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Brett Regali, jeu 26/09/2019 - 14:27

En ce mois de septembre, le supporter grenat a toutes les raisons du monde d’être ravi. Cinq victoires en six matchs, le sommet du classement et un jeu agréable à regarder, c’est le bonheur ! Mais parce qu’on sait par expérience qu’une saison de 50 matchs est longue et que la réalité de septembre est rarement celle de février, on se pose tous la question de la durabilité des résultats actuels. Car si notre jeune équipe nous a fait rêver en gâchant la fête à Lausanne mardi soir, la question fondamentale est de savoir où elle se trouvera à Noël avant d’aborder la dernière ligne droite.

 

On ne va pas aujourd’hui entrer dans les détails du jeu prôné par notre nouveau coach, nous aurons probablement l’occasion d’y revenir plus tard dans la saison de manière plus fouillée. On peut néanmoins déjà noter une réelle volonté de rester en contrôle du puck que ça soit en sortie de zone et en entrée de zone offensive. Les analyses avancées ayant montré qu’une entrée en zone en contrôle débouche sur un tir au moins deux fois plus souvent que lorsque l’on balance un puck à suivre, on ne peut que se réjouir de ce choix.

Ces analyse avancées se basent sur des chiffres, et nous allons donc parler des quelques chiffres que nous avons à disposition après 6 matchs.

 

Commençons par les gardiens: 

Descloux (2 matchs) 97,18% d’arrêts

Mayer (4 matchs) 92,91%

Des performances exceptionnelles de nos gardiens pour l’instant qui compilent un moyenne sur 6 matchs de 94,47% d’arrêts. C’est tout simplement stratosphérique ! 

À titre de comparaison, sur les 50 matchs de la saison régulière 2018-2019, Berne tenait la première place avec 93,34% et Zoug suivait avec 92,74%. Pendant ce temps, notre même duo tournait à 90,23%. Pas besoin d’être un devin ni un oiseau de mauvaise augure pour savoir qu’on ne pourra pas tenir ce rythme toute la saison. Reste à savoir si ce taux descendra de 2% (ce qui serait excellent) ou s’il s’approchera de celui de la saison passée (ce qui serait vraiment médiocre).

 

Pour ce qui est de l’offensive, les chiffres sont plus raisonnables avec un taux de réussite aux tirs de 9,76%. C’est élevé, mais pas abracadabrant. Les meilleures équipes la saison passées tournaient légèrement au-dessus des 10% (Lugano 10,21%, Zoug 10,12%) alors que notre équipe affichait 8,1%. Le jeu plus offensif et construit de notre nouveau coach devrait nous permettre de faire mieux à ce chapitre que la saison passée mais dépasser les 9% parait illusoire pour un effectif moins étoffé que les grosses écuries.

 

C’est là qu’intervient une stat appelée PDO qui consiste à additionner pour une équipe le pourcentage d’arrêts de ses gardiens et le pourcentage de réussite aux tirs. Sachant que tous les tirs sont soit arrêtés soit des buts, le total pour l’ensemble des équipes de la ligue est de 100%. On sait aussi que dans une ligue de haut niveau et homogène (c’est le cas en Suisse) les différences de performance aux tirs et des gardiens sont relativement faibles. Les bonnes équipes auront donc un PDO légèrement supérieur à 100%, et les moins bonnes légèrement inférieur. Des chiffres trop éloignés de ce fameux 100% indiquent qu’une équipe est soit en pleine bourre, soit en manque de réussite.

 

La saison passée, Zoug trônait en tête avec un PDO à 102,86% alors qu’un Rapperswil complètement décroché au classement affichait 97,61%. On peut grosso modo affirmer que tout ce qui sort de la fourchette 97,5%-102,5% sont des performances « anormales ». Cette anormalité est soit due à une performance exceptionnelle (généralement un gardien) soit grâce à une bonne dose de réussite. Si on peut plus ou moins exclure la réussite comme étant un facteur décisif sur 50 matchs, sur une période plus courte c’est un paramètre réel.

Avec un PDO après 6 matchs de 104,23% (de loin le plus élevé de la ligue), on se rend bien compte que notre équipe est actuellement en pleine réussite et qu’il faudra forcément améliorer certains aspect du jeu pour continuer à faire des résultats.

 

L’engagement d’un 5e étranger (6e en comptant Čajka) en la personne de Jens Olsson est probablement basée en partie sur ce constat. Car si les chiffres semblent montrer pour l’instant que notre défense n’est pas à la rue, elle pourra difficilement supporter un retour à la normale de nos gardiens ET l’absence de son meilleur élément. Le profil très défensif de notre nouvelle recrue montre qu’il y a une volonté de ne pas prendre de risque au niveau de l’assise défensive.

 

Vous l’aurez compris, l’équipe marche un peu sur l’eau en ce début de saison et ça ne pourra malheureusement pas durer. Mais soyons honnêtes, foutre en l’air la soirée de mardi passé à Lausanne ça vaut bien une ou deux branlées à Zoug ou Berne, non ?