Refaire le passé avec des si, c'est toujours un peu débile et parfois un tantinet pathétique. Comme une thérapie pour se persuader que notre destinée était de gagner mais qu'une espèce de force invisible nous en a empêché. Mais après une saison comme celle-ci, il faut bien avouer qu'il est difficile de ne pas tomber dans ce schéma de temps en temps quand on repense à ce qui s'est passé. Mais à côté de ces rêveries qui nous mèneraient au titre, essayons aussi d'être un minimum objectifs.
Un duo de gardiens pour parer à tout
Pour la première fois depuis des lustres, nous avions à disposition un duo de gardiens capable de jouer en LNA. Officiellement, aucun titulaire n'était annoncé mais la plus longue expérience de Mayer semblait quand même le designer comme notre numéro un. Après deux minutes dans le premier match de préparation du mois d'août, notre duo n'en était déjà plus un et ne le sera que très rarement au cours de la saison. La situation tourna même au sketch à quelques reprises avec un nombre invraisemblable de blessures et tout autant de différents gardiens appelés à porter nos couleurs pour parer au plus pressé. Dans ces conditions, il serait un peu réducteur de faire un bilan de nos deux gardiens. Il faudra attendre que Bays récupère sa hanche et que Mayer puisse faire une préparation correcte. Bien que ce dernier ait montré de très belles choses en fin de saison.
Malgré un vrai duo de gardien, la situation a été des plus délicate à plusieurs reprises.
Et si... le règlement ne nous avait pas permis de faire appel à des gardiens de secours ?
Un défenseur étranger pour stabiliser la défense
La surprise de l'été, c'était l'engagement de Paul Ranger. Solide défenseur canadien arrivant de NHL (enfin presque, il jouait à Toronto), il devait être celui qui stabiliserait notre défense et permettrait à nos leaders de jouer quelques minutes de moins et ne pas être carbonisés. Sa saison se terminera précipitamment par une blessure diplomatique. On ne saura probablement jamais le fond de l'histoire, car si ses performances n'étaient pas fantastiques, elles n'étaient pas dégueulasses au point de le balancer définitivement en tribune. Les vraies révélations seront donc plutôt venues de Marti et Loeffel. Le premier nommé aura montré une grande maturité et solidité avant de voir sa saison écourtée par une blessure. Le second est carrément devenu notre défenseur numéro un avec des statistiques offensives excellentes. Reste néanmoins que notre défense n'a globalement pas toujours été rassurante et qu'il n'y avait plus un extra-terrestre derrière pour sauver les meubles. Il faut dire que notre style de jeu nous expose facilement aux contres et si nos défenseurs sont plutôt robustes, ils ne sont en contrepartie pas les plus rapides.
Et si... Paul Ranger avait été un nouveau Brett Hauer ?
Goran renforce l'attaque
Histoire inversée en attaque où l'été avait plutôt mal débuté avec les annonces successives des départs de Lombardi et Almond vers l’Amérique du nord. Pour compenser les pertes en attaque, le boss tentera d'aligner Bezina devant avec un succès mitigé mais très respectable. Car s'il n'est pas interdit de penser qu'il aurait pu faire une belle carrière d’ailier, on fait rarement ce genre de transition la trentaine largement passée. Lombardi revenu tel le messie n'aura lui jamais pu vraiment revenir dans le jeu, la faute à une santé fragile. Un autre Matt, nommé D'Agostini (ou De Agostini si vous travaillez pour un quotidien local) se chargera de mener l'attaque avec la classe des plus grands. Il sera notamment bien épaulé par les frère Pyatt, peu spectaculaires mais redoutables d'efficacité. Certains auront des trajectoires inversées, à l'image de Rubin et Kast. Le premier flambera en début de saison avant de retomber gentiment dans le rangs tandis que le second passa une bonne partie du mois de septembre en tribune avant de devenir un pion essentiel du power-play notamment. Trajectoires croisées pour Traber et Wick également, avec un probable aller-simple en LNB pour le premier et une place gagnée en LNA pour le second.
Sans entrer dans le détail de chaque joueur, notre secteur offensif a montré un bel équilibre entre robustesse, vitesse, technique et opportunisme. Il nous aura manqué un peu de profondeur dans ce registre de jeu en demi-finale suite aux nombreuses blessures, mais vu que le pognon ne se ramasse pas à l'épuisette dans l'Arve, il faudra probablement continuer faire avec cette limitation encore quelques années.
Et si Lombardi avait dominé la ligue comme l'an passé au côté de D'Agostini ?
La fin d'une chimère
C'est probablement la plus grande surprise de la saison : le jeu de puissance. Après toutes ces années de purges en tout genres (parfois moins pire que le ressenti du spectateur, il faut quand même l'admettre), nous avons eu droit à un power-play efficace. Pas décent ou acceptable, non non, carrément performant ! Fini ces moments d'appréhension après chaque pénalité adverse à se demander si on ne va pas encore se marcher dessus. Cette saison, les occasions étaient presque toujours au rendez-vous et les buts tombaient de manière régulière. Dans ces situations, Loeffel prouva son grand talent à la ligne bleue et Taylor Pyatt sa précieuse efficacité devant le but (même sans toucher à la rondelle). Kast se révéla aussi très efficace dans cette phase en distribuant de nombreux caviars grâce à son excellente vison du jeu et un calme avec le puck qui nous a souvent manqué. A noter également que le (nouveau) style de jeu avec un seul défenseur à la bleue prouve que le boss sait aussi se remettre en question et qu'il a su s'adapter à la nouvelles dimension de la zone offensive.
Et si... les lignes bleues n'avaient pas été déplacées ?
Même pas mal !
S'il y a bien un sujet qui fait l'unanimité et ceci même en dehors de Genève, c'est l'esprit de sacrifice de cette équipe. Pas que les autres équipes soit composées d'une bande de fillettes, mais nos gars étaient clairement au dessus de la moyenne de la ligue dans ce registre. Dans cette équipe il n'y a pas de calcul, quand on joue c'est uniquement à fond et pour gagner. Et jouer une demi-finale avec une ligne de juniors n'aura rien changé à cet esprit. On peut discuter pendant des heures sur le bien fondé de jouer toutes les compétition à fond et le prix que cela coute en terme d'énergie une fois les play-offs arrivés, mais c'est cet esprit qui fait l'identité de ce club et qui nous rend si fiers.
Et si... Juraj Simek avait eu la même attitude qu'un Jaquement ou qu'un Wick ?
Alors ce godet, à moitié plein ou à moitié vide ?
Être élimé en six match en demi-finale laisse forcément quelques regrets et ce sentiment qu'on était une fois encore pas si loin du Graal. Il faut faut être honnête, lorsqu'une équipe comme la notre vise saison après saison une place dans la première moitié du classement, ce n'est pas ensuite pour jouer les play-off en mode pré-vacances. A partir du moment où on joue chaque série pour la gagner, tout autre issue que le titre est un échec ! Mais il serait bien simpliste de s'arrêter à ça, le nombre de candidats étant largement plus grand que le seul élu. Et sans tomber dans le syndrome du petit poucet, il faut bien admettre que nous ne nous battons pas complètement avec les mêmes armes que les deux finalistes par exemple. Et tant que ça sera le cas, il faudra compter sur un alignement d'étoiles quasi-parfait pour pouvoir aller jusqu'au bout. Vu les circonstances de la fin de saison, il était difficile d'espérer plus mais on ne peut pas (et ne doit pas) se satisfaire d'une défaite, aussi vaillante fut-elle.
Et si... les étoiles ne s'étaient pas alignées dans la série contre Lugano ?