10 mars 2015

Le juge unique de la Ligue, Reto Steinmann, a ouvert hier la procédure la plus piquante de l’histoire du hockey suisse. Dans son viseur, Chris McSorley, accusé d’avoir travesti la vérité.

 

Des enquêtes, le juge unique de la Ligue nationale en a ouvert des dizaines. Mais une de ce type… Chris McSorley se retrouve dans le viseur de Reto Steinmann pour lui avoir menti. En résumé, cette histoire pourrait être celle de l’arroseur arrosé. Explications.

 

Au lendemain de l’acte IV du quart de finale des play-off entre GE Servette et Lugano (2-7), le patron des Vernets envoie deux vidéos au juriste zougois. On y voit Chris Rivera se faire attaquer par-derrière par Lorenz Kienzle alors qu’il se trouve devant la cage de Daniel Manzato. On y voit Taylor Pyatt prendre une grosse charge contre la bande de la part de Marco Maurer.

 

Sur ces images, que l’Otarien nous a fait visionner dans le bureau de son assistant, Louis Matte, la tête des attaquants genevois semble visée. Jusque-là, rien de spécial dans cette série très engagée physiquement et déjà marquée par plusieurs démarches de ce type.

 

Le rôle de Habisreutinger

 

Le hic? Dans l’argumentaire écrit qui accompagnait les vidéos, Chris McSorley a prétendu que Chris Rivera n’avait plus pu rejouer après la charge de Lorenz Kienzle, survenue dans le courant du 2e tiers.

 

Cette affirmation a fait sursauter Roland Habisreutinger. «J’ai simplement signalé au juge unique que ce que décrivait GE Servette était contraire à la réalité», explique le directeur technique du HC Lugano. Il ne souhaite pas s’étendre davantage.

 

C’est là que l’histoire devient piquante. Chris Rivera a effectivement fait encore quelques apparitions sur la glace jusqu’à la fin du 2e tiers, avant de jeter l’éponge. «Après coup, nous nous sommes aperçus qu’il avait effectué deux shifts, un de 15 secondes et un de 50 secondes, reconnaît Chris McSorley. C’est une erreur de notre part d’avoir écrit qu’il n’avait plus rejoué.»

 

«Le monde à l’envers»

 

Cette erreur et la remarque venue du Tessin ont ainsi débouché sur l’ouverture d’une procédure ordinaire contre l’Ontarien pour mensonge – ou infraction à l’article 81 du règlement juridique (principes régissant le comportement), selon les termes officiels. De quoi fâcher Chris McSorley, qui a de la peine à encaisser le rôle joué par son homologue luganais et l’absence de sanction prise contre Lorenz Kienzle.

 

«Chris a passé son dimanche au lit, n’a pas pu s’entraîner aujourd’hui (ndlr: lundi) et nous manquera mardi. Et c’est maintenant moi qui risque d’être sanctionné suite à cette scène. C’est le monde à l’envers», tempête le patron du GSHC, qui a soigneusement choisi ses mots pour ne pas donner des munitions supplémentaires au juriste zougois.

 

Il a de la peine à encaisser autre chose. «Reto Steinmann m’a demandé par e-mail de lui fournir un certificat médical prouvant que mon joueur était blessé pour qu’il envisage d’ouvrir une procédure contre Lorenz Kienzle. Vous vous rendez compte? Pour faire valoir nos droits auprès de lui, il faut désormais prouver qu’un joueur est blessé.»

 

Visiblement, le lien de confiance, déjà particulièrement ténu, qui unissait les deux parties est brisé pour de bon.

 

Alexandre Picard suspendu pour le match de ce soir à Lugano

 

Le juge unique continue de jouer un rôle central dans le quart de finale qui oppose GE Servette à Lugano. Hier, il a suspendu pour un match Alexandre Picard, coupable de «slew footing» – croche-patte effectué par-derrière – sur Raffaele Sannitz à la 56e minute de l’acte IV. Ce geste, non signalé par le quatuor arbitral samedi, doit normalement déboucher sur cinq minutes de pénalité plus une méconduite de match. Une sanction transformée ensuite en pénalité de match selon la règle 160 i de l’IIHF. Ce que Reto Steinmann a fait a posteriori grâce à une vidéo envoyée par Lugano, et non suite à la sanction correcte prononcée par un quatuor arbitral peu à son avantage samedi.

 

Le juriste zougois vient donc de suspendre un troisième Genevois pour un match – contre zéro Luganais. Rappelons qu’il avait déjà sanctionné Robert Mayer (coup de bloqueur dans le visage de Brett McLean lors de l’acte I) et Jeremy Wick (charge contre la tête de Julian Walker tout sauf évidente lors de l’acte II).F. L.

 

Tamo, le cœur toujours «grenat»

 

Federico Tamo est de retour dans le vestiaire de GE Servette. Depuis le début de la série, l’éternelle doublure du duo Mona et Conz, puis de Stephan, rôde au plus près de son ancienne équipe les jours de match. Ce fut le cas lors des deux premiers duels à la Resega. Ce le fut aussi samedi aux Vernets, où le Tessinois a assisté au naufrage de son ex-équipe (2-7).

 

Désormais revenu à Bellinzone – il est pharmacien dans l’officine tenue par ses parents –, il avoue avoir conservé le cœur «grenat». Au point de traverser la Suisse pour assister à une rencontre? «Disons que je dois me rendre à Bière les deux prochaines semaines pour un cours de répétition. C’était sur mon chemin», sourit un homme auquel Chris McSorley n’a jamais fait confiance – une seule titularisation en sept ans!

 

Visiblement, le souriant Federico Tamo ne lui en tient pas rigueur.