Retour sur le premier match amical de la saison
Samedi 6 août, une date que les affamés de hockey que nous sommes avions entouré depuis longtemps dans notre agenda. Le premier match (amical) de la saison après 131 jours de disette... Enfin ! Mais en fait, pourquoi aller s’enfermer dans une patinoire à cette période de l’année ? C’est vrai quoi, le matin tu regardes la cérémonie d’ouverture des JO d’été et le soir tu te retrouves avec ce qui est sûrement la glace la plus indigeste de la République. Pourquoi s’infliger ça ?
La réponse la plus logique serait la passion. Le problème, c’est que les types qui te font rêver pendant toute la saison, ça leur arrive aussi de prendre des vacances. Du coup, quand ils reprennent le boulot, ils sont un peu comme toi et moi le lundi matin, ils y vont tranquille pour éviter de se faire engueuler d’entrée de jeu. D’ailleurs, après trente secondes de jeu et un premier tir genevois que les vétérans grenats n’auraient pas renié, tu comprends que c’est plutôt du masochisme que de la passion, donc il va falloir trouver autre chose pour justifier ta présence.
Du coup, tu te tournes vers tes potes et tu lances la discussion. Et là, surprise, tu te rends compte qu’en plus de sillonner la Suisse pendant la saison, ils vadrouillent également dans le reste du monde pendant l’été. Finalement, ce match va être plus intéressant que prévu ! Mexique, Islande, Bahamas et autres destinations de rêve t’accompagneront pendant quelques instants, jusqu’au moment où les cris de tes 1'362 voisins te rappellent que tu n’es que sur un vieux siège vert foncé d’une patinoire antique à contempler la première fois de la saison qu’un type en grenat avec des lames aux pieds et un numéro 18 dans le dos a réussi à pousser un bout de caoutchouc noir au fond d’un filet par le biais d’un bâton en bois. Finalement, les voyages, c’est pas si cool que ça en fait.
T’as raté le premier goal, donc trêve de plaisanteries, tu te concentres un peu sur le match. C’est à ce moment-là que tu réalises que l’un des zébrés porte un numéro que tu ne connaîs que trop bien. Non, c’est pas vrai, pas encore ?! Et bah si, Danny aussi était en manque de hockey au point de ressortir sa tenue préférée (ou alors sa femme en avait tellement marre de le voir qu’elle l’a expédié le plus loin possible du domicile conjugal). C’en est trop pour tes nerfs, il te faut un petit remontant.
En arrivant au bar, comme chaque été, tu espères que la bière sera meilleure que d’habitude. En repartant du bar, comme chaque été, tu te demandes en grimaçant à chaque gorgée pourquoi tu espères encore que ça change un jour et pourquoi tu dépenses encore ton argent dans cette horreur. En plus, au bruit, tu viens de rater le deuxième but. Tu tends l’oreille pour savoir qui est le buteur, mais tu n’entends qu’un grésillement insupportable (il s’avérera par la suite que c’était Fransson). Au moins, tu as la confirmation d’une chose : la sono est tout aussi catastrophique en bloc G qu’en parterre nord. Et ça, ça te fait sourire.
Tu reviens tranquillement à ta place, mais à peine le temps de t’installer que la première sirène retentit (précédée par la réduction du score ajoulote). Du coup, tu sors ton téléphone, tu découvres que Timea mène un set à zéro et qu’Albasini a quinze minutes d’avance sur le peloton. Ça aussi, ça te fait sourire.
Tu entends vaguement que le match a repris, mais tu comprends bien vite que les joueurs sont eux toujours au vestiaire. Ça tombe mal, Timea se liquéfie et perd le deuxième set. C’est le moment qu’Antonietti choisira pour lui donner (ainsi qu’au canadien Devos) une leçon de fighting spirit. Mais finalement, c’est à Rod que reviendra le privilège de démontrer au public genevois qu’il n’y a pas qu’à Rio où les Romands peuvent perdre leurs nerfs. Retour au vestiaire des deux côtés de la gouille.
Le troisième tiers débute sur le même rythme estival que le précédent. En parlant de rythme estival, c’est le moment que choisit ton voisin pour s’absenter car il est attendu à un barbecue. Tu te dis que tu devrais aussi parfois faire des barbecues après les matchs de hockey. Puis tu réfléchis, et tu te rappelles pourquoi tu n’as jamais pensé à ça avant. Et à nouveau, ça te fait sourire.
Pendant ce temps-là, les jurassiens prennent d’assaut la cage de Bays, qui y résiste fort bien. Soudain, tu entends cet échange : « - Ils sont chauds les Jurassiens ce soir ! » « - Bah oui, c’est normal, ils veulent éviter de finir à La Trappe ! ». Tu souris encore. Puis un peu moins quand Devos remet les équipes à égalité. Puis à nouveau quelques instants plus tard, parce que Douay a la bonne idée de marquer le troisième et d’éviter des prolongations. Malgré un 4 puis 5 contre 6 en fin de match, le score ne bougera plus.
3-2, sirène finale, mais en définitive tu n’as toujours pas répondu à ta question de base. Tu ne sais pas pourquoi tu es venu, tu as suivi le match d’un œil parce ton cerveau était resté au bord de la piscine, mais tu es heureux. Et finalement, c’est peut-être tout simplement ça la vraie raison de ta présence ce soir !