Le gardien de GE Servette, auteur d’un vilain match mardi à Zurich lors de l’acte I, saura-t-il rebondir? Il en va de l’intérêt de cette demi-finale des play-off.
Il est beaucoup question de Robert Mayer depuis le début des play-off. Dans un sens, c’est normal. L’importance d’avoir dans ses rangs un excellent gardien pour se rapprocher du Graal est fondamentale.
L’ennui? Depuis son retour en Suisse, l’ex-membre de l’organisation du Canadien de Montréal a constamment été au centre des interrogations. «Mayer est la plus grande énigme du hockey suisse», titrait d’ailleurs «Le Matin Dimanche» le 12 octobre 2014.
Cinq mois plus tard, impossible de lever un coin du voile sur ce lancinant questionnement. Durant sa saison, marquée par deux blessures aux chevilles, il a alterné le bon et le moyen. Sans jamais afficher la sérénité et la sécurité dégagées par son prédécesseur, Tobias Stephan.
La maîtrise de soi: un manque
Mais s’il a aussi été beaucoup question de l’Helvético-Tchèque depuis le début des choses sérieuses, c’est pour une autre raison: il n’a pas toujours fait preuve d’une maîtrise nerveuse en adéquation avec le poste stratégique occupé. Sous cet aspect-là aussi, il se différencie de Toby, «Monsieur Deux de tension».
La manière dont il s’était laissé aller lors de l’acte I du quart de finale des play-off face à Lugano est restée dans beaucoup de mémoires. Provoqué par Brett McLean – l’attaquant s’était dressé devant lui pour lui boucher la vue –, il lui avait asséné un coup de bloqueur au visage et s’était pris un match de suspension.
Désormais, tout le monde a en tête la manière dont il s’est fait sortir du match mardi après avoir écopé d’une pénalité il est vrai tout sauf évidente en début de 3e tiers. Dans la foulée, il encaissait le 2-2, avant de complètement perdre les pédales et de prendre deux buts parfaitement évitables (le 3-2 et le 5-2).
L’éclairage de Beaulieu
Question: les nerfs de Robert Mayer sont-ils assez solides pour faire barrage aux Zurich Lions? Au regard de ces deux événements survenus en play-off, il est permis d’en douter.
Cette impression se renforce après que Sébastien Beaulieu, l’entraîneur des gardiens du GSHC, eut été approché mardi soir. Appelé à évoquer la performance de son poulain pour LeMatin.ch, le Québécois n’a pas cherché d’excuse. «Tout à coup, ça s’est effondré, a-t-il dit. Il a commis des erreurs coûteuses. C’est une question de gestion mentale de l’événement. Ça reste un jeune gardien. Il n’a que 25 ans, il ne faut pas l’oublier.»
La confiance de McSorley
Plus loin. «J’espère qu’il va mieux apprendre à gérer quand ça va bien, quand ça va moins bien. C’est un jeune homme. C’est un gars émotif, qui joue sur l’adrénaline. Ça a toujours été comme ça. Ça ne date pas d’aujourd’hui. Avec lui, on essaie de prévenir au maximum et de progresser à ce niveau-là.»
Cette difficulté à surfer avec constance sur la vague du grand huit émotionnel est-elle de nature à le priver de match ce soir? Le doute est balayé par Chris McSorley. «Robert Mayer jouera, tranche le patron des Vernets. Si nous sommes encore en vie aujourd’hui, c’est en bonne partie grâce à lui. A Zurich, c’est l’ensemble de l’équipe qui a commis des erreurs, pas seulement lui.»
« La consigne donnée par Crawford sera d’aller le déstabiliser pour qu’il pète les plombs»
Robert Mayer est-il trop nerveux?
Oui. Il doit mieux gérer ses émotions. Son langage corporel ne doit dire qu’une chose, située à l’exact opposé de ce qu’il a montré mardi: «Faites ce que vous voulez, je m’en moque. Moi, j’arrête les pucks, point barre.»
Les Zurich Lions vont-ils chercher à le provoquer?
C’est certain. La consigne donnée par Crawford sera d’aller le déstabiliser pour qu’il pète les plombs.
Encore une fois…
C’est bien cela qui m’étonne avec lui. L’épisode McLean aurait dû le calmer, mais non. Après, je fais confiance à Sébastien Beaulieu (ndlr: l’entraîneur des gardiens) . Il va se charger de le remettre dans les meilleures dispositions.
Que faire après un tel match?
Durant ma carrière, ça m’est évidemment arrivé de passer à côté d’un match de play-off. Normalement, si les duels n’étaient séparés que par deux jours, je préférais ne pas aller sur la glace et faire un peu de vélo. En cas de mauvais match, par contre, mettre l’équipement pour refaire des choses simples et reprendre confiance était, à mes yeux, la meilleure solution.
Robert Mayer va-t-il répondre présent lors de l’acte II?
J’en suis sûr. Contre Lugano, il m’avait d’ailleurs surpris en bien. Après, il faudra faire attention à ne pas surjouer non plus.