29 décembre 2014

«Le Matin» a suivi la séance dirigée par le patron de GE Servette avant la victoire contre Jokerit Helsinki (3­-1).

 

Jonathan Mercier passe en dernier le pas de la porte.La séance vidéo, fixée hier à 9 h 30, peut commencer. Le beamer accroché au plafon d'une arrière-salle du Morosani Schweizerhof est prêt à projeter les images sur écran géant. Suivent vingt minutes où Chris McSorley parle à ses hockeyeurs comme un lieutenant à ses soldats avant un exercice dispensé à l'école de recrues. Ou comme un prêtre à ses ouailles, c’est selon. Le verbe est clair. La voix puissante. Le discours posé et rodé. Quinze séquences vidéo balancées par l’entraîneur assistant, Louis Matte, vont être commentées par le patron. Avec rythme. Sans temps mort.

 

Un bon point pour Taylor Pyatt

 

On y décortique le jeu de transition pratiqué par Jokerit Helsinki lors de son match joué et perdu la veille contre Salavat Ufa (3-4). On y voit comment les  Finlandais forecheckent en zone neutre. On y désosse la manière dont ils tentent de contenir les attaques adverses. On y épluche les comportements des hommes d’Erkka Westerlund lors des situations spéciales.

 

Arrêt sur image lors d’une scène à cinq Finlandais contre quatre Russes. «Taylor (ndlr: Pyatt), comment réagirais-tu dans ce cas de figure?» interroge le boss. La réponse fuse. Un bon point pour le Canadien.

 

En aparté, Chris McSorley confie que ces séances servent avant tout à rabâcher une fois encore ce que les joueurs entendent à longueur de semaine depuis leur retour sur la glace. «Il s’agit de rafraîchir leur mémoire sur la bonne attitude à adopter par rapport à des scènes qu’ils pourraient revivre face à l’adversaire analysé.»

 

Il fait également preuve d’un brin de dépit au moment de juger l’effet et l’efficacité de la vingtaine de minutes passées dans la salle. «Mes joueurs retiennent 10 à 15% de ce que je leur raconte, estimet-il. Mon espoir est qu’ils se rappellent certaines choses lors des moments critiques qui peuvent faire tourner le match en notre faveur.»

 

Moins de séquences en LNA

 

Après les quinze séquences préparées par Louis Matte – «C’est beaucoup, nous en montrons moins lors de séances précédant des matches de LNA, où l’adversaire n’a plus grand secret pour nous», dit l’assistant –, Chris McSorley se tourne vers son flipchart (tableau blanc). Il fait rapidement le tour de six thèmes développés sur six feuilles différentes: verticalité, clés du succès, comportement en zone défensive, comportement en zone offensive, situations spéciales et résumé.

 

Augmenter son engagement

 

Résumé? «Il faut forcer cette équipe à s’adapter à notre jeu, conclut le patron. Dans cette optique, l’absence de Chris (ndlr: Rivera, blessé au bas du corps) et de ses aptitudes physiques ne va pas nous faciliter la tâche. J’attends de chacun de vous qu’il augmente son niveau d’engagement de quelques pourcent pour compenser.»

 

Il est 9 h 48. Quelques applaudissements mettent fin à la séance vidéo. Si les joueurs retiennent 10 à 15% de ce qui vient d’être dit, et de préférence dans les moments critiques, Chris McSorley n’aura pas prêché dans le vide.

 

 

Le power play de GE Servette est en feu

Servette avait été versé dans le groupe le plus relevé de la 88e Coupe Spengler. Il s’en est extirpé avec classe en battant Salavat Ufa (3-2), puis Jokerit Helsinki hier (3-1). Deux adversaires qui appartiennent au gotha de la KHL. Les Russes ne pointent-ils pas au 5e rang du groupe Est et les Finlandais au 3e rang du groupe Ouest?

 

Si le fringant tenant du titre est parvenu à se qualifier directement pour les demi-finales, il le doit à un power play en feu. C’est vite vu, les Genevois ont inscrit quatre de leurs six goals dans cette situation de jeu. Un taux d’efficacité exceptionnel.

 

Il n’est pas sans rappeler celui qui prévaut en LNA. Dans une moindre mesure, certes, puisqu’il diminue à 20% en championnat. Reste que ça en fait le deuxième power play le plus efficace de la ligue derrière celui de Berne (22,2%).

 

Cette métamorphose du power play genevois (ça n’était surtout pas le point fort du GSHC ces dernières saisons) interpelle. Elle s’explique de plusieurs façons. Romain Loeffel, à la ligne bleue, est capable de le diriger de main de maître – on se demande encore pourquoi FR Gottéron a laissé partir un tel défenseur.

 

Le contingent de Chris McSorley regorge de joueurs aux mains en or (Lombardi, Romy, les frères Pyatt, Almond, Kast). Enfin, l’agrandissement des zones offensives permet à ces techniciens hors pair d’exprimer tout leur talent à cinq contre quatre.