Le power play «grenat» est en feu cette saison. L’arrivée de Romain Loeffel dans la défense chère à Chris McSorley y est pour beaucoup.
L’importance cardinale des situations spéciales en hockey sur glace n’est plus à démontrer. Bonne nouvelle pour GE Servette: sa maîtrise dans ce domaine depuis la mi-septembre force le respect.
Si le box play «grenat» fonctionne plutôt bien (la série contre Lugano a aussi permis de mettre en évidence la capacité unique qu’ont les Genevois à se projeter vers l’avant pour aller marquer des goals à 4 contre 5), le power play fait des étincelles.
C’est vite vu: en saison régulière, seul le jeu de puissance de Rapperswil, articulé autour de ses étoiles suédoises, faisait mieux que celui dirigé à la ligne bleue par l’excellent Romain Loeffel. En play-off, il tient déjà le haut du pavé après les quarts de finale avec un pourcentage d’efficacité très élevé (26,3%).
Déjà brillant à la Spengler
On rappellera également que le power play genevois avait été époustouflant durant la Coupe Spengler (61,54% d’efficacité). Au point qu’il avait grandement facilité la conquête d’un deuxième sacre d’affilée dans les Grisons.
De telles statistiques ne peuvent être atteintes que si les hommes qui composent la première unité du jeu de puissance sont de qualité. Or Chris McSorley dispose bel et bien d’un «matériel humain» de premier choix pour permettre à son organisation de briller avec un homme en plus sur la glace.
Les frères Pyatt, positionnés à proximité immédiate du slot adverse, excellent par le travail abattu là où ça fait mal et par leur capacité à dévier des pucks envoyés en direction des filets adverses.
Placés sur les côtés du losange, les techniciens hors pair que sont Matt D’Agostini et Kevin Romy (remplacé par Noah Rod durant l’absence sur blessure du centre neuchâtelois) permettent au puck de circuler dans la zone de défense adverse avec une précision et une rapidité impressionnantes.
Quant à Romain Loeffel, ses mains en or et son patinage raffiné en font un «blueliner» de premier choix, sans doute le meilleur sur lequel Chris McSorley a pu s’appuyer depuis son arrivée en Suisse.
«Qu’il patine vers l’avant ou vers l’arrière, Loeffel est toujours capable de faire déjouer le box play adverse en dirigeant le jeu dans tous les sens possibles et imaginables, relève Laurent Perroton, entraîneur de Forward Morges (1re ligue) et consultant régulier à la RTS. Et puis il ne faut pas trop lui laisser la possibilité d’armer son tir, car il est dévastateur.»
Après avoir brillé en saison régulière, à la Coupe Spengler et en quart de finale des play-off, le jeu de puissance genevois continuera-t-il d’exceller contre le «Z»? Pour que l’Aigle obtienne le droit de disputer une troisième finale au XXIe siècle après 2008 et 2010, ce sera une absolue nécessité.
« Le box play adverse est en état de stress permanent» (Olivier Keller)
Que pensez-vous du power play de GE Servette? Il est simple et efficace. L’apport de nouveaux joueurs comme Loeffel, les frères Pyatt ou D’Agostini, l’ont métamorphosé.
En quoi? Quand le box play adverse met la pression sur Loeffel à la bleue, il découvre ses lignes arrière. Quand il laisse Loeffel agir, il risque de prendre une cacahuète. Il est en état de stress permanent.
Le mérite en revient donc uniquement à Romain Loeffel? Non. Les quatre autres joueurs de la première unité de power play sont tous très talentueux. Ils sont à surveiller comme le lait sur le feu. Eh puis un jeu de puissance marche beaucoup à la confiance. Dans ce domaine, celui de GE Servette est au top, ce qui le rend encore plus difficile à contrôler.
La seule présence de Romain Loeffel à la ligne bleue n’engendre-t-elle pas un risque en cas de contre-attaque? C’est un risque, mais je pense que c’est moins dangereux que de mettre deux attaquants à la ligne bleue, comme l’a souvent fait Lugano en quart de finale.
Pourquoi? Parce qu’un défenseur cherchera toujours à défendre avant tout.
Les faits vous donnent raison, puisque Lugano n’a pas eu beaucoup de possibilités de marquer à 4 contre 5… J’ai l’impression que les adversaires de Genève, quand ils récupèrent le puck, n’ont qu’une envie après s’être fait tourner autour: le balancer en fond de patinoire.
Le power play genevois peut-il faire la différence face aux Zurich Lions? Cette série sera à mon sens encore plus serrée et indécise que celle contre Lugano. Dans des situations comme celles-là, ce sont les détails qui font la différence. Or le jeu de puissance est plus qu’un détail.