C’est désormais une tradition sur 1905, l’arrivée d’une nouvelle saison implique de se poser quelques questions. Là où Le Matin n’en propose que trois, nous vous en offrons dix pour le même prix. On est comme ça à 1905, toujours généreux dans l’effort !
1. Quel Chris McSorley verra-t-on à la bande ?
Réputé pour ses coups de sang et ses tirades à l’encontre des arbitres et de quiconque n’agirait pas comme il le souhaite, Chris semblait s’être passablement assagi avec le temps. Beaucoup plus discret lors de sa dernière année sur le banc, une muselière canadienne lui ayant été imposée, il était carrément devenu fantomatique l’an passé lorsqu’il arpentait les tribunes de LNA sans pouvoir aucun, son chaperon lui collant systématiquement aux basques. Libéré de ces contraintes, on pourrait imaginer que le McSorley des grandes années réapparaitrait au grand jour. Néanmoins, on a aussi entendu que la direction des Aigles souhaitait cadrer un petit peu « la bête », ce d’autant plus que cette dernière n’est plus propriétaire de son château. Si l’on s’en tient en tout cas aux deux derniers matchs disputés par les Grenat (à Worb et Viège), nul doute que « Jesus-Chris » n’hésitera pas à user de ses cordes vocales et de son vocabulaire fleuri tout au long de la saison !
2. Qui sera le gardien numéro 1 ?
Robert Mayer ayant réalisé une saison plus que moyenne (90.9% d’arrêts en saison régulière, 89.4% en Playoffs), il est normal de s’interroger sur sa capacité à retrouver son meilleur niveau après avoir été freiné par des blessures. S’il est bien évidemment compliqué d’utiliser les statistiques d’une saison où l’extra-sportif a joué un rôle prépondérant, il n’en demeure pas moins que la fragilité du numéro 29 Grenat dans certaines situations-clés fait débat au bout du Lac depuis longtemps. La différence majeure aujourd’hui, c’est qu’il ne sera plus secondé par un intermittent passant plus de temps auprès du personnel médical que de ses entraîneurs (au détriment d’un niveau de jeu pourtant largement au niveau des attentes placées en lui), mais par un Gauthier Descloux qui recevra enfin sa chance au plus haut niveau.
Prometteur depuis de nombreuses années, il a trop souvent été promené entre différentes équipes pour avoir véritablement l’occasion de démontrer toute l’étendue de son talent. Il débute la saison à Genève comme numéro deux (une première), mais le club a d’ores et déjà annoncé qu’il ne se contentera pas d’ouvrir la porte à ses coéquipiers. Est-ce que cela lui suffira pour bousculer la hiérarchie et briguer le poste de titulaire? La lutte interne sera en tout cas très intéressante à suivre.
3. Qui va marquer des buts ?
Sans trop revenir sur la campagne de transferts surprenante que nous a concocté la nouvelle direction du GSHC (mes collègues s’en sont très bien chargés dans leurs papiers précédents), il est tout de même impossible de ne pas se poser cette question. Bouma et Wingels ne sont pas réputés pour être des buteurs patentés, tandis que Loeffel, Spaling, Da Costa et Riat sont partis. Richard sait certes marquer, mais il est encore meilleur lorsqu’il s’agit de faire marquer ses partenaires. Quant aux nouveaux joueurs, ce n’est pas leur faire injure que d’affirmer qu’ils n’ont pas forcément été engagés pour cela en priorité. Dès lors, cette configuration va obliger les « anciens » à augmenter leur production offensive.
On peut dès lors supposer qu’un Cody Almond (s’il parvient à ne pas se blesser) ou qu’un Noah Rod (pour autant qu’il ne soit pas touché par le syndrome des porteurs du « C » ces dernières saisons) devront prendre l’abonnement à la feuille de statistiques. Pareil pour Jérémy Wick, qui sort de sa meilleure saison comptable, mais qui n’aura pas vraiment le choix de tenir ce niveau. Pour le reste, Simek et Romy devront réussir une saison sans leur habituelle disparition tandis que des Kast, Bozon, Douay et Rubin se devront d’être en réussite. Les défenseurs (Tömmernes et Fransson en tête) devront également se joindre impérativement à la fête, sous peine de porter préjudice à toute l’équipe.
Bref, il faudra quand même un certain alignement de planètes pour que l’offensive du GSHC brille cette saison, mais il y a tout de même aussi de la qualité qui ne demande qu’à être exploitée !
4. Quand sera-t-on débarrassés de Craig Woodcroft ?
Commençons par une bonne nouvelle : Craig Woodcroft n’est plus sur le banc du GSHC. Cela peut paraître bête de le mentionner alors que j’ai parlé du retour de McSorley à la bande un peu plus haut, mais j’avoue ressentir un plaisir certain à l’écrire. S’il n’avait pas que des mauvaises idées au niveau purement sportif, sa manière d’être n’aura convaincu personne dans la République.
Ses talents en matière de communication et son don pour la gestion d’un groupe resteront à n’en pas douter gravés dans l’Histoire du Genève-Servette. Rappelons que l’on parle tout de même d’un mec qui a aligné Loeffel comme ailier en Playoffs, qui a cherché à se débarrasser de Vuko alors que le box-play prenait l’eau de toute part et qui a décidé de cantonner Traber au rôle d’ouvreur de porte (oh wait). Une figure qui aura donc marqué les Vernets de son empreinte, mais dont le buste va plutôt orner un obscur placard à balais du sous-sol que trôner dans le hall principal. Et cela tombe bien, me direz-vous, car le balai risque d’être son outil de travail privilégié cette saison. Lui qui a tant voulu faire le grand nettoyage l’an dernier se retrouve à son tour mis au rebut, condamné à récupérer les miettes que son employeur aura la décence de lui donner à ramasser, le tout pour un salaire dont vous n’oseriez même pas rêver.
Soyons toutefois optimistes : un entraîneur doit entraîner pour exister, qui plus est lorsque son CV n’est pas particulièrement fourni. Et comme c’est exactement la situation de Craig Woodcroft actuellement, on peut espérer qu’il retrouve de l’embauche quelque part en cours de saison, libérant ainsi notre club d’un poids qui n’est pas passé loin de le faire couler. Et au pire, son contrat se termine en fin de saison…
5. L’inventeur du gobelet à remplissage par le fond va-t-il être pendu haut et court ?
Depuis quelques mois, le service de la bière aux Vernets se fait par un processus novateur : le remplissage par le fond du verre. Non content de massacrer un breuvage déjà peu réputé à l’origine (on ne présente plus la fameuse « Bière des Vernets © »), il a de plus le mérite de freiner la consommation d’alcool des êtres humains au profit de leurs habits. Et comme ce système n’est pas non plus économe en terme de temps, tandis que l’on omettra le prix assurément plus élevé de ces gobelets par rapport à leur version basique, il ne reste plus qu’à espérer que ces machines du diable soient reléguées aux oubliettes dès que possible. Et si vous cherchez qu’en faire, allez donc faire un tour à la cave, il y a un Monsieur avec des lunettes qui commence à avoir un peu soif.
6. Est-ce que les jeunes auront effectivement du temps de jeu en LNA?
Ils s’appellent Neil Kyparissis, Guillaume Maillard, Enzo Guébey ou encore Arnaud Riat. Leurs noms sont déjà apparus à plusieurs reprises sur des feuilles de match et ceux qui suivent le GSHC de près savent depuis longtemps que ces joueurs représentent l’avenir du hockey genevois. Néanmoins, ils n’ont pour la plupart jamais eu véritablement leur chance en LNA, la faute notamment au contexte difficile dans lequel le club a évolué ces deux dernières saisons.
Aujourd’hui, la situation a radicalement changé avec l’arrivée de la Fondation 1890. La direction du club a d’ailleurs rétabli un certain Chris McSorley au poste d’entraîneur principal, lui qui est justement réputé pour faire éclore des jeunes pousses. Et comme ces dernières ont été couronnées l’an passé d’un superbe titre de Champion de Suisse en Juniors-Elite, on peut supposer sans trop s’avancer qu’elles ne doivent pas être trop mauvaises lorsqu’on leur glisse une canne dans les mains.
Tous les ingrédients semblent donc réunis pour qu’un magnifique bouquet vienne décorer le vestiaire Grenat. Pourtant, on le sait, le seul moyen de faire perdurer celui-ci, c’est l’arrosage régulier de temps de jeu. Là aussi, les dirigeants ont prévu le coup en installant des Sierres en Valais pour que ces petites graines puissent se développer dans les meilleures conditions. Date de la récolte ? Probablement aux environs de la première bise noire automnale qui ne manquera pas de souffler quelques branches un peu fragiles en direction de l’infirmerie.
7. Pourra-t-on enfin dire adieu au Trèfle-Blanc ?
Si l’an passé, j’avais choisi la forme rhétorique en parlant de la pose de la première pierre, cette année c’est plutôt le cynisme qui me parait le plus pertinent. En effet, bien que j’espère voir un jour une nouvelle patinoire à Genève, j’ai compris depuis longtemps que j’aurai atteint l’âge de la retraite le jour de son inauguration. Pour vous donner un ordre d’idées, cela donne un match d’ouverture aux environs de septembre 2058. Save the date, comme dirait l’autre. Et comme d’ici-là, j’aurai assurément quelques soucis à me déplacer convenablement et que j’ambitionne de rester étudiant toute ma vie, cela m’arrangerait que cette nouvelle arène soit construite non loin de l’ancienne, tout proche d’Uni Mail. Tant qu’à faire, cela permettrait également de rester proche des racines historiques du club et centré géographiquement sur la carte du canton, mais tout ceci n’est bien évidemment qu’accessoire.
Quel rapport avec la saison 2018-2019, me direz-vous ? Et bien il s’avère que le projet actuel du Trèfle-Blanc semble être à nouveau au point mort. Il l’a d’ailleurs si souvent été que j’en finirais presque par croire que le garagiste qui nous a vendu cette magnifique transmission intégrale s’est un tout petit peu moqué de nous et qu’il ne s’agissait en fait que d’une boîte sans vitesse. Tout ça pour dire qu’il serait temps d’agiter le drapeau (Trèfle-)blanc sur ce projet et de le ranger dans un tiroir aux archives. Tant qu’à faire, cela fera de la lecture à notre archiviste canadien.
8. Qui remplacera Traber sur le banc des pénalités ?
Genève, son Jet d’eau, son Horloge fleurie, sa cathédrale et… ses poètes. Depuis le début du 21e siècle, la ville du bout du Lac est connue dans tout le pays pour ses artistes sur glace mouvant leurs corps dans une douce symphonie pour plexiglas. Qu’ils se nomment Sarrault, Grosek, Picard ou Almond, ces esthètes ont tous entonné une fois ou l’autre l’hymne Grenat. Malheureusement, leur maestro s’en est allé, cédant aux chants des sirènes de Malley. C’est donc officiel, après la « porte Federico Tamo », les Vernets vont inaugurer cette année le « banc Tim Traber », en l’honneur du seul joueur qui possédait un abonnement dans le secteur Platine.
Peu d’inquiétudes toutefois à avoir puisqu’il reste encore passablement de mélomanes de renom au sein de l’effectif genevois. Almond, Richard et Rod sont toujours là, tandis que l’on peut attendre de Bouma qu’il endosse le rôle de fer de Lance dévolu à « TT ». Bref, en un mot comme en mille (neuf cents cinq), il reste encore suffisamment d’artistes pour que le GSHC continue de nous faire rêver et puisse au moins jouer la première place d’un classement, aussi annexe soit-il.
9. Chris McSorley sera-t-il toujours sur le banc à la fin de la saison ?
Cette question peut paraître incongrue alors qu’il a récemment confirmé être sous contrat jusqu’en 2023 avec le GSHC. Pourtant, son Président a mis les choses au clair dès le début puisqu’il n’a pas hésité à affirmer que Chris est maintenant un coach comme un autre et qu’il est donc soumis à la pression des résultats. Son comportement sera sans aucun doute également scruté à la loupe et on peut raisonnablement imaginer qu’à la première incartade, il sera rappelé à l’ordre par sa direction, un point avec lequel il avait perdu l’habitude de composer, lui qui a été son propre patron pendant tant d’années. Enfin, il semblerait que l’apprentissage et l’usage de la langue de Molière fasse également partie des prérequis pour qu’il puisse aller sereinement jusqu’au terme de son mandat. Dès lors, avec tant de contraintes, parviendra-t-il à s’adapter pour s’installer à nouveau dans la durée ? C’est, à mon humble avis, bien possible.
10. Le GSHC sera-t-il Champion de Suisse ?
Soyons honnêtes, cela paraît très improbable. Avec un budget moindre que ces dernières années, un effectif affaibli et une concurrence de plus en plus féroce des autres équipes, le GSHC pourrait déjà se satisfaire d’une qualification pour les Playoffs, un résultat qui serait similaire à l’an dernier. La direction a toutefois donné comme objectif un top-6 et une demi-finale, ce qui serait effectivement le signe d’une belle saison, bien que l’on puisse douter de la pertinence de donner un but en Playoffs où seule la douzième victoire compte vraiment.
Pourtant, inlassablement depuis la remontée en LNA, j’ai envie d’y croire. Au final, l’important c’est avant tout d’être dans les huit premiers début mars. Rappelons-nous d’ailleurs que lors de la première finale, l’effectif du GSHC (2e de la saison régulière) comportait des noms qui ne faisaient pas particulièrement rêver le public. Alors si les Mona, Breitbach (coucou Goran McKim), les frères Bonnet, Augsburger ou Cadieux, ont pu passer à deux matchs du titre, un an après le purgatoire des Playouts, je me dis que des Bozon, Fritsche, Rubin, Antonietti ou Berthon n’ont rien à leur envier et qu’ils peuvent tout autant être capables d’un exploit retentissant.
Et il faut bien avouer que de voir Rod et Bezina soulever ensemble le trophée en fin de saison, ça serait quand même un pied géant après tout ce que l’on a pu vivre ces derniers mois…