GE Servette doute après un début de saison des plus compliqués. Le coach Craig Woodcroft a pris les thèmes les uns après les autres. Il l’avoue sans se cacher. Il sait où il va, mais a besoin de temps.
Le décalage entre la sérénité qui règne dans le bureau de Craig Woodcroft et la gabegie que présentent ses joueurs depuis le début de saison est saisissant. Hier, durant près d’une heure, l’entraîneur ontarien des Vernets a accepté de faire le point sur cette entame de championnat ratée. Schémas tactiques au tableau, mises en situation pratiques et argumentaire étayé, le Canadien n’a pas lésiné sur les efforts pour faire passer son message. «Je me suis trompé de métier, a-t-il souri après ses démonstrations. J’aurais dû faire prof.»
Le principal message du nouvel homme fort des Vernets? «Il faut avoir confiance dans le processus que nous sommes en train de mettre en place.» En clair, l’ancien entraîneur de Minsk est convaincu de ses joueurs. Il est convaincu de son système. Mais il a besoin de davantage de temps pour tout mettre en place.
Sans chercher d’excuses, Woodcroft sait qu’il est aussi en train d’apprendre. «Je m’adapte à un nouveau championnat, a-t-il précisé. Mais nous savons où nous voulons aller. Et nous savons par quelles étapes il faudra passer pour y arriver. Aux gars d’avoir confiance.»
Une nouvelle voix
Après seize ans d’une unique voix dans le vestiaire, celle de Woodcroft peine encore à atteindre toutes les oreilles. «Et je ne pense pas qu’il y a de la mauvaise volonté, précise-t-il. Mais la saison passée n’était pas mauvaise. Alors certains s’accrochent-ils à des principes de jeu?»
Mardi, à Fribourg, la panique défensive et les innombrables sorties de zones cafouillées ont prouvé que tout n’était pas clair dans les têtes genevoises. Entre quatre yeux, ils confessent volontiers «trop réfléchir». «Au contraire! Nous avons simplifié au maximum les prises de décisions, a contré Craig Woodcroft. Mais nous sommes actuellement dans une situation où les automatismes ne sont pas encore acquis. Au lieu de jouer simple et de prendre la bonne décision, on panique et on fait n’importe quoi.» Plutôt 300 fois qu’une, en ce qui concerne le match de mardi.
Exemple concret à l’appui, Craig Woodcroft a détaillé sa préparation de match. «Nous avions une ligne de passe précise à couper, a-t-il dessiné. FR Gottéron fait tout le temps ça. Et comment ils nous ont le plus embêtés?» La réponse était dans la question. Il enchaîne par une simulation de bagarre. «Admettons que vous ayez un bras droit puissant (ndlr: admettons…), si je suis averti de cela et que je ramasse tout de même un coup de ce côté-ci, ce ne sera pas la faute de celui qui m’a averti.» En clair, le plan de match était bon, mais il n’a pas été exécuté par les joueurs.
«Vous voyez, enchaîne «Prof» Woodcroft. C’est là où nous en sommes. Nous implantons des habitudes, mais des erreurs en résultent. Mais j’ai confiance dans cette équipe. Nous avons tout pour jouer le haut du tableau.» Patience, donc. Mike Gillis, le directeur général, a dit qu’on ne tirait pas de bilan avant une quinzaine de rencontres. D’ici à quinze jours, on saura si la direction donnée est suivie.