Christophe Bays avait les hanches «foutues» en août 2014. Il a pu rejouer mardi avec GE Servette. Rencontre avec un gardien qui n’arrivait plus à promener son chien.
Une minute passée avec Christophe Bays suffit pour comprendre sa douloureuse traversée du désert. C’est le temps qui s’est écoulé entre la première question posée – «Pouvez-vous résumer en une phrase ce que vous avez vécu depuis août 2014?» – et sa réponse: «Je vais essayer de ne pas être trop négatif. Je dirais que…»
S’ensuit un long et pesant silence. Puis: «Malgré les difficultés inhérentes à de telles blessures, on peut toujours se relever et continuer d’avancer.»
«Je n’arrivais plus à dormir»
Août 2014. Le gardien ressent les premières douleurs à une hanche. «Une IRM (ndlr: imagerie par résonance magnétique) passée quelques jours plus tard a été formelle, raconte-t-il. Elle était foutue. Il fallait opérer.» Décision fut prise, en compagnie du staff genevois, de ne pas se précipiter. But: assurer les arrières de Robert Mayer le plus longtemps possible. L’ennui? Les mêmes douleurs sont apparues à l’autre hanche. «Elles étaient les deux dans le même état. Je n’arrivais plus à dormir. Je n’arrivais même plus à sortir pour promener mon chien.»
Janvier 2015. Le point de non-retour est atteint. Bobby décide de mettre fin à son calvaire physique. Il arrête de s’entraîner. En mars, il prend le risque d’opérer les deux hanches en même temps pour minimiser la période de convalescence. «C’était une première pour mon chirurgien. Il n’avait jamais fait ça.»
Il passe un mois à l’hôpital. Il se déplace trois semaines en chaise roulante. Puis il effectue un retour progressif et très délicat aux affaires. Avec des douleurs physiques et morales – «Le plus dur, c’était d’être assis en tribunes et de voir mes coéquipiers jouer.» Avec des contraintes temporelles aussi, comme l’explique l’entraîneur des gardiens du GSHC, Sébastien Beaulieu, présent durant la discussion. «Nous avions programmé un retour à la compétition pour octobre 2015. Nous avons travaillé en conséquence.» En vain, la faute à des douleurs persistantes.
Le coup de massue
Arrive le moment le plus dur de cette convalescence «comparable à des montagnes russes, avec beaucoup de hauts et de bas, image Sébastien Beaulieu. Nous avons fixé une autre date butoir, le 31 janvier 2016. Bobby devait avoir rejoué avant ce moment-là. Il en allait de son avenir au club, car son contrat arrivait à terme à la fin de la saison 2015-2016.»
Après une période de travail intense, le staff du GSHC envoie son poulain à Porrentruy. Il doit retrouver la compétition en LNB. On est en janvier 2016. C’est le coup de massue. «Il était prévu que je joue à Viège. Le jour d’avant, on s’est entraînés dur. Ça ne s’est pas bien passé. J’avais mal. Le lendemain, c’était pire. J’ai participé durant 10 minutes à l’échauffement, avant de jeter l’éponge. Je me suis dit que le hockey était fini pour moi.»
Ce doute sera balayé une semaine plus tard. «Chris McSorley a rapidement prolongé son contrat d’une année, se rappelle Sébastien Beaulieu. Je lui ai dit qu’il serait dommage d’en rester là. Bobby avait tellement bossé. Je croyais en lui, en son talent. J’étais sûr qu’il y arriverait.»
Le soulagement de l’Ilfis
Mardi, bingo. Christophe Bays est de nouveau titularisé en LNA,à Langnau (défaite 2-1, 92% d’arrêts). «Je n’ai pas eu mal ni pendant le match ni après, se réjouit-il. J’aurais pu rejouer le lendemain. Ça a été un gros soulagement, d’autant que je n’ai plus de douleurs depuis trois mois.»
Son entraîneur savoure. «Dans le car, en rentrant, j’ai passé 20 minutes en sa compagnie, confie Sébastien Beaulieu. J’ai ressenti de l’euphorie pendant ce laps de temps, tellement j’étais content pour lui.»
La douloureuse traversée du désert vécue par Christophe Bays, ponctuée de nombreux mirages, paraît terminée. Une oasis emmentaloise est soudain apparue.