Le ranz des vaches, l’accent caricatural du speaker, une forte odeur de pieds dans les travées et une playlist digne du plus ringard des night clubs. Pas de doute possible, nous sommes dans l’antre du dragon, de la fierté de la Gruyère, j’ai nommé le HC Fribourg-Gottéron, la lanterne rouge de LNA.
Une position qui semble inaccessible même à nos boys, malgré leurs errements défensifs, leur inefficacité offensive et l’absence criante de leader. Tout cela pour vous démontrer que la crise gruyérienne est profonde, et que nous ne devrions rien à avoir à craindre de cette opposition minable s’il en est.
D’ailleurs sur place, la résignation semble de mise, en témoigne l’autosatisfaction lénifiante de Larry Huras et les nombreux sièges vides, alors que sachant qu’il n’y a rien d’autre à faire à Fribourg, les locaux préfèrent s’ennuyer comme des rats morts avec respectivement Robert pour les femelles et Raymonde pour les mâles.
À peine 10 secondes se sont écoulées que Wick, en patinant à 2 à l’heure, fausse compagnie à ses matons gruyériens pour se présenter seul devant Conz et échouer… Le ton est donné, ce sera un match techniquement et tactiquement poussif… Ce qui ne veut pas dire pour autant que aucun but ne sera marqué… bien au contraire.
En effet, c’est après environ une minute trente, dans un concert de maladresses et de boulettes conjointes, sur une action pour le moins confuse, que Genève ouvre la marque. En effet Jacquemet shoot astucieusement dans le dos du malheureux Chavaillaz, qui trompera finalement Conz d’un diabolique lob parabolique.
Les amoureux d’actions limpides et de jeu léché seront sans doute déçus, mais les Aigles mènent au score… jusqu’à la 5e minute et un goal de Cervenka, à qui la défense genevoise a décidé de laisser toute latitude pour tromper Mayer. Un malheur n’arrivant jamais seul, ce goal sera suivi d’un autre… fribourgeois lui aussi par John Fristche dont les stats sont si maigres que j’étais persuadé qu’il savourait une retraite active à Pattaya.
C’est à cet instant improbable que les Grenat, animés par une farouche volonté d’éviter une tornade hirsute dans les vestiaires, décident collectivement qu’il ne seront pas la dernière équipe battue à St Léonard cette saison. Et c’est ainsi qu’Almond, qui revient péniblement à un niveau plus en rapport avec ses capacités, égalise en power play.
Après un bon thé pendant la pause, un autre événement improbable se produit, puisqu’en power play, Traber marque à son tour. 2 buts sur 2 supériorités numériques et Traber alligné dans cette situation… on ne peut pas reprocher à McSo de ne pas tout tenter.
Et pour saluer le but de Traber, ce sont les démons de minuit qui retentissent dans la BCF Arena, un choix judicieux du DJ qui, nous le verrons plus tard, sera le plus performant des Fribourgeois.
À la mi-match, Kast marque le 4-2, avant que, à la 33e minute, une pénalité contre Loeffel ne donne l’occasion au power play fribourgeois de se couvrir de ridicule en consacrant la plupart des deux minutes, derrière le but de Conz, à se débattre contre un pressing opportun et efficace des Aigles.
Une performance saluée à la fois par les sifflets des fans genevois et fribourgeois, mais aussi par le générique de Bécassine, interprété par Chantal Goya. Là encore, il faut souligner l’excellence des choix et l’inspiration du DJ.
Le problème, c’est que la misère crasse qui caractérise le jeu des Lézards va surtout se matérialiser par la frustration de l’un d’entre eux, le célèbre Schilt, combinaison malheureuse de shit et de tilt, qui va se comporter comme une merde et offrir à un public dont ce sera la seule raison de jubiler, une charge, pieds décollés et coude/épaule en avant sur Slater, avec la bénédiction des arbitres. Il faudra de longues minutes pour ficeler Captain Jim sur sa civière. Et les pires craintes le concernant vont accompagner la fin du match.
C’est dans ce contexte, après une bonne dizaine de minutes de domination fribourgeoise stérile, et pour clore les débats, que Kast inscrit le 5-2 sur un pressing de Gerbe. Souhaitons que ce but soit le dernier coup de talon aux playouts fribourgeois, et peut-être même la garantie de la dernière place et de barrages difficiles.
En même temps il faut se souvenir que c’est face à une défense constituée, avec Leeger et Stalder, des poubelles de Lausanne et contre le dernier de la ligue que nous ramenons les trois points. Dans nos bagages, il y aussi un capitaine blessé que nous espérons avoir très bientôt l’occasion de critiquer, sur la glace.