Nouvelle humiliation contre une équipe qui, un jour, fut notre ennemie.
Sur le chemin du retour, j’ai pesté. Beaucoup. Et si j’avais eu la possibilité d’écrire mon article en le dictant à ce moment là, nul doute qu’il aurait été moins poli que ce qui va suivre. Mais en arrivant chez moi, je ne me sens en fait pas en colère. Je n’en ai pas la force. Je sens simplement triste, nostalgique et dégoûté.
Nostalgique d’un temps où un déplacement à Lausanne était synonyme de fête. On était des centaines et entre potes on prenait le car, on achetait nos billets le jour même devant la patinoire et une simple fouille suffisait à éviter tout incident. Aujourd’hui, je monte à Lausanne seul en voiture et je me retrouve à devoir faire preuve de malice pour pouvoir accéder à l’enceinte sans passer par les contrôles aéroportuaires nécessaires pour accéder à la prison qui sert de parcage. A l’époque, on était 1500 à chanter tout le match, mettant parfois même Malley à l’amende niveau ambiance. Aujourd’hui, le parcage était garni de 100 personnes munies d’un répertoire long de 3 chants (dont le fameux « Paysans, paysans », multiple tenant du titre du chant le plus con du monde. On a pas de campagne ni de paysans à Genève ? (quant aux débiles d’en face qui nous traitent de frontaliers, le jour où la moitié d’entre vous ne bossera pas à Genève, on en rediscutera.)). Bref.
Nostalgique aussi d’une époque où quand on perdait un derby (chose rare), nos joueurs réagissaient. C’était bête, inutile et puérile, mais ça montrait au moins qu’ils en avait gros sur la patate. Des patates, ils en distribuaient histoire de montrer que ok, cette fois c’était perdu, mais gare à la prochaine. Hier, qu’a-t-on vu comme signe de révolte ?
Je suis aussi triste. Triste de lire des déclarations comme "les derbys, c’est un truc de supporters, pour les joueurs c’est un match comme un autre". Tout me rend triste dans cette phrase. Pour comprendre la valeur d’un derby Messieurs les joueurs, vous qui semblez aimer le foot, regardez Liverpool-Everton aujourd'hui à 13h45 et imaginez deux secondes Steven Gerrard entrer sur le terrain en se disant qu’il s’agit d’un match comme un autre (séance de rattrapage possible à 15h30 pour Schalke-Dortmund si vraiment vous n'avez pas compris). Et pis bon, même si ce n’était qu’un truc de supporters, n’oubliez pas que l’on paie une partie de vos salaires, donc si ça nous tient à cœur, ça devrait vaguement éveiller quelque chose en vous. A votre décharge, avoir des dirigeants qui se paluchent parmi depuis des années ne doit pas vous aider à entrer sur la glace avec le couteau entre les dents. Notez pourtant que ça n’a pas l’air d’empêcher Lausanne de le faire.
Triste aussi de voir les réactions suite à cette défaite. Bien sûr, on a tous des façons différentes de réagir, mais tenter de se consoler en se disant que Fribourg aussi est ridicule, je ne comprendrai jamais. Vous croyez réellement que j’en ai quelque chose à branler de Fribourg quand je sors de Malley après « ça » ?
Enfin je suis dégoûté. Par ce (non-)match de nos joueurs qui, en plus de tout ce qui précède, m’a amené à faire une chose que je m’étais toujours refusé de faire : quitter un match du GSHC avant son terme. JAMAIS en plus de 20ans cela ne m’était arrivé. Hier soir, j’ai craqué après le 5ème but. Cette défaite, c'était la goutte d'eau...
Oui je suis dégoûté. Dégoûté de voir que le match qui me tenait le plus à cœur il y a de cela 7-8 ans ne me fait plus vibrer et m’a aujourd’hui fait renier un de mes plus vieux principes. Dirigeants et joueurs, vous êtes tous coupables. Et si on ne refera jamais revenir les derbys à ce qu’ils étaient à l’époque, ayez au moins une fierté, et vengez-vous mardi ! Histoire de ne pas transformer en colère la tristesse de beaucoup de Genevois ce soir.