23 mars 2015

Le buteur canadien de GE Servette s’est imposé, jusqu’ici, comme le joueur le plus dominant des play-off. Sera-t-il capable de guider son équipe jusqu’en finale?

 

Matt D’Agostini avait déjà été bon, parfois même excellent, durant la saison régulière. Mais après chacune de ses sorties subsistait un inexplicable goût d’inachevé. Un peu comme si l’on sentait qu’il lui en restait encore sous la pédale. Le buteur des Aigles, débarqué à Genève l’été passé, a mis du temps à prendre ses marques.

 

«Je ne savais pas trop à quoi m’attendre en arrivant en Suisse, avait-il déclaré dans nos colonnes, juste avant les séries. Chris McSorley m’a aidé à faire la transition sur et hors de la glace.» Le patron des Vernets n’a d’ailleurs pas toujours utilisé la méthode douce avec lui: quelques matches «de réflexion» en tribunes auront été nécessaires pour le sortir de sa «zone de confort».

 

Depuis le début des play-off, le Canadien de 28 ans a embrayé la vitesse supérieure. L’ancien attaquant de NHL est, pour l’heure, le joueur le plus dominant des play-off, toutes séries confondues.

 

Tandis que dans l’autre demi-finale (Berne-Davos) les leaders du club de la capitale souffrent d’un affolant mutisme en phase offensive, personne ne sort réellement du lot (dans le bon sens du terme) dans la formation grisonne, là où le danger peut venir de partout.

 

Chez les champions en titre, les stars sont rentrées dans le rang: le défenseur québécois Marc-André Bergeron est avant tout un danger pour sa propre équipe. Ryan Keller, moteur des Zurich Lions il y a 12 mois, est cette fois-ci en retrait, tandis que les Suisses Roman Wick et Luca Cunti restent pour l’heure branchés sur courant alternatif.

 

Qualité de tir exceptionnelle

 

Sans son centre attitré, Kevin Romy (blessé jusqu’au début des demi-finales), D’Agostini n’avait pas eu l’influence escomptée lors des quatre premiers matches des quarts (seulement un assist), avant d’exploser durant les deux manches décisives de la série (quatre buts lors des deux derniers duels face à Lugano). En trois rencontres de demi-finale, aux côtés de Cody Almond et de Tom Pyatt (puis d’Alexandre Picard samedi), le No 36 des Aigles a déjà trouvé le fond des filets à autant de reprises.

 

«Sa grande force, c’est la qualité exceptionnelle de ses tirs, explique son coéquipier Arnaud Jacquemet. Son style, aussi, est déroutant: c’est un faux lent et on a souvent l’impression que les adversaires s’écartent de son chemin lorsqu’il est lancé à pleine vitesse.»

 

Matt D’Agostini, indiscutablement, a le vent en poupe. A un tel point qu’il est même permis de rêver, désormais, dans le camp grenat. Toutes les récentes équipes championnes se sont appuyées sur un joueur dominant: les Zurich Lions l’an passé avec Ryan Keller (11 buts sur la route du titre), Berne en 2013 avec un Martin Plüss intenable (10 réussites en play-off). Le buteur des Vernets, sept filets en neuf matches et MVP en puissance des play-off en cours, est-il aussi de ceux qui guident leur équipe jusqu’au bout du rêve?

 

Les prototypes de joueurs de playoffs

 

Noah Rod (18 ans)

Un seul but en 38 matches de saison régulière, le double en trois matches de demi-finales face aux Zurich Lions. Son importance ne se mesure toutefois pas en buts et en passes décisives. Le choix de deuxième ronde des San Jose Sharks en 2014 est l’un des joueurs les plus physiques et usant de l’effectif de Chris McSorley. Il n’a peur de rien ni de personne, à un tel point que l’on oublie trop souvent qu’il n’a que 18 ans. Il est précieux dans un rôle défensif et la pression des play-off le sublime.

 

Jérémy Wick (25 ans)

Le puncheur venu de NCAA (ligue universitaire américaine) s’est révélé en deuxième partie de saison après une phase d’apprentissage réussie à l’échelon inférieur dans les rangs de Red Ice (LNB). Le Canado-Suisse brille par sa polyvalence: il affectionne le jeu physique, il est habile devant les buts et sait aussi mettre ses coéquipiers sur orbite, à l’image de son ouverture lumineuse samedi soir sur le but de l’égalisation genevoise (une triangulation limpide avec Kast et Rod à la conclusion).

 

Cody Almond (25 ans)

Décevant en saison régulière (5 buts et 11 points en 20 matches), le Canado-Suisse rapatrié aux Vernets en cours d’exercice a élevé son niveau de jeu depuis le début des playoff. Intenable en quarts de finale face à Lugano (8 points en 6 matches), il est redevenu le joueur dominant sur qui Chris McSorley avait fondé tant d’espoirs depuis ses débuts en Suisse en 2012. Il dispose  désormais d’une occasion en or de s’imposer comme l’un des attaquants les plus complets du pays en guidant les Aigles jusqu’en finale.

 

Goran Bezina (35 ans)

Le capitaine historique des Aigles, dont la saison régulière a été plombée par des problèmes physiques et les rumeurs de départ malgré un contrat encore valable un an, a retrouvé son niveau au moment opportun. Inspiré, le Montheysan a épuré son jeu depuis le début des playoff et retrouvé sa place de patron naturel de la défense. Un signe: sur la glace, l’ancien international est de nouveau dominant en termes d’impact physique. Le moustachu a déjà inscrit un but et délivré une passe décisive en demi-finales.