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Tobias Park, mer 31/10/2018 - 20:13

Je lis à l’instant dans l’édition en ligne de la Julie votre insatisfaction au sujet des performances récentes de notre équipe.

 

Si le sentiment actuel de déception est légitime – j’imagine que nous le partageons tous – il relève néanmoins clairement d’une logique sportive. À ce titre, je suis donc déçu par la teneur franchement dure de vos propos à l’égard du comportement de l’équipe.

 

Je n’ai pour ma part pas eu l’impression de voir un manque d’implication de nos joueurs. Ce que j’ai vu, hier soir contre Lausanne et il y a quelques jours de cela contre Langnau, est assez similaire : une grosse entame de match, pleine d’engagement et débouchant sur une kyrielle d’occasions de buts hélas non concrétisées.

 

De fait, la dose de réussite qui nous a souvent accompagné à domicile jusqu’à la rencontre contre Langnau a logiquement fini par disparaître, faisant place – comme c’est souvent le cas dans ce genre de situation – à un phénomène inverse. Ne faites pas l’erreur de croire que l’état d’esprit qui nous a vu triompher de tous nos adversaires à domicile jusqu’il y a peu a soudainement disparu pour laisser place à une certaine nonchalance. Avec ce petit plus de réussite qui nous a longtemps accompagné à domicile, le match contre Langnau se serait avéré être une formalité, et je n’ai pas peur d’affirmer que le résultat contre Lausanne hier soir aurait sans doute été tout autre également. Il n’aura pas manqué un petit supplément d’âme, mais un peu de talent.

 

Vous n’hésitez pas à déclarer que nos visiteurs d’un soir ont « plus l’impression d’aller dans un salon de massage que chez le dentiste ». Pas sûr pourtant que l’ambiance dans le vestiaire lausannois était très « zen » lors de la première pause, après s’être fait dominer de la tête et des épaules durant la première période. Il en va de même pour le dernier match en date contre Langnau.

 

Seulement voilà, Monsieur le Président, la réussite finit toujours par s’équilibrer sur la longueur pour finalement révéler la valeur réelle d’une équipe. Et aujourd’hui, avec une équipe très légèrement en retard sur la fatidique barre départageant les candidats aux séries finales, vous avez un classement parfaitement dans les clous des diverses prédictions d’avant saison.

 

Oh, il serait bien évidemment très ingrat d’exiger de la Fondation 1890 qu’elle mette plus encore la main au porte-monnaie pour renforcer l’équipe, tant l’effort financier pour sauver le club du désastre laissé par Hugh Quennec s’est avéré important, mais le fait est – vous me pardonnerez la forme un peu triviale – que vous avez aujourd’hui ce pour quoi vous avez payé :

 

Le cadre suisse de l’équipe – à l’exception du poste de gardien – est vieillissant. L’idée n’est pas ici de jeter des noms en pâture, mais devant comme derrière, des joueurs qui se sont longtemps montrés dominants dans notre championnat dans leurs rôles respectifs sont désormais sur un déclin pour certains déjà passablement avancé. Je n’ai pas le cœur – ou à vrai dire même de bonne raison – de pointer du doigt « pour manque de travail » des joueurs qui ont toujours mouillé le maillot mais qui arrivent aujourd’hui au crépuscule de leur carrière de joueur professionnel.

 

Nombre d’opportunités pour renforcer l’équipe se sont présentées. De façon assez inhabituelle, le marché des transferts pour les joueurs suisses dits « dominants » aura été particulièrement bouillonnant tard encore pendant l’entre-saison, et force est de constater que nombres de belles opportunités n’ont pas été saisies.

 

Aujourd’hui, un renouvellement et rajeunissement en profondeur de notre cadre de joueurs suisses est nécessaire, indépendamment du degré d’ambition qu’il porte. Le rendez-vous n’a pas été pris pour cette saison, et aucune ambition un tant soit peu sérieuse ne sera possible tant qu’un changement de génération parmi nos cadres ne sera pas opéré. En s’appuyant bien évidement en partie sur un mouvement junior en train de produire une génération de jeunes joueurs très prometteuse.

 

Du point de vue des étrangers maintenant, si je n’ai rien à reprocher à Daniel Winnik et Jack Skille tant ils sont d’honnêtes « bosseurs », c’est malheureusement là un peu tout ce qu’ils sont comparés à nombre d’autres joueurs étrangers de notre championnat. L’argent pour engager ces pointures ne pousse certes pas sur les arbres, mais le caractère modeste de notre recrutement en joueurs étrangers constitue un état de fait.

 

Maintenant, prenez tout ceci et mettez-le dans un contexte d’une ligue au sein de laquelle les grands clubs sont toujours aussi puissants, mais qui voit désormais également nombre d’équipes historiquement plus modestes augmenter leur voilure financière de façon parfois spectaculaire.

 

Dans ces circonstances, Monsieur le Président, une accession en play-off relèverait plus de la belle performance que de l’objectif minimal.

 

Le constat froid que je tire ici est partagé par nombre d’autres suiveurs, et j’attends très logiquement de la part du président du GSHC d’être capable d’un peu plus de recul et de ne pas tomber dans l’émotionnel et le « yaka », habituellement réservé au fan lambda après deux défaites mortifiantes à domicile.

 

Il est arrivé par le passé à « 1905 » de prendre la plume pour réclamer une réaction de nos joueurs car nous estimions que le travail n’était pas fait, et de ce fait le spectateur pas respecté. Aujourd’hui, il m’importait de prendre la défense d’une équipe qui, à mon sens, fait son possible dans un contexte peu évident.

 

Je ne vous cache pas qu’il m’attriste de devoir le faire quand ces critiques, que je considère excessives, n’émanent pas du supporter moyen, mais du président du club.

 

Respectueusement,

Tobias Park