour faire une place à Rathgeb tant dans le budget que dans le vestiaire des Aigles.

 

Cette hypothèse a provoqué un haussement d’épaules de Chris McSorley à sa descente du bus lors de son arrivée dans l’Emmenthal. Pour lui comme pour son assistant Louis Matte, pas question de remettre en cause l’avenir de Romain Loeffel sous le maillot grenat. Pour le moment tout du moins. Le No 58 des Aigles sait sans doute mieux que quiconque en Suisse qu’une carrière n’est pas un long fleuve tranquille. En janvier 2014, son transfert de Fribourg à Genève, en échange de John Fritsche et Jeremy Kamerzin, avait secoué le microcosme du hockey suisse. Il ne jurera donc de rien. Mais son contrat avec les Aigles court jusqu’au terme de la saison 2017-2018. Et le joueur a récemment déclaré qu’il se sent bien à Genève. Alors? «Alors, un dicton dit qu’il ne sert à rien de creuser un trou pour en remplir un autre de même dimension», sourit Chris McSorley.

 

Rathgeb vraiment?

 

A vrai dire, on a de la peine à croire que Ge/Servette peut (ou veut) véritablement mettre sous contrat l’un des défenseurs les plus talentueux de sa génération. Comme tout bon manager de LNA, Chris McSorley se devait de formuler une offre au joueur qui est en fin de contrat à Saint-Léonard. Mais le passé convoque une réalité: jamais, ou presque, Chris McSorley n’a empoché le magot après avoir publiquement fait part de son intérêt. Loeffel? Personne ne l’avait vu venir. Hollenstein? Pareil. Le retour de Romy? Idem. Rathgeb fera-t-il exception à la règle?

 

A quoi bon, dans le fond, quand on voit Romain Loeffel jouer comme il l’a encore fait hier soir à l’Ilfis. Le garçon a de l’or dans les mains et dans la tête. Bien sûr, il relâchera encore parfois son étreinte défensive. Mais combien de fois délivrera-il une première passe incisive ou une dernière passe décisive… Son offrande à Damien Riat est venue souligner que le talent, c’est aussi de voir les autres plutôt que le bout de son nez, fut-il proéminent. Romain Loeffel a vécu un de ces matches comme ça…