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Tobias Park, mar 03/04/2018 - 20:22

Il est vrai que l’on était en droit d’attendre de la fondation 1890 – indirectement détenue par Rolex – d’être « Maître des Horloges ». Il est malgré tout difficile d’imaginer pour autant un timing aussi parfait : annoncer le retour, que dis-je, la résurrection de « Jésus Chris(t) » au lendemain de Pâques, c’est très fort.

 

Si la nouvelle ne manquera pas de faire grand bruit, elle s’inscrit indubitablement dans une certaine logique. Ceci à double titre.

 

Premièrement – et vous pardonnerez là mon manque de romantisme - Chris McSorley est de source solide (NZZ) encore sous contrat avec le club jusqu’en 2024 et à hauteur de 800’000CHF par année. La condition, sans doute, pour qu’il consente à céder ses parts du club à Hugh Quennec.

 

Si le chiffre paraît un peu absurde pour un Directeur Sportif – fusse-t-il le meilleur du pays – gardons en tête que c’est Hugh Quennec qui en endosse la responsabilité. Ce dernier ne se gênant pas pour « placardiser » son meilleur ennemi dans la foulée. La Fondation 1890, par contre, a clairement fait comprendre lors de la reprise du club qu’elle n’était pas là pour faire perdurer le grand n’importe quoi financier au sein de l’organisation, et qui a amené cette dernière dans la situation que l’on sait. Le récent retour de Christophe Stücki, ancien et très respecté « grand argentier » du club va d’ailleurs dans ce sens.

« Placardisé » donc au moment de la prise de contrôle complète du club par un Quennec obligé de le maintenir dans l’organigramme du club, il était clair depuis maintenant plusieurs semaines que Chris allait briser ses chaines et reprendre la main sur la gestion sportive des aigles. Parce qu’il est excellent dans son rôle de Directeur Sportif, et parce que 1890 n’est pas du genre à jeter l’argent par les fenêtres, ceci épouse une logique certaine. Alors que la position de Craig Woodcroft (qui au passage devrait se faire à choix lui aussi « placardiser » et pousser vers la sortie) était devenue intenable, le remplacer par un Chris McSorley déjà salarié du club, c’est pousser le rationalisme encore un peu plus loin. Un peu trop ?

 

A mon sens, la deuxième raison derrière ce retour, c’est la volonté de revenir aux bonnes vieilles recettes qui rassurent : McSorley à la direction sportive et derrière le banc. A n’en pas douter, beaucoup, à vrai dire la majorité, s’en féliciteront. C’est d’ailleurs peut-être aussi ce qui explique la décision du club de lui rendre « son » banc en plus de son bureau de Directeur Sportif. Joli coup de comm’ pour un club dont l’image a été terriblement écornée dans son histoire récente. Le GSHC redevient le GSHC.

 

Oui mais, ai-je envie de dire. Car un minimum d’objectivité nous impose bien malheureusement de ne pas oublier à quel point Chris semblait être arrivé en fin de cycle en tant qu’entraineur des grenat. N’oublions pas non plus à quel point son système de jeu souvent ennuyeux se retrouvait rapidement sous le feu des critiques quand les résultats ne suivaient pas.

 

Fantastique directeur sportif, excellent entraineur quand il s’agit de relancer des joueurs en perte de vitesse ou de tirer le maximum de joueurs dits « moyens », il n’a par contre à mon sens jamais su faire entrer son équipe dans une autre dimension alors que celle-ci – en bonne partie grâce à lui par ailleurs – était sur le papier de plus en plus prometteuse chaque saison ou presque.

 

Loin de moi l’idée de cracher dans la soupe, tant mon amour pour Chris est quasiment filial, mais ce retour suscite en moi une certaine perplexité malgré tout.

 

Il demeure qu’au-delà des considérations au demeurant parfaitement respectables pour les finances et l’image du club, c’est un choix sportif peu ambitieux.

 

Possible cependant que « Jésus Chris II, le retour » (les vieux vrais l’auront) nous surprenne. Après tout, l’homme a un sens exceptionnel du hockey et probablement quelques atouts cachés dans sa manche.

 

Allez, gageons qu’a la première porte de bande qui claque, à la première colère noire qui lui fera reprendre ses vrais couleurs grenat, et alors qu’il sera clair que le club vient de retrouver son ADN sportif, une partie des doutes s’envoleront. Pour un temps en tout cas.

 

Parce que l’on ne badine pas avec la religion, et que notre rapport à « Jésus Chris(t) McSorley » ne saurait s’appréhender de façon complètement rationnelle.