Si GE Servette a pu réaliser son exploit samedi à Lugano, c’est surtout lié au caractère d’un vestiaire composé de nombreux éléments recalés ailleurs.
Question: combien de joueurs ont été meilleurs après leur départ de GE Servette, lorsque Chris McSorley a décidé de s’en sé- parer? Hormis Reto Suri, ils ne sont pas nombreux. A l’inverse, combien sont-ils à avoir réalisé leurs meilleures saisons en carrière aux Vernets? Rien que cette saison, ils sont au bas mot huit. «Huit?» s’étonne Louis Matte, l’entraîneur assistant. Une fois la liste énoncée et validée, il en ajoute même d’autres: «Mais il n’y a pas de secret. Chris définit précisément un rôle. Lorsqu’il l’accepte, le joueur n’a pas de mauvaise surprise.»
Le cas de Daniel Rubin est le plus saisissant. Fantomatique durant ses deux années à Berne, l’attaquant a brillé lors de ses passages aux Vernets avant et après son échec dans la capitale. Mieux que quiconque, Chris McSorley sait identifier les besoins de son équipe. «L’important est de trouver la prédominance chez un joueur et de travailler spécifiquement sur cela avec lui», poursuit Louis Matte. Comme un puzzle, pièce après pièce, l’homme-orchestre des Vernets façonne son contingent. «La première chose à prendre en compte, c’est la vitesse des joueurs, enchaîne le bras droit. Ensuite, l’équilibre entre joueurs de finesse et élé- ments plus robustes doit être bon. On ne demandera pas la même chose à Traber qu’à Romy. C’est cette franchise dès la prise de contact qui évite des problè- mes par la suite.»
Le Québécois étaye d’un exemple frappant: Marco Pedretti. «Nous pensions qu’avec son gabarit sa place se trouvait devant le but et d’y amener une dimension physique qui n’était peut-être pas sa principale force. Nous avons donc développé cet aspect en lui montrant, match après match, des vidéos pour le corriger. Le faire progresser.» Au cours du processus, l’ailier a même fait un petit passage en LNB, à Ajoie. Six matches – et six points – plus tard, il revenait aux Vernets, des certitudes plein la tête. «Chris McSorley sait pointer du doigt les erreurs, poursuit Louis Matte. Il le dira franchement. Ça peut ne pas plaire, mais il dira toujours l’heure juste.»
Robert Mayer, 26 ans, Gardien, au club depuis 2014
Présent dans l’organisation du Canadien de Montréal depuis 2007, l’ancien junior de Kloten a fini par lasser les dirigeants, qui s’en sont séparés après une nouvelle saison moyenne en AHL. N’ayant jamais obtenu sa chance en NHL, le gardien aux origines tchèques s’est tourné vers l’Europe. Chris McSorley a flairé le bon coup et l’a signé pour trois ans. Les doutes de l’époque font aujourd’hui place à l'admiration devant ses prestations.
Johan Fransson, 31 ans, Défenseur, au club depuis 2015
La relégation de Rapperswil l’a laissé au chômage malgré un contrat valide. Ses statistiques (4 buts et un bilan de 20) ne le prédestinaient pas à devenir l’un des meilleurs défenseurs du pays. Pourtant, avec la bénédiction de McSorley, il a endossé bien des responsabilités, dont celle de mener le power play.
Daniel Rubin, 30 ans, Attaquant, au club depuis 2014
Bon lors de son premier passage à Genève, il se rate à Berne (91 matches, 1 but). En fin de contrat au SCB, son retour aux Vernets est un franc succès. Bilan? 94 matches, 48 points et un impact physique remarquable.
Marco Pedretti, 24 ans, Attaquant, au club depuis 2015
Relégué avec Rapperswil, il a décroché dans un premier temps un essai chez les Aigles. Puis un contrat de trois mois. Et enfin un bail pour toute la saison. Aujourd’hui, le Jurassien joue un rôleclé dans une ligne avec Matthew Lombardi et Juraj Simek.
Roland Gerber, 31 ans, Attaquant, au club depuis 2011
L’Emmentalois incarne le jeu de Chris McSorley. Ses charges ont déjà fait tourner bien des têtes. Pourtant, il avait quitté Berne sur la pointe des pieds en 2011. Trimbalé entre la LNA et la LNB, il ne s’y était jamais imposé et n’avait plus de contrat. A 31 ans et pour sa dernière saison aux Vernets, il veut finir en beauté
Arnaud Jacquemet, 27 ans, Attaquant, au club depuis 2013
En débarquant aux Vernets de Langnau, le Valaisan était capable de jouer sur les deux ailes. Depuis, il est même devenu défenseur pour dépanner. Joueur de devoir, l’ancien junior des Kloten Flyers est le complément parfait de Jim Slater et Noah Rod. Il est leur pourvoyeur de pucks, qu’il récupère inlassablement dans les bandes.
Tim Traber, 23 ans, Attaquant, au club depuis 2014
En 2013, le Canado-Suisse effectue un essai peu concluant à FR Gottéron. On le juge comme un joueur de LNB. Au mieux. Aux Vernets, le rugueux attaquant est l’homme aux six poumons de la quatrième ligne. Son énergie y est appréciée
Juraj Simek, 28 ans, Attaquant, au club depuis 2015
Genève, Turku, Lugano. L’exercice 20142015 de l’ailier ressemble plus à un séjour linguistique qu’à une saison de hockey. Sans contrat en septembre, Genève lui a offert une chance de jouer en LNA. Un pari réussi avec 17 points en 37 matches et une implication défensive jamais remise en question (pour une fois).