Pour aller à Lugano, il faut avoir la foi. Certes, c'est joli, il y fait généralement meilleur que chez nous et contrairement à la plupart de nos destinations hockeyistiques, les indigènes ont la décence d'y parler une vraie langue plutôt que le schwitzerdütsch. Oui mais voilà, non seulement c'est un des plus longs déplacement de la saison, mais on s'y prend régulièrement des branlées. Du coup, on a souvent l'impression qu'il faut environ trois jours pour en revenir. On se promet que c'est la dernière fois. Et on finit par y retourner parce qu'on est loyal, masochiste, un peu con, ou un mélange de tout ça.
De branlée il n'y eut pas cette fois, mais l'expérience ne s'est pas révélée moins frustrante pour autant. Avant de céder lors du concours d'habileté, les Aigles ont en effet regardé dans les yeux une équipe qui joue les premiers rôles. Preuve qu'il y a du potentiel, au delà des erreurs rageantes qui finissent par coûter un match.
Parmi les points positifs, on notera la bonne rentrée de Matt D'Agostini, fidèle à lui-même, excellent techniquement même s'il fut par moments irritant de nonchalance. Il rappela notamment quelques souvenirs d'un temps révolu en réalisant une Petrov, soit un double tour de la zone offensive suivi d'un centre pour personne, ses coéquipiers s'étant arrêtés pour le regarder.
Cette prestation fut certes facilitée par son alignement avec les deux hommes en forme du moment, soit Kevin Romy et Tim Kast. Mais le n°36 amène une vraie complicité qui fait que contrairement aux autres lignes, leur production ressemble à du hockey. En témoigne le superbe troisième but, qui aurait dû être celui de la victoire. Si cette ligne confirme, un de ses membres devrait bien finir par reprendre la tunique de topscorer toujours squattée par Daniel Rubin alors qu'il n'a plus marqué depuis... ouh là... au moins.
J'ai dit que le troisième but aurait dû être celui de la victoire ? C'est toujours dans ces moments d'insouciance que surgit Super Trutmann, en l'occurrence avec une charge par derrière proche de la bande. Alors certes, le Luganais, honorant les traditions de l'Italie toute proche, n'a pas eu besoin d'être beaucoup poussé. Mais la faute était claire et inutile. On ajoutera que le maigre mais bruyant public de la Resega a scrupuleusement suivi la dernière mode, qui a contaminé jusqu'aux Vernets, de crier à l'assassinat lorsque l'un de ses joueurs se retrouve au sol quelques soient les circonstances. Dans ces conditions, les arbitres n'allaient pas se priver de siffler.
Alors que Trutmann rejoignait le banc d'en face, le préposé à la musique fit résonner le « Loser » de Beck. Même si on pouvait le comprendre, c'était quand même assez dur pour les Luganais, qui n'avaient pas démérité et bénéficiaient de surcroît d'un jeu de puissance. Piqué dans son orgueil, Linus Klasen ne tardait pas remettre les équipes à égalité.
Les Genevois obtenaient encore quelques occasions, mais ne parvenaient plus à tromper Merzikli... Merkizli... Merzkili.. machin, là. Et aux pénos, même quand on marque deux fois, même quand Robert Mayer arrête une tentative de Klasen, les Luganais sont meilleurs.
Allez, on les aura la prochaine fois. Mais ce sera sans moi. Quoique.
Les bières

Kevin Romy

Timothy Kast

Robert Mayer

Eliot Antonietti

Dario Trutmann
