L’action de Julien Sprunger sur Daniel Rubin ne restera pas impunie. Le joueur de FR Gottéron risque une lourde sanction. La saison du Genevois, elle, est probablement terminée.
La bible du hockey sur glace est claire: «Il n’existe aucune charge correcte contre la tête. Que ce soit accidentel ou intentionnel, toute charge en direction de la tête ou la nuque est pénalisée.» Samedi soir, Julien Sprunger a enfreint cette règle universelle, à la 33e minute. Flash-back. En zone neutre, Daniel Rubin contrôle le puck et voit un «avion» lui foncer contre. Projeté au sol par le meilleur compteur des Dragons, l’ailier des Vernets a terminé sa soirée à l’hôpital. Il souffre d’une triple fracture de la pommette gauche et sera opéré dans la semaine. «Je n’ai jamais voulu le blesser et ça m’embête que cela finisse comme ça», a commenté le Fribourgeois par SMS.
Dans les mains de la Ligue
D’après nos informations, le «Players Safety Officer», Stéphane Auger, se serait déjà saisi du dossier. «Pour moi, Julien Sprunger sera suspendu pour son geste, estime Stéphane Rochette, ancien arbitre de ligue nationale. L’incertitude réside dans le fait de savoir s’il touche directement la tête de Daniel Rubin ou si c’est l’épaule qui a été visée.» Et le Québécois de poursuivre: «Sur un ralenti, on voit la tête être projetée vers l’arrière. Parfois, la blessure intervient après la charge, comme lors de coupure avec la visière, renchérit-il. Là, ce n’est pas le cas. De plus, Rubin tombe de l’autre côté.»
Nombreux avis différents
Dès lors, que risque Julien Sprunger pour son énième passage devant le juge (lire ci-contre)? Hier, les personnes consultées ne préféraient pas se prononcer sur la durée d’une suspension. La raison? L’extrême limite avec laquelle a flirté Julien Sprunger. Il frappe la tête, cela ne fait aucun doute. Mais comme son corps n’est pas en extension et que ses patins restent ancrés au sol, la «thèse» de l’attentat avec envie d’arracher la tête du Genevois est à laisser de côté. Tout comme celle de l’accident dû à la taille de Sprunger, 194 centimètres. «Il doit maîtriser sa taille, coupe Stéphane Rochette. Ce n’est pas une excuse.»
Thomas Andersson, ancien arbitre international suédois, a accepté d’analyser la scène pour «Le Matin» (lire ci-dessous). Celui qui a officié durant quelques matches en Suisse entre 2004 et 2006 ne connaît ni les antécédents de Julien Sprunger ni les circonstances de cette charge. Pour le consultant du comité disciplinaire du championnat suédois, Sprunger est responsable. Sa culpabilité ne fait pas le moindre doute. Il pondère toutefois: «Les joueurs en possession du puck doivent être prêts à recevoir une charge. Ce n’est pas le cas ici.»
GE Servette, une machine à watts
Tout porte à croire que la série entre GE Servette et FR Gottéron est terminée. Les Dragons ont perdu leur meilleur atout offensif (Sprunger) et leurs illusions samedi soir au terme d’un match épique qu’ils n’avaient tout simplement pas le droit de laisser filer. C’est deux à zéro dans la série, et la meilleure équipe, la plus homogène, la mieux préparée aussi, continue son irrésistible marche vers l’avant. Les Dragons ont-ils encore l’ombre d’une chance? Sur un immense malentendu, peut-être...
Que reste-t-il aujourd’hui aux Fribourgeois? Leur courage, c’est à peu près tout. Ne les enterrons toutefois pas trop vite, on ne sait jamais en hockey. Les play-off, après tout, ne sont qu’une interminable succession de hauts et de bas. Les Genevois en savent quelque chose: ils ont surmonté mille obstacles samedi à Saint-Léonard (dont un déficit de 3-0 et la blessure glaçante d’un coéquipier) avant de valider un deuxième succès.
L’armada de McSorley fait d’ailleurs étrangement penser aux Zurich Lions, ceux qui avaient affronté le LHC il y a deux ans sur la route du titre. La mécanique parfaite (pour l’instant) des «grenat» et la gestion optimale du puck représentent un insolvable casse-tête pour l’adversaire. L’arrière-garde joue en ce sens un rôle clé. La qualité des relances et l’expérience des défenseurs (Loeffel, Fransson et Bezina, soit l’équivalent de Blindenbacher, Bergeron et Seger à Zurich) permettent aux Aigles d’étirer le jeu à leur guise et d’étouffer à la souche toute tentative de pressing. Terriblement frustrant et essoufflant. Surtout, les Aigles sont partout et donnent constamment l’impression d’évoluer avec un ou deux hommes en plus. Une véritable «machine à watts». Seront-ils capables de maintenir une telle pression sur la durée face à des adversaires plus rapides, mieux organisés et plus costauds? C’est la question à laquelle ils devront répondre tout prochainement.