28 mars 2015

Les Genevois assurent qu’ils possèdent encore du carburant et un cœur de vainqueur pour gagner encore une fois aux Vernets

 

On n’irait pas jusqu’à dire que ça sent les vacances. Ce serait plutôt le calme avant la tempête. Dans les travées des Vernets, au lendemain de la défaite concédée à Zurich, l’ambiance est décontractée. Rien à voir avec les tristes mines entrevues la veille au Hallenstadion où la porte du vestiaire genevois était restée fermée une petite dizaine de minutes.

 

Exsangues, les Aigles sont pourtant prêts. «Il y a encore de l’essence dans le réservoir, plaide Goran Bezina. Sinon, cela ne servirait à rien de grimper sur la glace. Evidement que l’on va battre Zurich.» Les vents contraires, les vagues scélérates, le bon capitaine n’a pas peur. Ainsi vont les play-off. Morts un jour. Ressuscités le lendemain. N’est-ce pas «Jésus» Chris? «Souvenons-nous de la situation il y a douze mois, sourit le Chris McSorley. Je suis persuadé que notre public va encore nous porter.»

 

Dans le passé (2010 en finale contre Berne et 2014 en demies contre Zurich) Ge/Servette a été mené deux fois 3-2 avant de jouer le 6e acte devant son public. A chaque fois, il a su profiter d’une ambiance de feu (en 2010 les Vernets tremblaient «pour de vrai», se souviennent ceux qui y étaient) pour faire durer le plaisir et prendre congé (car il perdait ensuite le match) sur une belle note. «On a besoin de ces fans qui nous poussent à chaque fois plus fort», s’exclame Daniel Rubin, qui était déjà là en 2010. Il pourrait bien en être de même cette année. Envers et contre tout, Ge/Servette peut battre Zurich et le mettre dans les cordes. Voici pourquoi.

 

Traber va tomber les gants

 

Coluche dirait de lui qu’il fait un match à l’endroit et tous les autres de Traber. Avant même le début du championnat, il a été classé comme «voyou» des patinoires en raison d’un passé nord-américain où il collectionnait davantage de bagarres répertoriées que de points. Envoyé en LNB à Martigny pendant la saison régulière, il est revenu à Genève suite à l’élimination de Red Ice. Aligné en raison de l’hécatombe qui plombe le secteur offensif genevois, il collectionne les bourdes et les charges. Mais on attend toujours qu’il pose les gants. Et si c’était pour ce soir?

 

Bezina veut prolonger la série

 

Il y a eu tant de rumeurs et de sources bien connues des rédactions qui ont lancé la bombe que le jour où elle explosera, elle fera pschitt! Malgré un contrat encore valable un an, il n’est pas impossible que Goran Bezina s’en aille à l’issue de la saison. L’intéressé affirme que rien n’est fait. Son chef, lui, jure ses grands dieux qu’il «ne sait rien de concret» et qu’il a eu vent des «mêmes rumeurs que vous». Reste que l’idée que Goran Bezina dispute ce soir son dernier match aux Vernets fera frissonner plus d’un supporter. Et si cela doit être son ultime apparition avec un chandail grenat, elle ne pourra être que victorieuse. Il le mériterait tant.

 

Le cœur bat encore très fort

 

C’est un «miracle»! Récemment, en Allemagne, les employés d’une entreprise de pompes funèbres ont sursauté lorsqu’ils ont entendu soupirer une vieille dame qu’ils venaient d’installer dans la chambre froide. Alors qu’un médecin avait constaté le décès quelques minutes plus tôt, le cœur de la personne âgée s’est remis à battre! Celui des Servettiens aussi, pour Chris McSorley, c’est certain. «Il y a suffisamment de caractère et de leaders dans le vestiaire, pour trouver parmi eux un héros improbable», s’exclame l’Ontarien. «On ne va jamais abandonner, on y croit encore et on se battra jusqu’à la dernière seconde, renchérit Daniel Rubin. Mais il s’agira de ne pas offrir aux Zurichois les mêmes cadeaux que jeudi, c’était stupide.» Et Frédéric Iglesias de rappeler que les Aigles «se créent beaucoup d’occasions» et d’assurer que: «Devant notre public, le champion n’aura aucune chance. Et à 3-3, tout sera possible!» Aux Vernets, on ne veut pas encore parler de vacances. Reste à savoir si ce Ge/Servette décimé possède encore assez de punch pour mettre Zurich dans les cordes…

 

Douay gravit un échelon

 

«Je ne sais pas si vous vous rendez compte du boulot qu’ils font sur la glace…» Frédéric Iglesias est en admiration devant Auguste Impose et Floran Douay, ces deux aiglons de 17 et 20 ans que Ge/Servette a lancé, vu l’hécatombe de blessés, dans la cage des Lions! Entraîneur des juniors élites des Grenat, Patrick Emond peut être fier de ses mômes. A commencer par le grand Floran, qui ne cesse de prendre du galon.

 

«Le gros boulot a été de lui faire comprendre que s’il désirait gravir des échelons, avec le gabarit qu’il a (192 cm/99 kg) et sa vitesse, il devait se servir de son physique et son patinage. Le jour où il a accepté de mettre de la pression sur les défenseurs et finir ses mises en échec, Flo était craint par ses adversaires. En juniors, il est de loin le joueur le plus dominant au niveau physique et on le voit aussi avec les pros, il est très imposant.»

 

Le Français, qui a disputé 22 matches cette saison (10 en play-off), a pris de l’assurance. «Aussi talentueux soit-il, un jeune est capable de jouer un bon match un soir mais un entraîneur ne souhaite pas coacher des boîtes à surprises, poursuit Patrick Emond. Il a besoin que ses hommes soient réguliers. Douay a atteint ce niveau-là où, en confiance, il possède beaucoup de temps de glace. Mais en août, on repart à zéro. Il sera toujours le même joueur mais les blessés seront de retour et là, il va devoir se battre pour gagner sa place.» A 17 ans, Auguste Impose, qui a joué sept fois en LNA cette saison, compte bien, lui aussi, franchir un cap à la reprise.

 

Paroles d'experts

 

Flavien Conne

 

 «Cette fois-ci je pense que les Zurichois tiennent définitivement leur os et vont passer l’épaule dès ce soir aux Vernets. Les Lions, sur les deux derniers matches, ont trouvé leur rythme de croisière et ça va être très, très compliqué pour Ge/Servette de l’emporter. Si les Aigles veulent disputer un acte VII, ils vont devoir marquer très tôt et laisser beaucoup moins de possession de puck aux Zurichois. Il faudra aussi que les Grenat provoquent la chance et s’ils s’imposent, ce sera au forceps. Quoiqu’il arrive, il faut féliciter Chris McSorley et ses hommes qui, malgré tous les ennuis qu’ils ont connus, ont réussi à se qualifier pour les demi-finales et ça, ce n’est pas rien.» Pronostic: Ge/Servette-Zurich 2-4

 

Olivier Keller

 

«Les Aigles vont devoir modifier leur approche de jeu s’ils entendent jouer le tout pour le tout mardi à Zurich. Jeudi soir, j’ai vu une équipe de Ge/Servette empruntée et fatiguée qui s’est beaucoup trop exposée pour laisser le champ libre aux Lions. Contre eux, si tu te découvres autant, tu es raide. Vu que les Genevois n’ont plus la profondeur de banc nécessaire pour jouer à fond une rencontre, ils vont devoir attendre le bon moment pour s’en aller crucifier Flüeler. En tant que fan du GSHC, j’attends des hommes de Chris McSorley un sursaut d’orgueil car ensuite tout sera possible lors de l’acte VII. Pour cela, il faudra que les Grenat ne tombent pas une nouvelle fois dans la gueule du loup et défendent avec hargne.» Pronostic: Ge/Servette-Zurich 2-1

 

Power-play

 

L’affiche Ge/Servette reçoit pour la dernière fois Zurich ce soir aux Vernets pour l’acte VI des demi-finales des play-off. Les Aigles sont menés 3-2 dans la série et n’ont plus d’autre choix que de l’emporter. Coup d’envoi à 20 h 45.

 

L’effectif Décimée, la troupe de Chris McSorley devra se passer de Christian Marti (épaule), Christophe Bays (hanche), Paul Ranger (convalescent), Matthew Lombardi, Taylor Pyatt, Noah Rod, Alex Picard et Chris Rivera, tous victimes d’une commotion. Aucun changement à Zurich.

 

La question Pourquoi ne pas avoir engagé, comme le règlement l’autorisait, un étranger de LNB en licence B pour pallier les défections? La réponse de Chris McSorley: «Parce qu’au moment de débuter les play-off, nous avions encore cinq joueurs valides et qu’un tel renfort coûte entre 50 000 à 60 000 francs (pour rembourser salaire, voiture et appartement à son club). Comment aurais-je pu prévoir une telle hécatombe de commotions à ce moment-là?»