En prenant la route seul hier matin pour ce huitième de finale de Coupe, je me suis mis à rêver quelque peu. Entrez donc dans mon esprit !
Tirer un club ferme au deuxième tour, c’est l’occasion de découvrir un pan du hockey suisse que l’on a la chance à Genève de n’observer que de loin : l’attrait somme toute extrêmement relatif qu’ont ces équipes pour le grand public (alors qu’elles ont un intérêt certain pour les jeunes joueurs). Ainsi, comme l’an passé face aux Ticino Rockets, notre grand GSHC allait se rendre dans une patinoire déserte et sans ambiance pour y affronter ce qui n’est ni plus ni moins qu’une équipe de juniors élite améliorée.
Le faire une fois par saison nous permet de nous rappeler la chance que nous avons d’être supporters d’un club de LNA (pardon, de National League). Autant un déplacement à Olten, Langenthal, La Chaux-de-Fonds, ou mieux encore, en Ajoie, pourrait s’avérer à tout le moins normal, voire même sympathique si nous devions un jour retrouver la LNB (non, je ne m’abaisserais pas à mentionner son autre nom). Autant se rendre à Zoug et Biasca pour y affronter 18x leur club résident tiendrait plus de la punition ou du pensum que de la panacée.
Hier toutefois, il y avait un certain nombre de raisons de se réjouir. En effet, l’EVZ, bien conscient que le peuple zougois n’en avait, pour ainsi dire, rien à carrer de cette rencontre, avait décidé d’une journée portes ouvertes à la Bossard Arena. On pouvait alors espérer une affluence intéressante et, la première équipe s’étant qualifié la veille, peut-être même un semblant d’ambiance. De plus, les dirigeants locaux avaient même décidé de pousser le concept jusque sur la glace en titularisant dans les buts leur ouvreur de porte habituel, Sandro Aeschlimann, logiquement au chômage technique lors d’une telle journée. Ils ont juste oublié de lui mentionner au passage qu’il devait pour une fois bâtir un mur et non laisser entrer n’importe quel courant d’air.
C’était également l’occasion de retrouver une vieille connaissance des Vernets, puisque l’entraîneur principal du « Eissportverein Zug The Hockey Academy » (une sorte d’émission de téléréalité où personne n’est filmé mais où tout le monde essaie de se faire remarquer pour faire partie des nominés) n’est autre que Jason O’Leary, ancien co-entraîneur principal du GSHC avec Louis Matte l’an dernier (enfin, paraît-il qu’officiellement il y avait un Monsieur avec des lunettes au-dessus d’eux). D’aucuns voyaient d’ailleurs l’ancien entraîneur à succès de Langenthal devenir le prochain Chris McSorley à Genève, le français en plus. Mais les réalités financières du club ont poussé les deux parties à devoir mettre un terme anticipé, et à contre-cœur, à leur collaboration.
Dernier motif de réjouissance pour ce match, et non des moindres, c’est qu’il donnait aux Aigles une opportunité en or de repartir du Herti 2.0 (#BalanceTonNaming) avec une victoire, ce qui n’était plus arrivé depuis fin 2014 lors d’un match où ils s’étaient pourtant présentés avec une doublette de gardiens Schwendener-Huber qui avait sûrement permis aux rares téméraires ayant parié sur un succès de devenir millionnaires.
C’est donc le cœur ampli d’allégresse que je me suis rendu dans la capitale de la tourte au kirsch, persuadé que j’étais que cette journée allait permettre au GSHC de se refaire la cerise sur la route. Ce qui ne serait d’ailleurs pas une si mauvaise idée au vue de l’habitude des Aigles de perdre toute forme de pêche lorsqu’il s’agit de changer de prairie.
Seulement voilà, la Coupe de Suisse de hockey a cela de charmant qu’elle se déroule dans une atmosphère si feutrée que certaines multinationales situées dans les parages de l’enceinte zougoise feraient bien d’y envoyer quelques émissaires prendre quelques notes. Il restait de toute façon largement assez de places en tribune de presse pour qu’ils puissent s’y installer et travailler à leur guise. Et comme le juteux contrat passé avec la Ligue par un grand groupe médiatique lui permet d’empêcher toute diffusion d’images de ce match même lorsqu’il a décidé de ne pas s’en préoccuper, lesdits émissaires ne risquaient donc pas de se faire repérer par une caméra indiscrète. Même au niveau des photographes, il n’y avait guère que ceux du EVZ et notre artiste maison qui avaient osé s’aventurer en bord de glace. Même à l’ONU, on ne fait pas de rencontres aussi discrètes !
C’est ainsi qu’hormis un journaliste de Sport-Center (Tamedia), il n’y avait aucun autre représentant de la presse romande dans les parages. Vous ne lirez donc pas grand chose sur ce match, mais ne vous en faites pas, vous n’avez strictement rien manqué. Genève était sur courant alternatif, appliqué par moment, très déconcentré à d’autres. Cela n’a pas empêché les Servettiens de dominer la rencontre de la tête et des épaules, même si le score a mis longtemps à refléter cette supériorité. Et quand on voit la purge qu’a pu représenter cette partie à certains moments, on ne peut qu’avoir une pensée émue pour les supporters ajoulots et chaux-de-fonniers qui doivent subir ce genre d’horreurs tout au long de la saison et pas uniquement à une période durant laquelle il est normal de croiser une bande de gamins habillés en fantômes bleus et blanc…