20 février 2017

GE Servette a vécu une saison tourmentée. Mais, aujourd’hui, l’équipe des Vernets semble parfaitement armée pour entamer les play-off avec sérénité.

 

Rembobinons. La scène se déroule avant les premiers frimas de l’hiver. Le championnat commence à peine, mais les Genevois regardent déjà dans le rétroviseur. La barre n’est pas loin et la sérénité n’est plus de mise aux Vernets. Dans son bureau, Chris McSorley a le regard sombre. La veille, son équipe a perdu à Langnau et les solutions semblent limitées. Sur son tableau magnétique, le boss des Vernets a tenté de nous expliquer pourquoi, un jour, sa formation sera inarrêtable. Celui qui vendrait de la neige à un esquimau n’a pas son pareil pour se montrer persuasif. «Si l’on regarde mon équipe présente hier à Langnau, beaucoup de joueurs doivent endosser un costume trop grand, plaide-t-il. Nous avions près d’une dizaine de blessés. Dans ces conditions, c’est évident qu’il manque de la qualité à tous les étages.»

 

Il n’a jamais perdu confiance

 

Un coup d’œil à la composition genevoise lors du déplacement dans l’Emmental (voir ci-dessous) suffit à se rendre compte de la véracité des propos de McSorley. Le GSHC n’a aligné que six défenseurs – dont un attaquant reconverti – et une flopée de joueurs inexpérimentés. Des étrangers présents sur la glace de l’Ilfis, seuls Spaling et Fransson sont aujourd’hui encore dans l’alignement. Le très limité Travis Ehrhardt et Jim Slater, pourtant capitaine, ont été, depuis, remplacés par des éléments largement plus productifs.

 

Cela a fait «click»

 

À cet instant, Chris McSorley n’a pourtant pas perdu confiance malgré les résultats compliqués. Ou du moins il ne le montrait pas. Il savait qu’un jour tout irait mieux. «Vous verrez», lançait-il avec ardeur, comme pour se convaincre également.

 

Il suffit d’avancer la «bobine» de quatre mois pour voir exactement où le technicien des Vernets avait voulu en venir, ce jour-là. La langue anglaise est faite ainsi qu’une onomatopée peut résumer à elle seule une saison: click. «Un jour, ça va faire «click», nous raconte Chris McSorley. Et ce jour-là, mon équipe sera très difficile à battre.» Click, comme deux pièces qui s’emboîtent parfaitement pour que la machine tourne à plein régime.

 

«Ce jour-là», cela semble être aujourd’hui. GE Servette est-il invincible? Pas totalement et Bienne l’a montré pas plus tard que vendredi. Mais les Aigles d’aujourd’hui n’ont pas grand-chose à voir avec ceux du début de saison. Trois des quatre centres présents samedi aux Vernets ont aidé à métamorphoser l’équipe. Almond, Paré et Romy amènent ce surplus d’expérience et d’efficacité qui manquait – sans leur faire injure – aux Slater, Rubin, Kast, Heinimann ou Maillard.

 

Des éclopés du 18 octobre, il ne reste plus qu’un absent: Noah Rod. Hormis l’espoir, tous les autres «grenat» sont en santé. Mieux, le GSHC s’est renforcé avec les arrivées de Nathan Gerbe (fin octobre), de Francis Paré et Goran Bezina (fin janvier). «J’espère que les gens en Suisse se rendent bien compte de la chance qu’ils ont de voir évoluer Gerbe sur leurs patinoires, applaudi Francis Paré, tout sourire après la victoire de samedi face à Lausanne. Lui, c’est la classe mondiale. Le niveau international.»

 

Le joueur de centre québécois n’est pas en reste non plus. Avec neuf points en six matches, il affole les compteurs. Pour ne rien gâcher, Goran Bezina amène un surplus de caractère et de rigueur bienvenu dans un groupe qui ne manque pourtant pas de leaders.

 

Après avoir vécu des mois d’octobre, novembre et décembre très compliqués, GE Servette a effectué un redressement spectaculaire. Si bien que, depuis le 1er janvier, seuls les Zurich Lions possèdent une moyenne de points par match supérieure à celle des Aigles (voir ci-contre). «Il y a de la qualité à tous les niveaux dans cette équipe», poursuit Francis Paré.

 

Et pour reprendre l’image de Chris McSorley, aujourd’hui, tout le monde évolue avec un costume taillé sur mesure.