La simple évocation de son nom fait frissonner la grande majorité des supporters genevois. Car si des 15 dernières années, il devait ne rester qu’un nom, ce serait celui de Philippe Bozon. Même si Goran Bezina ne doit pas en être très loin.

L’histoire d’amour entre Philippe Bozon aurait néanmoins pu ne jamais débuter, et ce pour deux raisons. La première, c’est qu’il a été un joueur de Lausanne durant 23 matches de LNB en 1996/1997, et comme il a marqué 32 points durant ce laps de temps, il a bien dû, une fois ou l’autre, marquer contre nous au cours d’une saison qui nous verra finir en playout.

La deuxième raison, plus valable on vous l’accorde, c’est que Bozon n’était dans un premier temps pas très chaud à rejoindre Genève. On a souvenir d’un article dans la Tribune durant l’été 2001 où il déclarait ne pas vouloir venir « s’enterrer » en LNB. On ne pouvait alors pas lui en vouloir, lui la star française, premier tricolore à évoluer en NHL, ayant réussi dans tous ses précédents clubs et surtout, véritable idole de la Resega. Oui mais voilà, « Il Grande Lugano », dont il venait de finir deuxième meilleur compteur derrière Christian Dubé, ne voulait plus de lui. Le Jet d’eau, la Rade, l’aéroport et les dollars d’Anschutz, surtout, on fait le reste. La grosse star du recrutement XXL de l’été 2001, c’était lui.

Capitaine dès son arrivée, meilleur buteur, passeur et compteur du championnat de LNB, il s’impose tout de suite comme le fer de lance de notre attaque et la promotion en LNA lui est en grande partie due. Si le GSHC aura mis 27 ans à retrouver sa place dans l’élite, Philippe Bozon n’aura mis que quelques mois à en devenir l’une de ses plus grandes figures.

Buts marqués dans toutes les positions, y compris couché, matchs joués sous infiltration sans jamais se plaindre, comportement exemplaire malgré sa relation tendue avec Chris McSorley : telles sont les principales caractéristiques que nous retiendrons de ce joueur hors du commun. Tout comme nous retiendrons les ovations que lui rendait la Resega à chacun de ses retours dans son ancien club, preuve que joueur de cet acabit laisse des traces partout où il est passé.

A défaut d’avoir gagné un titre sous nos couleurs, Philippe pourra se consoler avec un Oscar reçu pour sa remarquable prestation dans « Les règles du jeu ». Ce film si riche en émotions a définitivement rangé Bozon parmi la légende du club, le public ayant découvert son dévouement et son attachement pour le club, en plus d’un sportif rattrapé par ses émotions lorsque son corps ne lui permettait plus d’avancer.

Après sa première retraite en fin de saison 2004/2005, Philippe est revenu prêter main forte à ses coéquipiers pour la fin de saison 2005/2006, lui permettant ainsi de quitter définitivement le monde professionnel sur une bonne note avec la fameuse victoire contre Zurich en playout. En 5 ans sous nos couleurs, Bozon aura fait trembler les filets à 83 reprises et malgré sa relation sulfureuse avec le boss, qui lui vaudra d’être annoncé partant chaque été, il tiendra le coup et restera fidèle à notre club.

On dit que les légendes ne meurent jamais : Philippe Bozon peut donc sereinement attendre l’arrivée du 25ème siècle entouré de ses arrière-arrière-arrière-[…]-arrière-petits-enfants.