Votre tonton vous le dit toujours : « Ouh la la, je le sens mal. Quand on laisse des occasions pareilles, ça se finit mal. » En plus, avant le match déjà, il flippait grave. Parce qu'à Kloten, c'est bien connu, on ne gagne jamais. Et il tenait de source bien informée que le rédacteur en chef d'un site bien connu allait faire le déplacement. Bref, on était foutus.
Et effectivement, si le jeu était globalement équilibré, les occasions les plus nettes étaient largement en faveur des locaux. Avec des joueurs du calibre de Santala, Olimb et d'autres qui ne sont pas mauvais non plus même s'ils ne viennent pas d'Europe du Nord, le tonton avait de quoi serrer nerveusement sa canette.
Fort heureusement, c'était visiblement la soirée du Vendangeur Masqué, tant les Aviateurs se sont ingéniés à rater tout ce qui se présentait à eux. Robert Mayer pouvait même se permettre de foirer plusieurs relances sans dégât. Et lorsque enfin un tir était cadré, le gardien genevois sortait sa mitaine magique. Quand il n'était pas sauvé par ses montants. Bref, pour un supporter grenat faisant preuve d'un tant soit peu de détachement, c'était limite amusant. Le tonton, lui, frisait l'infarctus.
Quand Daniel Rubin offrait un puck au public local depuis sa zone, cette fois, c'est sûr, ça y était. Un but allait être marqué. Comme souvent, d'un tir venu de nulle part qui ira se loger en lucarne. Bien vu Tonton, sauf que « Carlos » Santala restera muet, et que ledit tir viendra de Damien Riat sur un contre rondement mené. Pas du tout un hold-up, mais on n'était pas malheureux quand même.
Lorsqu'en deuxième période un 3 contre 1 assez mal géré finissait tout de même au fond par la grâce de Martin Gerber, tout était joué. On ne le savait pas encore, et surtout pas le tonton selon lequel, je cite : « Attends, c'est pas fini, ils ont besoin de points, il vont réagir, tu vas voir. En plus, le Goran McKim, là, il n'est pas encore arrivé à la pato, ça va tourner. Je ne suis pas confiant. » (Sans blague ?)
Mais non, entre des Aviateurs qui continuaient de rater des montagnes (ce qui est plutôt normal, quand on y pense comme ça) et des Aigles qui géraient, il n'allait plus se passer grand-chose. On commençait même à s'ennuyer un peu. Robert Mayer aussi, visiblement, puisqu'au comble de sa Mayeritude, il décidait à un moment de partir en break avant de sagement se raviser en vue de la ligne bleue.
Mais même cette victoire la plus tranquille depuis bien longtemps dans la banlieue zurichoise ne suffisait pas à rassurer le tonton. Avant de regagner ses pénates, il prophétisera : « Ouais ben en laissant des occases comme ça contre Lausanne en playoffs, c'est quatre matches et on est en vacances. » Bien sûr, Tonton. Bien sûr.