C'est un phénomène qui a été maintes fois démontré en NHL, au point que la plupart des coachs là-bas ont fini par en tirer les leçons : quand un gardien joue deux jours consécutifs, ses performances se dégradent significativement lors du second match.
Sur ce week-end, bien sûr, Genève-Servette n’avait pas le choix en raison de la blessure de Christophe Bays. On peut d’ailleurs se demander s’il était bien malin de faire enchaîner les matches à un gardien connu avant tout pour sa fragilité physique. En Suisse, l’écart de niveau est plus grand que dans la grande ligue nord-américaine, ce qui permet généralement à des Genoni ou Mayer de rester tout de même supérieurs à leur remplaçant. Mais lorsque l'on possède deux gardiens de niveau plus ou moins équivalent, et particulièrement quand ils sont dans la moyenne de la ligue, il est probablement plus sage d’alterner un peu plus les titularisations.
Toujours est-il qu’après avoir multiplié les parades la veille, Gauthier Descloux s’est retrouvé victime de l’effet “deuxième match”. Ses parades ont ainsi paru de moins en moins orthodoxes au fil des minutes. Jusqu'à se trouer à 21 secondes de la fin pour offrir la victoire aux Biennois.
Cela étant dit, il serait exagéré d’imputer la responsabilité de la défaite au seul gardien genevois. D’abord parce qu'il a malgré tout tenu la baraque pendant deux tiers. Et aussi parce que son homologue biennois a aussi encaissé son rouleau pour lancer la partie des visiteurs.
Mais surtout, il fut beaucoup trop souvent abandonné par le reste de l'équipe. Le début de match fut ainsi un long box play sous l’effet conjugué des crosses baladeuses des défenseurs genevois et de la traditionnelle intransigeance inaugurale des arbitres, qui pourront ainsi ranger leur sifflet la conscience tranquille à l’approche des playoffs. Après une bonne deuxième période, le n’importe quoi défensif repartait de plus belle. Comme lorsque Jacob Micflickier était le seul à suivre le puck pour égaliser ou quand Arnaud Jacquemet se révélait pour une fois très convaincant dans l’imitation du cône de chantier essayant courageusement d’arrêter Jason Fuchs par la seule force de ses bandes réfléchissantes.
Posséder une pléthore de défenseurs portés sur l’offensive permet des relances beaucoup plus alléchantes et une plus grande pression quand le jeu est posé dans le tiers adverse. Dans ce domaine, la différence avec les saisons précédentes est déjà flagrante après quelques matches. Mais il y a malheureusement toujours un prix à payer. En l’occurrence, les amoureux des grands espaces se renseignent déjà pour réserver leurs prochaines vacances dans la zone défensive genevoise.
Avec le retour aux affaires de Daniel Vukovic, Craig Woodcroft possède un atout supplémentaire pour trouver un meilleur équilibre. L’impression qui se dégage de ces deux premières semaines de championnat est une équipe qui se cherche encore. La saison est encore extrêmement longue, mais il serait bon de ne pas se laisser tout de suite détacher non plus.