Le comité de pilotage (COPIL) du projet de patinoire du Trèfle-Blanc se réunit en fin de matinée. Ce qui en ressortira peut mettre GE Servette en situation très critique.
La réunion du comité de pilotage (COPIL) du projet de nouvelle patinoire au Trèfle-Blanc est cruciale pour GE Servette et son avenir à court terme. C’est en fin de matinée, probablement dans l’un des bâtiments historiques de la rue de l’Hôtel-de-Ville, endroit où se concentre une bonne partie du pouvoir cantonal genevois, que les discussions auront lieu.
Les trois conseillers d’État membres du COPIL seront présents: la présidente, Anne Emery-Torracinta (son Département de l’instruction publique, de la culture et du sport est le département rapporteur du projet), Serge Dal Busco (Département des finances) et Luc Barthassat (Département des transports, de l’énergie et de l’agriculture). Il devrait aussi y avoir Sami Kanaan, conseiller administratif chargé du Département de la culture et du sport de la Ville de Genève, et le maire de Lancy, Damien Bonfanti.
Un point critique
Lancy est la commune sur laquelle le nouvel écrin de GE Servette, porté par les investisseurs actuels, devrait voir le jour. Le conditionnel est plus que jamais de mise dans ce dossier aux allures d’Arlésienne. C’est justement pour faire avancer les choses qu’une partie des investisseurs (le fonds Anglo German Progressive Fund I LTD) sont sortis du bois la semaine passée suite aux révélations du «Matin». Pour rappel, il est prêt à mettre 150 millions dans l’affaire. Mais il s’est surtout étonné publiquement de l’appel d’offres exigé depuis le mois de juin par les collectivités publiques, considéré comme un acte de défiance apparu très tardivement envers ceux qui portent le projet à bout de bras.
Durant ce COPIL, il sera sans doute beaucoup question de cet appel d’offres. Le sujet est sensible. Quand il est abordé en compagnie d’Anne Emery-Torracinta, elle nous renvoie au Département des finances – lire notre interview d’hier. Et quand le responsable de la communication de Serge Dal Busco est contacté pour évoquer ce point précis («Le Matin» a essayé mardi après-midi), il nous a répondu: «Mon chef m’a interdit de parler de cela. Je vous prie de vous renseigner auprès du département rapporteur du projet.» Celui d’Anne Emery-Torracinta, donc.
Des éléments troublants
C’est dans ce contexte paraissant inextricable que les membres du COPIL se réunissent ce matin. Ils vont évoquer un projet que l’on nous a présenté comme mal emmanché, et à de multiples reprises, dans les sphères politiques genevoises. Fait intéressant: dans un souci de transparence, mais aussi de lobbying afin de dénoncer le rôle de frein à main joué par l’État, le représentant en Suisse des investisseurs du Trèfle-Blanc multiplie les indiscrétions depuis dix jours. Elles tendent toutes à démontrer l’esprit procédurier, voire léger, avec lequel les autorités gèrent ce dossier. Il est d’ailleurs vrai que plusieurs éléments transmis au «Matin» peuvent accréditer cette thèse.
Si l’impatience est devenue immense d’un côté, la prudence règne en maître de l’autre. L’interview d’Anne Emery-Torracinta publiée hier dans nos colonnes est révélatrice. Quand on la lit, il semble difficile d’imaginer l’État donner son blanc-seing aujourd’hui et passer «comme chat sur braise», pour reprendre l’expression de la conseillère d’État, sur des questions qu’il se pose au sujet d’un projet «reçu formellement par écrit début octobre». Un projet «totalement différent» de celui présenté initialement.
La situation serait moins tendue si une autre composante n’était pas entrée dans la danse: les finances du GSHC, que l’on sait mal en point et désormais liée à un oui rapide en faveur du projet de nouvelle patinoire du Trèfle-Blanc – il en va d’un remboursement de trois millions dû au club par les investisseurs, pour autant qu’ils puissent investir, ce qui paraît improbable en l’état. Entre un club menacé de faillite, des bailleurs de fonds prêts à se retirer si on ne leur fait pas rapidement confiance et des collectivités prudentes et marquées par l’expérience catastrophique vécue avec le Stade de Genève, faites vos jeux, rien ne va plus.
Le plan "C"
Le représentant des investisseurs prêts à s’engager dans le projet de nouvelle patinoire au TrèfleBlanc dément avec vigueur l’existence d’un plan B, sur lequel travaillerait Chris McSorley. C’est évidemment dans l’intérêt des personnes qu’il défend, mais ce n’est pas conforme du tout à nos informations. Il nous a aussi glissé à l’oreille un éventuel «plan C, le plan contribuable». La nouvelle patinoire à Genève serait, dans ce cas-là, financée exclusivement par l’État grâce à de l’argent public. Une solution dont nous avons aussi entendu parler, cela dit en passant, dans certaines sphères politiques genevoises. Mais elle provoquerait à coup sûr une série de nouvelles empoignades au sein de la République et canton. Pas sûr qu’une telle perspective enchante grand monde dans la Cité de Calvin.