Devant aller à Biasca pour commenter ce match de Coupe pour titulaire.ch, on m’a demandé d’en faire le résumé ici également puisque le match n’était pas télévisé et que je faisais donc partie des rares Genevois à pouvoir assister à ce match.
Et vu le peu de journalistes sportifs francophones présents en tribune de presse, il est fort probable qu’il n’y ait pas grand chose d’écrit sur celui-ci. Du coup, puisque vous n’auriez pas véritablement pu contrôler mes dires, j’aurais pu vous raconter tout et n’importe quoi. Mais finalement, l’honnêteté est encore la meilleure façon d’illustrer cette étrange qualification des Aigles pour les quarts de finale.
J’aurais pu vous dire que Biasca est un village tout ce qu’il y a de plus charmant et accueillant, qu’il est une vitrine pour le canton du Tessin et que je rêve d’y retourner. Mais je n’ai vu que la Biascarena, qui est une sorte de cube mauve logé au fin fond d’une zone industrielle. L’intérieur est plutôt sympa bien que vieillot. Peut-être en est-il de même pour le reste de la ville.
J’aurais pu vous dire que le public biaschesi débordait de ferveur pour ce match au sommet et que son accueil était des plus sympathiques. Mais les seuls Tessinois à qui j’ai pu parler étaient des agents de sécurité et il m’a semblé que certains de mes commentaires à la radio s’entendaient jusque sur la glace.
J’aurais pu vous dire que l’absence de Woodcroft était une tentative discrète des dirigeants pour tester une éventuelle rocade entre celui-ci et son assistant Jason O’Leary. En réalité, il ne s’agissait « que » d’une absence pour deuil.
J’aurais pu vous dire que ce changement à la bande avait transcendé les joueurs, enfin débarrassés de cet être étrange et apathique. Il n’en a rien été.
J’aurais pu vous dire que la présence de Jan Cadieux comme coach des Ticino Rockets m’enchantait et que c’était un plaisir de voir sa carrière évoluer. Mais quand tu as connu le GSHC entraîné par son père Paul-André et que tu te rappelles des débuts du fils sous le maillot grenat, voir ce dernier entraîner une équipe de LNB, ça te fout surtout un gros coup de vieux.
J’aurais pu vous dire que la non-titularisation de Robert Mayer découlait d’une nouvelle blessure et qu’il devait sa place sur le banc uniquement au fait que l’équipe n’était pas rentrée à Genève depuis la veille. Mais non, c’était tout simplement l’occasion rêvée de tester Remo Giovannini afin qu’il puisse s’habituer en conditions réelles au jeu des Aigles.
J’aurais pu vous dire que le premier tiers m’emplissait d’un optimisme béat tant le GSHC dominait son sujet, le score vierge étant uniquement dû aux prouesses du gardien Stefan Müller. En réalité, si l’on sentait effectivement que les pensionnaires de LNA étaient plus forts individuellement, le 0-0 provenait à la fois de la solidité du gardien local et surtout du manque de précision et de réalisme des Genevois.
J’aurais pu vous dire qu’à défaut d’avoir marqué, les Servettiens abordaient le deuxième tiers de manière sérieuse et concentrée. Or, c’est plutôt un sentiment de nonchalance qui prédominait, à l’instar du reste du match d’ailleurs, comme si le fait d’avoir piqué un point à Berne la veille avec une équipe décimée leur donnait le droit de prendre de haut une équipe de LNB.
J’aurais pu vous dire que l’ouverture du score de Jérémy Wick à la mi-match a libéré les Grenat et qu’ils ont enfin commencé à jouer dès celle-ci. La vérité tient dans l’inverse. Deux minutes catastrophiques et une relance plein axe de Rubin sur l’habituel Léventin Lhotak plus tard, tout était à refaire.
J’aurais pu vous dire que cette égalisation n’était qu’une péripétie sur l’autoroute de la qualification. Mais à ce moment-là, elle ressemblait plus à l’approche du tunnel du Gothard un week-end de juillet qu’à autre chose. Malgré un léger mieux en fin de deuxième tiers, les deux équipes rentraient aux vestiaires sur le score de 1-1 et bien malin qui pourrait prédire le futur vainqueur.
J’aurais pu vous dire que le troisième tiers allait logiquement être à la faveur des visiteurs, les locaux étant trahis par la fatigue suite à la grosse débauche d’énergie que demande le fait d’affronter une équipe de niveau supérieur. Que nenni ! Le match va gagner en intensité et partir dans tous les sens. Sans quelques superbes arrêts des portiers et quelques rebonds favorables aux défenses, le score aurait assurément évolué.
J’aurais pu vous dire que Loeffel avait retrouvé toute son assurance et son efficacité à la ligne bleue. Sa pénalité à la 43e minute suffit à vous prouver le contraire : une tentative de tir, il rate le puck de bien 50cm et derrière il se voit contraint d’effectuer une sorte de prise de judo sur un Tessinois afin de lui éviter de partir seul affronter Giovannini.
J’aurais pu vous dire que les prolongations étaient équilibrées et que Genève a été passablement mis en danger à ce moment-là, frôlant la défaite à plusieurs reprises. En réalité, Giovannini aurait très bien pu rentrer au banc que personne ne l’aurait remarqué. Plus forts techniquement, les Aigles ont enfin fait la différence dans le jeu et Jérémy Wick a pu inscrire pour la 2e fois de la soirée son nom sur la feuille des pointeurs. Les prolongations à 3 contre 3, ça a finalement du bon.
J’aurais pu vous dire que dans cette victoire certes serrée, on a quand même pu voir de bonnes choses sur lesquelles construire pour les prochains matchs. Or pour moi, hormis la victoire, il n’y a absolument rien à retenir d’un tel match. Le job a été fait, point, barre.