La venue des Dragons et de leur horde de supporters, clairsemée ce soir, reste un évènement. Un évènement pour eux tout d'abord, leur permettant d’échapper à l’ambiance, que l’on imagine volontiers sinistre, dans leurs contrées reculées, et un événement pour les supporters genevois, dont le répertoire est fourni quand il s’agit de chanter les louanges de nos visiteurs du soir.
Cet événement apporte une première satisfaction à la lecture des forces en présence, puisque si les blessés sont une constante chez les Aigles, les reptiles eux aussi sont contraints de composer avec quelques absents de marque, dont Bykov, victime du délicat seelandais Maurer.
Rassurez-vous cependant, Averel et sa grande silhouette dégingandée sont bien là comme un phare dans la brume, incitant les marins à la méfiance.
Comme à l'accoutumée depuis de long mois, la rencontre démarre au ralenti, les patins sont en plomb, la glace est trop froide, ou trop molle, on ne sait plus, mais la sensation de torpeur est saisissante et un signe ne trompe pas : c'est le nombre de spectateurs, ayant payé leur place, s'étant déplacé au Vernets alors que la météo incite plutôt au cocooning. Ces spectateurs donc, en grand nombre, font tout autre chose que de suivre les perfs de nos favoris.
Ils consultent leur natel, bavardent avec leurs voisins de travées ou se débattent avec un hot-dog, qui devrait d'ailleurs être rebaptisés tiède-dog tant la qualité en est médiocre.
Ainsi, peu nombreux sont les spectateurs qui ont pu apprécier à sa juste valeur la performance minable des Aigles. Ce n'est pas une surprise, mais la récurrence des contre-performances laisse tout de même pantois.
En effet, au même titre que l'on ne peut pas espérer que les matchs d'anthologie se succèdent, les non-matchs eux aussi devraient être limités naturellement, par une combinaison d'éléments tels que l'orgueil des joueurs, la déconfiture et l'abattement de nos adversaires, la chance aussi.
Mais pour le GSHC 16-17, la stratégie est claire, si l'adversaire est très fort…on fait l'effort pour rivaliser, tout en restant un peu en deçà pour s'assurer de perdre des points. Et quand l'adversaire est mauvais, les Aigles sont désastreux jusqu'au gag. Le symbole de cette affliction, c'est Jacquemet… Dire qu'il n'est pas à l'aise est un doux euphémisme… Il tombe tout seul, se fait contrer 20 fois, perd son gant et multiplie les passes dans les patins et dans le dos. Avec parfois le grand chelem, c’est-à-dire une passe dans le dos et dans les patins qui aboutit sur la palette d'un adversaire alors qu'il est lui-même à terre…
Mais en accablant les Grenat, nous en venons à en oublier le match et ses faits saillants comme se plaisent à dire les impayables commentateurs de la RTS. Ainsi, notons une anomalie qui devient une constante depuis quelques rencontres : le GSHC est plus dangereux en box play qu’en supériorité numérique. C’est donc la première pénalité contre les locaux qui offre à Impose et Gerbe une situation de contre, que Gerbe décide finalement de gâcher tout seul, alors qu’un redoublement de passe sur Impose s’imposait, permettant à ce dernier de tester la solidité du plastron de Conz.
Une poignée de minutes plus tard, à la 12e, Abplanalp score curieusement depuis la bleue. Quelques minutes fertiles puisque Gerbe, que l’on pensait inscrire en short track aux prochains JO, nous montre qu’il sait utiliser son bâton en scorant sur une passe lumineuse de Spaling, suite à un break away, un contre quoi… La fin du 1er tiers approche et c’est un nouveau but de notre lutin, en power play, suite à un bon shoot de Loeffel. Cette conjonction d’évènements improbables laisse penser qu’il pourrait neiger… et en effet, c’est à ce moment précis que la Rome protestante a commencé à se parer de blanc.
Le deuxième tiers débute à peine (25e), et nous voilà dans une situation que nous affectionnons : la double infériorité numérique. Situation qui tournerait sans doute au drame contre tous les autres pensionnaires de LNA. Mais Gottéron n’est pas dernier pour rien et Fort Alamo va tenir, grâce aussi à Mayer, il faut le noter. Et c’est peut-être le tournant du match… D’autant que dans la foulée, c’est une nouvelle supériorité numérique qui amène le 3-1, un but de Šimek, sur un rebond accordé par ce pauvre Conz sur un nouveau shoot de Loeffel. Tous les experts vous le confirmeront, il est difficile de traiter plusieurs addictions simultanément et les Genevois vont le démontrer en encaissant le 3-2 par Rivera à la mi-match alors qu’un Fribourgeois se reposait au frigo.
S’agissant de la mi-match, les supporters de Aigles auront donc passé pas loin de 30 minutes en apnée, à regarder l’horloge égrener ses secondes au ralenti, pour que Spaling mettent fin à nos souffrances à 5 secondes de la fin…
Pour conclure ce combat de nains, dont seuls les points méritent d’être retenus, nous devons mentionner l’altercation virile entre Rivera et Rubin alors que le match était terminé… ce qui laisse à penser que le lactose gruyèrien a des effets secondaires inattendus sur ce cher Chris.
Mais si les points sont là, il n’y a rien à espérer à court, moyen et long terme avec des prestations de ce calibre. aussi, pour tenter quelque chose, je propose que les cheerleaders jouent le match et que les peintres tentent une chorégraphie à chaque interruption du chrono, compte tenu des capacités de synchronisation des protagonistes. Je mets une petite pièce en pariant que les plus ridicules seraient les balaises édentés.
En attendant la mise en œuvre de cette stratégie innovante, rendez-vous ce soir déjà, à Ambrì, avec en cas d’échec, un large éventail d'excuses toutes prêtes, le trajet, la température de la Valascia, les arbitres, les phases de la lune… Liste à compléter, il va de soi.