24 septembre 2014

Bilan chiffré de Daniel Rubin après deux saisons passées à Berne: 111 matches, 1 but et 15 assists. Ces statistiques disent plus que n’importe quelle analyse: l’attaquant n’a jamais trouvé sa place chez son club formateur. Une réalité d’autant plus crue qu’il était revenu à ses premières amours précédé d’une réputation très flatteuse, forgée durant son premier passage à GE Servette.

 

Cette réputation s’est petit à petit ternie, en même temps que la confiance s’est effritée. Y avait-il trop de talent dans le vestiaire de la capitale, où la concurrence pour occuper une place de choix est vive? Trop vive pour ne pas affecter le mental d’un homme soudain moins choyé?

 

En début d’année, quand il est devenu évident que Daniel Rubin n’allait pas faire de vieux os au CP Berne, son ex-directeur sportif, Sven Leuenberger, ne faisait pas de mystères: «Daniel n’a jamais pris son envol chez nous. La séparation est vraisemblablement la seule solution envisageable pour les deux parties.»

 

Quelques semaines plus tard, l’inéluctable se produisait. Pour le plus grand bonheur de Chris McSorley. En bon berger, le patron du GSHC s’empressait de ramener au bercail celui que l’on peut considérer comme une brebis égarée. Bingo! D’obscur joueur de rôle égaré dans la 4e triplette du CP Berne, il est redevenu l’attaquant percutant qu’il était au moment de quitter les Vernets.

 

Quatre buts et cinq passes décisives, une place en vue dans l’un des deux premiers blocs «grenat», un tir du poignet à nouveau dévastateur (samedi, il a superbement nettoyé la lucarne du Néo-Zougois Tobias Stephan), le Bernois revit loin de ses terres. Il l’a confirmé au «Matin» il y a huit jours après un succès fêté contre Bienne, le club de ses débuts en ligue nationale: «Quand tu as de la joie à jouer, tout devient plus facile», avouait-il.

 

Il y a deux lectures différentes pour expliquer cette métamorphose. La première a trait à l’environnement que Daniel Rubin vient de quitter. Un environnement décrit comme froid, où l’on vient avant tout pour travailler et être performant au détriment d’une ambiance d’équipe n’étant pas toujours au top. Un environnement hyperconcurrentiel où la pression du résultat, des fans et du management est omniprésente. Cette atmosphère a le don d’inhiber certains. Thomas Wellinger (de retour à Bienne après avoir cassé son contrat) et Thomas Déruns (qui a pu s’engager en cours de saison 2012-13 à Lausanne) n’ont par exemple jamais caché qu’ils ont eu de la peine à s’y faire.

 

Autre lecture possible de ce début de renaissance: depuis qu’il côtoie de nouveau Chris McSorley, Daniel Rubin a retrouvé son rayonnement. Le technicien, qui avait fait d’un excellent jeune de LNB un international confirmé (deux participations aux Mondiaux), possède la recette pour transformer un hockeyeur sans grand relief (ou qui en a perdu une bonne partie) en bête dominante. Romain Loeffel, Thomas Déruns, John Gobbi, Martin Höhener, Robin Breitbach et d’autres peuvent en témoigner.

 

Quelles que soient les raisons de ce retour au premier plan et même s’il semble actuellement en surrégime, le Bernois a retrouvé un niveau de jeu qui avait séduit Sean Simpson. Et qui risque de plaire à Glen Hanlon. Tant mieux pour lui, tant mieux pour GE Servette. Et tant pis pour Berne.