Le défenseur évoque son départ de Zagreb et son retour au bercail, qui fait l’unanimité dans le vestiaire
A Zagreb, on l’aimait beaucoup. C’est avec beaucoup d’émotion qu’il a pris congé mardi soir de ses coéquipiers. Ils vont le regretter. Goran Bezina a disputé son 56e et dernier match de KHL avec Medvescak (défaite 6-3 contre le Dynamo Moscou) avant d’officialiser son retour à Genève. Mercredi, il n’était pas question pour lui de se presser pour être présent lors de la finale de la Coupe de Suisse. «Ce match appartient aux joueurs qui se sont qualifiés», nous avait-il confié avec sa classe habituelle. Goran est finalement arrivé juste à temps pour suivre le 3e tiers de la finale de la Coupe du Suisse. Le temps de voir son équipe de cœur couler comme un seul homme face à Kloten. Oui, le retour de Goran Bezina va faire du bien. Sur le plan humain et sportif.
L’ancien capitaine des Aigles a tout de suite retrouvé ses marques aux Vernets, une patinoire qu’il a l’impression de n’avoir jamais quittée. Il n’a cependant pas mis un terme à son aventure croate sans un pincement au cœur. «Cela fait toujours mal de quitter une équipe, surtout avant la fin de la saison, soupire-t-il. On a tout de même vécu de beaux moments et on s’attache forcément. Maintenant, il est clair que je suis content de revenir à Genève, de retrouver le public genevois, même si je ne m’attendais pas à être de retour aussi rapidement!»
Le Valaisan, qui fêtera ses 37 ans le 21 mars, avait signé un bail de deux ans avec le club croate, qu’il espérait bien honorer jusqu’à son terme. «Mais on a annulé le contrat de cette année, explique-t-il. Pour l’instant, je débarque aux Vernets jusqu’à la fin de la saison, allons le plus loin possible et on discutera plus tard de l’avenir.» Comme au mois d’avril, à l’issue d’un championnat qu’il espère à rallonge?
Goran Bezina, votre retour suscite un engouement assez incroyable. «Le capitaine est revenu», disent les fans. Allez-vous récupérer le C sur votre maillot?
Non! Jim Slater a été nommé capitaine pour la saison. Je ne viens donc pas prendre sa place. Ni la sienne ni celle de personne. Je reviens pour le soutenir et aider l’équipe du mieux que je peux. Il ne faut pas oublier non plus que j’ai une longue saison derrière moi. J’ai également des petits bobos. Il ne faudra pas s’attendre à ce que je porte l’équipe sur le dos. Mais que ce soit dans le vestiaire ou sur la glace, vous me connaissez, je vais donner le maximum. Et essayer d’apporter quelque chose en plus.
Il n’est pas le seul, mais il y en a un qui se réjouit de votre retour: c’est Francis Paré, votre ancien coéquipier à Zagreb, qui n’arrête pas de parler de vous depuis qu’il est arrivé à Genève…
On partageait la même chambre lorsque nous étions en déplacement. On a beaucoup parlé ensemble. C’est un chic type, un sacré joueur. Incontestablement un «plus» pour Ge/Servette.
Comme vous, il s’est bien plu à Zagreb…
Je l’ai dit, je vais aussi regretter l’ambiance du vestiaire de Zagreb. Il y avait des gars formidables là-bas. On n’a pas eu une saison facile non plus, parce que le club a dû se battre avec des moyens financiers limités, mais cela m’a vraiment fait du bien d’être à Medvescak cette saison, de voir autre chose, de me relancer, me remotiver avec de belles expériences. J’ai surtout pu me prouver que je peux encore jouer au plus haut niveau.
Vous disputerez donc votre premier match samedi à Bienne?
Oui, c’est juste. Mais j’ai surtout hâte de jouer dimanche aux Vernets contre Fribourg, devant notre public. Je suis vraiment content de revenir. Et vous savez, avec le prochain retour de Kevin Romy, de Noah Rod, la présence de Paré et mon arrivée, il faudra peu à cette équipe pour qu’elle reparte de plus belle!
Chris McSorley, qui n’a rien fait pour vous retenir ce printemps, se réjouit finalement de votre retour?
On a discuté, il n’y a aucun problème entre nous. On est des adultes, il sait ce que je peux apporter…
Dans le vestiaire, c’est l’unanimité!
Unanimité. En fait, c’est comme s’il n’était jamais parti. «J’ai eu cette impression en revenant à la patinoire jeudi matin», dit-il. On n’efface pas les réflexes de douze saisons vécues aux Vernets en passant six mois à Zagreb. Goran Bezina a tout de suite repris ses bonnes vieilles habitudes.
«Je pensais qu’il aurait besoin d’un ou deux jours, mais au bout de dix minutes, il gueulait déjà dans le vestiaire!» Jimmy Omer est hilare. Le «chef mat» est surtout heureux d’avoir retrouvé Goran, l’homme. «Mais le joueur aussi, s’empresse-t-il de continuer. Il peut être ce petit «plus» qui nous manque un peu pour être à nouveau craints sur toutes les patinoires de Suisse.»
Même son de cloche chez Juraj Simek: «On est très heureux de le revoir avec nous. C’est sa deuxième maison ici. A mon avis, ce sont les autres équipes qui ne doivent pas être très contentes. Il va sans doute nous apporter cette hargne qui nous a parfois manqué cette saison. C’est sûr que quand il faudra défendre Robert Mayer, il sera là!»
D’un point de vue purement sportif, l’arrivée du No 57 offre une large palette de choix à son coach. Avec davantage de profondeur dans le secteur défensif, il n’est pas exclu que Johan Fransson soit un jour ou l’autre condamné au rôle d’étranger surnuméraire. «C’est sans doute au niveau du caractère qu’il va nous faire du bien, témoigne Floran Douay, qui n’avait jusque-là connu qu’un seul capitaine. Dans les moments importants, il nous manquait un peu, c’est vrai. L’équipe est assez jeune en réalité. Avec son expérience, il sait calmer les choses quand il le faut. Et il saura aussi nous secouer.» Autre leader absent, mais pour cause de blessure, lui, Kevin Romy surfe aussi sur la vague de l’unanimité. «Le timing est très bon, dit l’attaquant, qui sera de retour au jeu après la pause des équipes nationales. Il reste quelques matches avant les play-off. Une nouvelle saison va alors commencer et son expérience ainsi que son caractère seront deux atouts majeurs.»
Chris McSorley, lui, arborait aussi un large sourire, hier, à l’issue de l’entraînement. Le Canadien nous avait affirmé cet été que Goran Bezina serait de retour avant Noël! Il ne se sera finalement trompé que d’un mois. «L’important est que tout s’est passé comme si cela coulait de source. Ce retour sonne comme une évidence.»
A l’affiche Ge/Servette se déplace à Bienne samedi soir (19 h 45). Dimanche: venue de Fribourg-Gottéron aux Vernets. Coup d’envoi à 15 h 45.
Equipe Romy, Rod, Ehrhardt et Slater sont blessés. C’est donc Francis Paré qui sera sur la glace. «Jim Slater n’est pas encore à 100%, justifie Chris McSorley. Nous l’avons aligné en Coupe car il avait participé à toute la campagne de cette compétition. Cela dit, j’espère bientôt être confronté au difficile choix de l’étranger surnuméraire.»
Point de mire Ge/Servette (7e avec 60 points) espère boucler la saison à la 5e place. Un rang actuellement occupé par… Bienne (64 points)! Un succès à la Tissot Arena est donc capital dans cette optique. A noter que les deux équipes se retrouveront une 6e et dernière fois le 17 février, toujours à Bienne. Les Seelandais mènent 3-1 dans les confrontations directes.