Les Aigles l’emportent 2-1 à Kloten sans pour autant rassurer leurs supporters. Une impression étrange demeure, comme si plusieurs éléments dans le club étaient simultanément dans deux états opposés. Démonstration.

Le GSHC restait avant ce match sur une série de cinq défaites consécutives, dont trois sans marquer le moindre but. Pire, les Genevois n’avaient plus gagné dans le temps réglementaire depuis un mois et la victoire 2-1 contre Berne aux Vernets le 15 septembre (si l’on excepte bien sûr la victoire en Coupe contre un adversaire évoluant deux divisions plus bas). De quoi s’inspirer le plus grand optimisme au moment de prendre la route pour Kloten, une patinoire qui fut pendant très longtemps la « bête noire » du club. La mascarade de ces dernières semaines est telle qu’on en arrive à souhaiter à la fois une victoire pour relancer l’équipe et une défaite pour forcer les dirigeants à agir. Aussi contradictoire qu’illogique.

Arrivée au Schluefweg (non, cette patinoire n’a pas d’autre nom, je ne vois absolument pas de quoi vous voulez parler) et une nouvelle tuile : Cody Almond, capitaine intérimaire et Top-Scorer à ses heures perdues, est annoncé blessé. En regardant la liste déjà bien fournie à laquelle il vient s’ajouter, on constate que l’équipe est à la fois là et pas là. Gerbe, Spaling, Romy, Almond, Rod et Douay (notamment) : ce devrait être les deux premières lignes d’attaque d’une équipe de LNA, c’est en réalité les nouveaux renforts de l’équipe de hockey corpo de l’Hôpital de la Tour (enfin sauf Gerbe qui a préféré se reconvertir dans la natation à Annecy).

Vient ensuite le temps de débuter la retransmission sur Titulaire.ch et Radio Lac et c’est à notre tour d’être à la fois à l’antenne et hors-antenne. Tout d’abord sur la version FM où tout semble fonctionner pour nous alors que personne ne nous entend. Puis sur le web, où le logiciel nous annonce qu’il est connecté alors qu’il ne l’est pas. Heureusement, ces problèmes seront résolus avant le coup d’envoi.

C’est à ce moment-là que l’on apprend que Hugh Quennec vient d’intervenir en direct dans le 19h30 de la RTS. Passé la surprise de cette information, on s’interroge : aux dernières nouvelles, il n’avait plus vraiment de rôle au sein du club. Là, il essaie de donner le change avec ce qu’il sait faire de mieux : manier la langue de bois. Mais pour une fois, lui aussi semble aux abois. On devine néanmoins qu’il est à la fois lui-même l’homme fort du club et le porte-parole de l’unique homme fort du club. Si vous n’y comprenez rien, ne vous en faites pas, vous n’êtes pas les seuls.

Sur la glace, le début de match est totalement à l’avantage de Kloten. Nos regards se tournent alors vers le banc genevois. À cet instant, le très charismatique Woodcroft est à la fois viré et conforté dans sa position. Car si Quennec a bien réitéré sa confiance au coach des Grenat, nul doute qu’une ouverture du score des Aviateurs leur permettrait probablement de s’imposer si l’on se base sur les dernières performances des Aigles, ce qui forcerait les dirigeants à trancher dans le vif au moment où la lanterne rouge leur serait décernée. Et vu que l’on parle du coach, c’est aussi l’occasion de parler de son style. À la fois preneur de décisions et simple spectateur, son comportement est incompréhensible. Il semble garder avec ses joueurs une distance aussi grande qu’un aller-retour à Davos. Mais en même temps, il insiste pour dire que ceux-ci n’appliquent pas correctement son système. D’une logique implacable.

Ah oui, en passant, Juraj Šimek a profité de ces réflexions pour marquer le 0-1 en déviant habilement un bon tir d’un Tömmernes qui porte ce soir le « C » pour son 14^e match seulement avec le GSHC. Bezina et Vuko sont pourtant bien sur la glace, mais dans cette équipe, ils semblent à la fois icônes (cf. la vidéo d’encouragement publiée par le club avant le match de jeudi) et fardeau pour la nouvelle direction. Le même raisonnement pourrait d’ailleurs s’appliquer également à Chris McSorley dont l’apparition au micro de la RTS ressemblait plus à celle d’un otage sur le point d’être décapité qu’à un message d’espoir ou de confiance.

La liste de ces paradoxes pourrait encore s’allonger comme un trajet pour Kloten lorsque les bouchons débutent à Berne, mais entre temps Tömmernes a profité de la fin de sa deuxième pénalité de la soirée pour aller battre Boltshauser et placer « ses » hommes sur le chemin d’un premier succès à l’extérieur de la saison. À ce moment-là, on est à la fois optimistes et réalistes (oui, je sais, ces deux-là ne sont pas tout à fait incompatibles) : ce Kloten-là est tellement faible que Genève devrait réussir à s’imposer en menant 0-2 à la mi-match. Mais comme les Servettiens nous ont habitués à « planter » complètement leur dernier tiers, on retient notre souffle au cas où. Finalement, on n’a doublement pas eu tort : le GSHC a effectivement commencé à faire du gros n’importe quoi sur le troisième tiers, mais les Zurichois étaient trop limités pour n’en profiter plus qu’une seule fois (Schlagenhauf à la 50^e).

Victoire donc, mais ce déplacement nous aura à la fois réjoui et inquiété : oui, il reste encore une once de motivation à jouer en équipe au sein du GSHC, mais ne gagner que 1-2 chez le dernier (qui pourrait d’ailleurs revenir à égalité de points s’il venait à remporter ses deux matchs de retard) alors que l’on affronte Davos et Berne la semaine prochaine, ce n’est pas la perspective la plus enthousiasmante qui soit !

PS : N’oubliez pas que vous pourrez encore vous procurer les Plumes Elastiques mardi prochain aux Vernets (à prix libre), 1905 tiendra un stand sous la Tribune principale côté Nord. Et si vous êtes côté VIP, n’hésitez pas à nous contacter, on s’arrangera pour vous en faire parvenir également !