2 mars 2016

Genevois et Fribourgeoisn’ont plus le droit de s’exprimer au sujet des blessures. La situation est-elle si catastrophique du côté des Vernets, où sept joueurs sont annoncés blessés ou incertains?

 

GE Servette ressemble déjà à une équipe qui vient de disputer deux tours de play-off. Il suffit de jeter un coup d’œil dans les couloirs des Vernets pour s’en rendre compte. Arnaud Jacquemet, qui a pris un puck au visage face au LHC samedi dernier, a le visage tuméfié – et peut-être la pommette gauche fracturée –, tandis que celui de Noah Rod est marqué par un œil au beurre noir du plus bel effet. Damien Riat, cadet du groupe, est sur le carreau depuis quelques jours. La nature de sa blessure? «Je crois que je n’ose pas en dire plus, souffle-t-il, gêné. Disons simplement que je suis blessé.» Le jeune attaquant, révélation des Aigles cette saison, est «out pour la série contre Fribourg» selon le boss, Chris McSorley. Aux Vernets, sept joueurs, dont deux défenseurs importants, sont annoncés blessés ou incertains. «C’est fou ce qui nous arrive. Commencer les play-off avec un tiers de l’équipe en moins, ajoute le rusé entraîneur ontarien. Mais ce groupe n’a jamais cessé de me surprendre cette saison. Il a toujours trouvé les réponses pour surmonter les obstacles qui se sont dressés sur sa route.» 

 

Des soucis en défense

 

Eliot Antonietti, sur la touche depuis l’entraînement de vendredi dernier, promène son imposante carcasse à travers les couloirs. Qu’est-ce qui cloche? Pied, genou, dos, petit doigt, main, coude, épaule? Haut du corps ou bas du corps? Il y a officiellement quatre statuts du côté de GE Servette: «apte, blessé, surnuméraire ou malade». Pour le reste, silenzio stampa. Comme dans l’autre camp, celui de FR Gottéron, où seul le défenseur Jérémie Kamerzin, commotionné, manque officiellement à l’appel. Les joueurs des Dragons, d’ailleurs, ont été avertis qu’ils n’étaient dorénavant plus autorisés à communiquer au sujet de leurs blessures. «Nous ne donnerons plus aucune précision durant les play-off», prévient le coach Gerd Zenhäusern. «Et je ne me préoccupe pas non plus de l’alignement de GE Servette ou de l’état de son infirmerie. On ne sait de toute façon jamais si ce qui émane du camp adverse est vrai ou faux.»

 

Un autre défenseur manque encore à l’appel chez les Aigles: Jonathan Mercier. «Une à deux semaines d’absence, estime McSorley. Il va nous manquer, car il a un gros temps de jeu. Habituellement une vingtaine de minutes par match.» Du soutien en provenance de La Chaux-de-Fonds, en LNB, sous forme de prêts (le défenseur Raphaël Erb), permettra de colmater temporairement quelques brèches. «On peut tenir le coup à six derrière pendant un certain temps sans trop de problèmes, souligne le capitaine, Goran Bezina. Mais à cinq en play-off, ce n’est plus possible…»

 

Pour l’acte I des quarts de finale jeudi face à FR Gottéron, Chris McSorley espère récupérer Antonietti, Jacquemet, «et peut-être Simek». 

 

La situation des blessés

 

Eliot Antonietti défenseur Incertain

Jonathan Mercier défenseur Out 1-2 semaines

Arnaud Jacquemet att. ou déf. Incertain

Damien Riat attaquant Out pour la série

Juraj Simek attaquant Incertain

Floran Douay attaquant Out, durée indéterminée

Cody Almond attaquant Out pour la saison

 

Recherche héros improbables

 

Les play-off, c’est aussi une nouvelle saison qui commence. Les compteurs sont remis à zéro, et cela arrange pas mal de monde en réalité. On tire un trait sur le passé, et l’on dispose d’une chance – inespérée dans certains cas – d’effacer une campagne en demi-teinte. On peut faire oublier beaucoup de choses en quelques semaines. Qui se souviendra de la saison régulière pourrie d’un joueur qui flambe en play-off (notez qu’il n’est pas impératif d’être passé à côté de sa saison pour tout casser lors des séries pour le titre)? Le jeu en vaut vraiment la chandelle: une bonne série est largement suffisante pour se bâtir une réputation de «joueur de play-off».

 

Genevois et Fribourgeois espéreront bien évidemment que l’un des leurs marche sur l’eau au cours des prochaines semaines et entraîne le reste du groupe dans son sillage. Chris McSorley les appelle les «héros improbables». Non, ce ne sont pas des surdoués de la trempe de Kevin Romy, Romain Loeffel, Julien Sprunger ou Andreï Bykov, dont on attend forcément monts et merveilles à cette période de l’année. Mais des hommes qui, le temps d’un printemps, réussissent à doubler leur production offensive saisonnière et occupent subitement le devant de la scène.

 

Des durs au mal qui, par leur attitude, leur détermination et leurs actions (une bonne charge ou un but, au bon moment), parviennent à mettre le feu et à faire basculer une série. Des gars qui se découvrent une vocation lorsque les batailles deviennent âpres et que l’air commence à manquer. On devine un potentiel évident dans les deux camps. Et s’il fallait miser une piécette sur les «héros improbables» du derby romand à venir? Chris Rivera et Ryan Gardner ont assurément le profil de vengeurs masqués du côté de Gottéron. Idem pour Jeremy Wick et Noah Rod chez les Aigles. Laissons-nous surprendre…