Les Tessinois ont ravi l’avantage de la glace à GE Servette en s’imposant 5-0 lors de l’acte I des demi-finales des play-off. Ils ont livré un match très solide.
Oubliez le HC Lugano de 2014 et de 2015. Rayez de vos mémoires l’image de cette Belle tessinoise rudoyée, maltraitée, puis éliminée proprement par la Bête genevoise. Laissez de côté les poussiéreux souvenirs d’une équipe terriblement talentueuse avec le puck, mais vite déstabilisée quand l’adversaire lui rentrait dans le lard – spécialité servettienne s’il en est.
Merzlikins sur un nuage
Le HC Lugano version 2016 affiche un visage très différent. Au point que l’effet Doug Shedden se voit comme le nez au milieu de la figure. Au point que Patrick Fischer a dû être pris d’un léger malaise quand il a vu son ancienne équipe évoluer comme elle l’a fait hier soir aux Vernets.
En plus d’être structurée et disciplinée autour d’un Elvis Merzlikins sur un nuage, elle a affiché un sacré répondant. A l’image d’un Maxim Lapierre qui a réussi à sortir GE Servette de son plan de match en étant omniprésent pendant l’échauffement et durant la première minute de jeu (lire aussi en page 42).
L’usage de moyens musclés pour déstabiliser d’emblée les «grenat» n’a pas tardé à porter ses fruits. Mis sous pression, Jonathan Mercier et Robert Mayer commettaient l’irréparable après 57 secondes de jeu. Linus Klasen en profitait pour refroidir l’ambiance aux Vernets.
Rassérénés par ce début de rencontre leur ayant permis d’exorciser passablement de vieux démons, les Luganais ont commencé à montrer un autre visage: celui de cette équipe toujours autant talentueuse, mais bien plus maligne que celle entraînée par le désormais sélectionneur national.
Jim Slater expulsé
Tandis que GE Servette se ruait à l’attaque pour tenter d’égaliser, il perdait le puck dans la zone adverse. S’ensuivait un deux contre un rapide comme l’éclair ponctué par Tony Martensson (15e). Pour ne rien arranger, Jim Slater, auteur d’une vilaine charge contre Julien Vauclair moins de deux minutes plus tard, se faisait expulser.
Privé de son meilleur attaquant, envoyé dans les cordes par un Lugano au visage transformé, le GSHC a bien essayé de combler son retard durant un deuxième tiers outrageusement dominé. L’ennui? Une tentative d’abordage maladroite d’Eliot Antonietti provoquait un revirement dont l’inévitable Linus Klasen, à l’affût en zone neutre, profitait pour tripler la mise. Et tirer la prise (39’59).
Les jeux étaient faits en faveur d’un HC Lugano qui a pris, au terme d’un seul match, une tout autre envergure aux yeux de nombreux observateurs. GE Servette trouvera-t-il les moyens pour contourner un obstacle paraissant, du coup, nettement plus imposant à franchir? That’s the question.
Lapierre a tapé sur le système des Aigles (par Grégory Beaud)
Durant toute la soirée, le Québécois a cherché des poux aux Genevois. Au point de les faire sortir de leur match.
Le coup d’envoi était encore éloigné de 45 minutes que Maxim Lapierre avait déjà manqué de se battre avec Tim Traber. Durant l’échauffement, le rugueux Canadien avait déjà provoqué à de nombreuses reprises l’irascible ailier genevois. Avant le coup d’envoi, le Luganais s’en est de nouveau pris au No 21 avant de jeter son dévolu tour à tour sur Jim Slater, Eliot Antonietti et Arnaud Jacquemet. Le match n’avait toujours pas commencé que la soirée de l’étranger de Lugano était déjà une franche réussite tant il avait cherché – et trouvé – la petite bête.
Genevois moins sûrs d’eux
Durant les cinq matches de la série face à FR Gottéron, Chris McSorley s’était ingénié à insuffler le minimum syndical d’émotions à ses troupes. En endormant le Dragon, il savait qu’il aurait le plus de chances de passer l’épaule sans que ses Aigles ne perdent trop de plumes. Doug Shedden, largement plus rompu à l’exercice des play-off que le Fribourgeois Gerd Zenhäusern, avait décidé de prendre les devants en envoyant Maxim Lapierre au front. Le premier puck n’était pas posé que le degré d’émotions avait déjà surpassé celui de la série contre les Fribourgeois.
Inconsciemment, les Genevois ont paru moins sûrs d’eux. A chaque présence, Eliot Antonietti voulait surtout en venir aux mains avec Maxim Lapierre, tandis que Jim Slater était totalement effacé. Le centre canadien, véritable maître à jouer du GSHC, a été définitivement sorti du match à la 17e minute, à la suite d’un coude envoyé au visage de Julien Vauclair. En fin de deuxième tiers-temps, c’est l’autre victime de la tactique de Doug Shedden qui commettait une erreur. Eliot Antonietti montait à l’abordage pour réduire le score. Sa perte de puck a été fatale aux siens avec le 0-3 de Linus Klasen à une seconde de la sirène. Doug Shedden 1, Chris McSorley 0.