23 mars 2017

Les dirigeants de GE Servette ont dévoilé leurs plans pour aborder un avenir annoncé radieux, mais sans Chris McSorley à la bande.

 

Les dirigeants de GE Servette l’ont officialisé hier. Chris McSorley a été nommé manager général du club – avec un contrat de longue durée à la clé, a-t-on appris sans surprise en marge de la conférence de presse. Il a aussi été déchargé du rôle de coach. Il l’exerçait depuis seize ans aux Vernets (lire en pages 36 et 37).

 

Ce séisme derrière le banc du GSHC entériné, les discussions ont ensuite permis d’aller au-delà du «simple» avenir de l’Ontarien – les guillemets sont de mise, tant cet aspect cristallisait les tensions. Voici quatre axes à retenir.

 

AVEC PLUS DE TRANSPARENCE

 

Il y a eu ce document, intitulé «Des finances saines», projeté sur l’écran géant du salon feutré d’un palace genevois (photo ci-contre). L’un des trois éléments y figurant: les revenus enregistrés durant plusieurs saisons régulières, de 2012-2013 jusqu’à celle s’étant terminée il y a 12 jours par une élimination en quarts de finale. Étonnamment, les chiffres pour le présent exercice sont déjà disponibles. On les voit diminuer de façon drastique (moins 3 millions depuis 2014-2015). Mais l’on a assuré que les moyens à disposition du club resteraient au moins identiques, sinon en hausse à l’avenir. Mike Gillis s’est aussi évertué à détailler ce qu’avait coûté son arrivée au GSHC et celles de Peter Gall et Lorne Henning, soit 250 000 francs pour toute la saison. Hugh Quennec a également répondu aux reproches formulés maintes fois sur son manque de transparence. «Nous sortons d’une période marquée par les changements que j’ai décidé d’apporter il y a une année, a-t-il dit. Cela a engendré des questions légitimes. Nous faisons tout pour y répondre.»

 

AVEC PLUS DE GENEVOIS

 

Hugh Quennec a annoncé l’arrivée d’un Genevois au sein du conseil d’administration de la société anonyme (SA). François Bellanger, éminent avocat de la place, est entre autres spécialiste en droit de l’immobilier, droit de l’aménagement et des constructions, et droit des marchés publics. Ses compétences seront sans doute utiles pour faire avancer le dossier de la nouvelle patinoire du Trèfle-Blanc. C’est l’un des objectifs prioritaires aux yeux des dirigeants. Ce professeur à l’Université de Genève, dont les enfants fréquentent assidûment les tribunes des Vernets, nous a-t-il confié, devrait être suivi par un sixième administrateur issu du canton, a affirmé Hugh Quennec. À l’avenir, l’homme d’affaires canadien délaissera l’opérationnel pour se consacrer au développement des affaires (relations avec la communauté, les sponsors, les fans, etc.). Mike Gillis se concentrera sur l’administratif et le sportif, Peter Gall sur le projet de nouvelle patinoire et l’avocat Franz Szolansky restera secrétaire de la SA.

 

AVEC PLUS D’ACTIONNAIRES

 

Hugh Quennec a affirmé qu’il était, pour l’heure, l’unique actionnaire du club. Mais il n’a pas caché que des discussions avec Mike Gillis étaient en cours. Objectif: céder une partie des actions à son compatriote, qui nous a confié qu’une part de 20% devrait bientôt être acquise et qu’une option sur une part supplémentaire de 20% pourrait être activée. Si cette cessation d’actions venait à être effective, cela signifierait une diminution du pouvoir concentré entre les mains d’un seul homme: Hugh Quennec. Les heures de ce modèle semblent donc comptées.

 

AVEC PLUS DE SUCCÈS

 

Tous les dirigeants présents dans le salon du palace se sont évertués à le marteler: l’avenir du club est radieux. Mike Gillis (manager général des Vancouver Canucks de 2008 à 2014, notamment) a souligné qu’il n’avait jamais côtoyé, au cours de sa longue carrière en Amérique du Nord, un groupe d’hommes aussi exceptionnels que celui emmené par le capitaine Jim Slater. Vu les retouches effectuées au niveau de l’organisation, on a estimé que les compétences désormais à disposition du GSHC sont de très haute qualité dans un environnement idéal. À terme, cela ne peut que déboucher sur des résultats en adéquation avec les ambitions sportives déclarées, un titre de champion de Suisse.

 

Monde rose sous ciel grenat (par Simon Meier)

 

Le message, pour ne pas dire la menace, est ultraclair.
Berne, Lugano, Zoug ou Davos ont tout intérêt à devenir champions de Suisse ce printemps. Parce qu’après il sera trop tard: le règne implacable de GE Servette aura commencé. Tel fut, certes en version marseillaise, le discours servi hier par le président Hugh Quennec, son futur associé Mike Gillis et son manager général Chris McSorley. Un trio improbable, où l’ex-ami de l’un pourrait vite devenir l’ennemi de l’autre. Une nouvelle galaxie, dépeinte en rose sous un ciel grenat – deux couleurs qui jurent et promettent à la fois.

 

Transparence, harmonie, ambition, communauté, conquête.
On connaît la chanson de Quennec depuis douze ans. Il y eut des refrains joyeux, puis des sirènes plus alarmantes. Et vogue la galère, cap vers le titre de champion de Suisse, coûte que coûte. Avec ou sans Quennec, dont on se demande s’il n’aimerait pas récupérer ses billes? Avec ou sans McSorley, dont on ignore s’il supportera le nouvel ordre? L’avenir trouvera les mots justes. En attendant, tous ceux qu’on a entendus hier sonnaient trop beaux pour paraître vrais.