Bien décidés à démontrer à leurs hôtes qu’ils sont les maîtres du mondialement connu « derby des aéroports », les Aigles vous proposent une visite dans le fameux restaurant du bout de la piste.
C’est l’histoire d’une bande d’aviateurs zurichois dont l’arrogance n’a d’égal que leur incapacité à boucler leur budget année après année. Tellement persuadés d’être les seuls à être dignes d’accueillir des voyageurs internationaux en Helvétie, une vingtaine de cravatés a débarqué hier soir à Genève pour exposer aux Welches que la compagnie nationale leur appartenait et qu’ils ne souhaitaient pas la partager.
Pas intimidés pour deux sous, les Genevois avaient organisé la tenue de cette réunion dans l’une des meilleures tables du canton, qui a l’avantage pratique non négligeable de pouvoir se débarrasser facilement des invités encombrants sans devoir leur payer le taxi.
Les deux camps à peine installés, les Grenat décident de prendre leurs adversaires à la gorge en leur démontrant qu’ici les triangles (des Bermudes) ne font pas peur. C’est rapidement 1-0 par le chef de bande Slater. L’entrée est donc servie et la discussion se calme gentiment pendant sa dégustation, mais il semble incontestable que l’attitude offensive des locaux a surpris les Zurichois au point de leur laisser la main sur ce premier plat.
Bien déterminés à ne pas se laisser clouer au sol (une expression bannie du jargon suisse alémanique depuis le 2 octobre 2001), les Aigles commandent immédiatement d’ambitieuses Super-Caravelles comme plat principal, dans le but de ne pas laisser une seule miette d’espace dans l’estomac de leurs adversaires. Le choix s’avéra décisif puisque l’un des cravatés, sans doute surpris par le goût légendaire de la sauce à l’ail de céans, laissa tomber sa fourchette sur son costume et Fransson ne se fit pas prier pour lui adresser une vanne bien sentie, et c’est ainsi que Damien Riat.
2-0 donc après une demi-caravelle, la soirée s’annonçait ainsi plutôt bien, d’autant que le fils à papa au bout de la table commençait à criser et à s’en prendre à tout ce qui bougeait. Manque de bol, sa première cible parlait tout aussi bien le zurcherdütsch que lui et lui fit rapidement comprendre que s’il n’avait jamais réussi à s’intégrer au bout du lac, ce n’était sûrement pas de la faute au cuistot. Sans doute revigoré le fait de voir arriver prochainement la deuxième tournée de sauce et de frites, ledit cravaté se permis toutefois de rappeler à tout le monde qu’il n’était pas là par hasard et profita du fait que le nouvel Américain fraichement débarqué à Genève ne maitrisait pas encore totalement l’art local de la négociation pour inscrire le 2-1.
Alors qu’on aurait pu craindre un vent de panique dans les estomacs grenat, c’est Jérémy Wick qui permettra aux locaux de reprendre deux longueurs d’avance juste après le deuxième service. C’est toujours meilleur quand c’est chaud paraît-il ! Pourtant, alors que les Aigles semblaient s’en tenir à leur (Pra)plan de match pour renverser la décision des alémaniques, un coup de théâtre se produisit. Bien que semblant totalement repus, les visiteurs proposèrent de prendre néanmoins un dessert. Les locaux commencèrent par rigoler, mais à force d’insistance, ils comprirent qu’ils n’avaient guère le choix.
Les deux camps choisirent la nouveauté du chef composée de trois verrines surprises à avaler en moins de cinq minutes. Si les Genevois les dégustaient pour la troisième fois de la saison, leur procurant ainsi une certaine expérience en la matière, les Zurichois n’y touchaient que pour la seconde fois, la première hors de leur canton. L’avantage grenat se vit à plusieurs reprises tant ils surent gérer leurs efforts intelligemment, mais deux belles percées des cravatés ne passèrent pas loin de clôturer définitivement les débats. Néanmoins, à la fin des cinq minutes, les deux équipes se retrouvaient encore à égalité. L’heure était donc à la tournée de shots !
Honneur aux experts en la matière tout de jaune vêtus pour ce premier tour. Malheureusement, Schweri manqua son affaire et Kloten prenait l’avantage pour la première fois de la soirée, pour ne plus le lâcher par la suite. C’est finalement un Zurichois dont le nom doit faire frissonner la place financière d’outre-Sarine, qui appuya définitivement sur le bouton off(Shore).
L’espoir de conserver la compagnie aérienne nationale s’éteignait donc en même temps que les genevois voyaient disparaître bêtement deux points. Espérons que ce repas au nom évocateur leur permette bientôt de faire réellement décoller leur saison !