D’un côté un bolide magnifique, dans sa belle peinture grenat, auquel il manque quelques pièces importantes. Vu la qualité des autres, les absences ne posent pas problème. Il a bien évidemment gagné les deux premières courses.
De l’autre, un tacot ridicule, usé par les kilomètres et dont la peinture noire est rongée par la rouille. On ne sait pas trop comment il a fait pour arriver jusqu’au départ de la course.
Pas de tour de chauffe, le bolide prend fait ronfler son moteur. Attroupés autour du véhicule, ses supporters donnent de la voix pour encourager Goran, qui pilote ce véhicule depuis des années.
A peine les feux passent au vert, qu’il enfonce la pédale des gaz, fait Chris-er les pneus, et dépasse le tacot qui ne semble pas démarrer. Dès le départ, celui-ci a perdu un boulon, ce dont a profité Goran.
A peine trois tours de roue plus tard, le tacot perd sa plaque, mais le bolide ne réussit pas à prendre plus d’avance.
Après près d’un tiers du premier tour, un parasite vient se coller contre le moteur de la poubelle noire, provoquant instantanément un sifflement dans l’habitacle, ce qui le fait partir rapidement. En effet, il a beau plus avoir la taille d’un frelon que d’une tique, il est connu pour prendre la mouche dès que quelque chose lui déplait.
Goran a des problèmes de pression dans son moteur, en raison de plusieurs écrous qui s’en vont. Alors qu’il s’arrête et se couche pour inspecter son moteur, son adversaire lui roule mesquinement sur le pied. Ce dernier klaxonne alors pour provoquer les supporters de Goran. L’as du volant pense alors : rit bien qui Rivera le dernier.
Cependant, il en faut plus pour déconcentrer Goran, qui a foi en sa belle mécanique. Son adversaire est proche de la sortie de route quand il rate un peu son freinage, Goran fait alors preuve de beaucoup d’habileté en déviant sa trajectoire pour lui couper la route, comme un Con-z. Il possède désormais d’un bon Matt-elas de deux tours d’avance.
Goran peut donc passer au pit-stop faire le plein l’esprit libre.
Cependant, il se fait griller la priorité en sortant des stands, par le tacot lancé à pleine vitesse, le vent dans le dos. Il prend un peu par surprise le pilote, et réussi à rattraper un de ses deux tours de retard. Le mauvais conducteur sait qu’il va bien trop vite pour son tas de ferraille, il roule en serrant le dents, blanc de peur. Goran ne voit plus que le numéro 86 de la fin de sa plaque au loin, et espère, tout comme ses supporters, que le froussard crève bientôt.
Comme le conducteur du tacot tourne à plein régime, Goran passe alors la troisième et double sans peine à nouveau la vieille voiture noire. Il faut dire qu’il n’y a pas si longtemps, son chauffeur conduisait des calèches, il n’a pas l’habitude de toute cette modernité. Heureusement pour lui, il possède néanmoins une télévision pour regarder les courses finales auquel il ne participera pas.
Goran, lancé à toute vitesse, se rapproche à nouveau du tacot qui fume de plus en plus, et remarque que son conducteur a changé de couleur de casque, sans doute de honte d’être reconnu par les spectateurs à chaque fois qu’il passe devant les gradins.
Cela ne marche pas, le pilote le voit quand même de loin, et peut le Matt-er en le dépassant une quatrième fois.
Le bolide grenat passera changer de pneus au stand avant de repartir tranquillement et de finir la course en roue libre. Les derniers kilomètres se dérouleront sans encombre. Aucune chance pour un tacot d’espérer remonter tout ces tours de retard, le bolide d’en face a bien trop de coffre pour se faire remonter de trois tours comme un amateur.
Rien à faire, le pilote était bien trop rapide et concentré pour laisser croire à autre chose que cette victoire facile. Et encore, il en avait encore sous la pédale !
Jeudi, le bolide fera son tour d’honneur avant de se frotter à un concurrent un peu plus redoutable que cette charrette à purin.