Il est difficile de s’enthousiasmer sincèrement d’une défaite 2-4 contre Fribourg à domicile, si on y ajoute que le premier but est marqué par l’ex-Servettien Slater en infériorité numérique, sur un probable hors jeu que les rayés ont été incapable de voir, et que le deuxième but de Fribourg a été marqué alors que Riat venait sans doute de marquer un but, là encore invisible pour les maîtres du jeu.
Dans ce contexte, au delà de l’enthousiasme, toute forme de satisfaction pourrait vous faire passer pour un amateur de sadomasochisme particulièrement motivé. Alors je vous invite à la retenue, mais je vous suggère aussi d’apprécier les tentatives maladroites de créer cette nouvelle équipe, qui apparaît parfois furtivement, parfois plus franchement sur la glace.
Parce qu’au delà des tristes anecdotes évoquées plus haut il faut aussi retenir que les dieux du hockey, si ils existent, n’étaient pas avec nous ce soir. Les statistiques sont éloquentes, plus de shoots que les visiteurs et une défense pas ou peu mise en danger… Des sorties de zone ambitieuses, des combinaisons, du jeu.
Mais rapidement, il a semblé clair que le Golgoth en forme de camion frigorifique dénommé Barry Brust allait nous poser les pires difficultés et nous n’avons pas été déçus.
Entre des arrêts écœurants devant Romy et Jacquemet, des montants à repeindre, et des rebonds vaseux jamais exploités, sa réussite, habituellement attribuée aux compagnons de femmes infidèles, semble indiquer que sa moitié passe du bon temps pendant que nounours fait mumuse avec ses camarades.
Vous l’aurez compris, si Barry Brust est évoqué, c’est qu’il y a un problème d’efficacité, dans un système plus ambitieux que ce que nous avons connu pendant 15 ans. Le jeu est plaisant, créatif et plus exigeant, et si il butte devant… le but. C’est particulièrement vrai pour nos attaquants, puisque les deux buts du soir ont été marqués par Petschenig et Bezina, le dieu vivant des Vernets bientôt coiffé du casque jaune.
Si nous payons aussi d’innombrables imprécisions, qui ne peuvent guère se produire quand on met le puck au fond, ou quand on allume le gardien adverse depuis notre camp, on peut quand même se demander où sont les Gerbe, Tanner Richard, Romy ? Ceux qui sont supposés scorer et permettre à notre entraîneur, le placide Woodcroft, de ne pas bouillir intérieurement au point d’être rouge pivoine et de tenter des tactiques à la desesperado, dignes d’un McSorley, en sortant Descloux à 2 minutes du terme, avec 2 buts de retard… Si personne n’est dupe du fait que cette décision est proposée exclusivement pour donner un ultime émoi aux pères de famille qui s’apprètent à rejoindre leur domicile conjugal, elle témoigne aussi d’une forme de désarroi. Et c’est aussi pour cela qu’il faut serrer les dents et apporter un soutien sincère à Woodcroft, pour lui permettre de nous montrer de quel bois il est fait, et d’être aussi ambitieux qu’il le souhaite dans le jeu.
Un investissement qui pourrait s’avérer payant quand ça compte, c’est-à-dire quand les pantalons mouillés des supporters fribourgeois tout emoustillés de se voir leader sans lire le classement à l’envers auront séchés.