Sami Kanaan, conseiller administratif chargé du Département de la culture et du sport de la ville de Genève, est préoccupé par le climat qui entoure GE Servette.
Sami Kanaan, GE Servette défraie la chronique depuis des semaines. Comment percevez-vous la situation?
En principe, nous ne nous mêlons pas des affaires d’une société anonyme. Nous sommes contents quand des personnes s’engagent à Genève pour participer au rayonnement d’un sport, comme le tandem Quennec-McSorley l’a fait ces dernières années.
La chaîne du tandem paraît avoir déraillé…
Un changement d’entraîneur peut arriver dans l’histoire d’un club. Le coach fait souvent office de fusible quand les résultats sont moins bons. Mais chez nous, Chris McSorley est plus qu’un fusible.
Qu’entendez-vous par là?
Son engagement depuis 2005 a largement dépassé le simple rôle de coach. Il incarne le renouveau du hockey genevois. En résumé, on sait ce qu’on a, on ne sait pas ce qu’on aura. Si Hugh Quennec décide de trouver quelqu’un d’autre, il devra se montrer très, très, très convaincant.
Savez-vous si Hugh Quennec est l’actionnaire majoritaire du club?
Non. Nous savons juste que Chris McSorley n’est plus actionnaire.
Connaissez-vous le nom des propriétaires de GE Servette?
Non.
Dans cette crise ne se résumant pas aux problèmes relationnels entre Quennec et McSorley, qu’est-ce qui vous préoccupe le plus?
Nous aimerions que le club perdure en LNA, que sa structure de formation soit pérenne, et qu’il puisse rejoindre sa nouvelle patinoire le plus vite possible. Mais dans un dossier si important, il faut beaucoup de confiance entre les partenaires. La confiance, ça se travaille. Elle peut être remise en question rapidement.
L’est-elle?
Disons qu’avec les années, nous avions bâti quelque chose de solide avec l’ancien directeur général Christophe Stucki (ndlr: remercié par le GSHC l’été passé). Pour le moment, dans le dossier de la nouvelle patinoire par exemple, le Département des finances du canton tient le lead. Il continue à vérifier le sérieux des investisseurs qui nous ont été présentés.
Plusieurs sponsors et membres de différents clubs de soutien nous font part depuis des semaines de leur méfiance grandissante envers Hugh Quennec. Et vous, vous vous méfiez?
Je suis inquiet, pas méfiant. Cette inquiétude perdurera tant que la situation ne sera pas éclaircie. J’aimerais bien sûr mieux que cela soit fait rapidement.
Pourquoi cet empressement?
Vu comme les choses tournent, on ne peut s’empêcher d’établir des parallèles avec le Servette FC (ndlr: un trou de 5 millions avait été creusé quand l’homme d’affaires canadien en était le président). Hugh Quennec est quelqu’un de réellement motivé, qui s’investit sans compter. Mais il a peut-être parfois tendance à être trop ambitieux par rapport aux réalités de terrain.
Les autorités se sont-elles déjà penchées sur les fondations qu’il gère?
Dans le cadre notamment de l’examen régulier des comptes de l’Association Genève Futur Hockey (AGFH), nous avons pu nous faire une idée de l’ensemble de ces structures liées au sport.
Avez-vous eu une fois accès aux comptes de GE Servette?
Non, et nous n’avons pas à y avoir accès, c’est une SA. Par contre, nous avons révisé plusieurs fois ceux de l’AGFH, pour être sûrs qu’il règne une certaine étanchéité entre le secteur professionnel et celui de la formation. Ces démarches ont soulevé certaines interrogations.
D’où la désignation d’un administrateur pour clarifier la situation…
Oui. D’importants fonds publics sont attribués annuellement au hockey (ndlr: 500 000 francs de la ville, 495 000 francs du canton). À Genève, aucun autre sport ne bénéficie d’un tel soutien des autorités. Soit nous passions par là pour être sûr de la bonne utilisation des deniers publics, soit il fallait diminuer le montant au risque de dénaturer le projet, soit il fallait arrêter de le financer. Nous souhaitions que les bons résultats sportifs des jeunes puissent continuer, tout en précisant le fonctionnement.
Comprenez-vous que des personnes soient étonnées de voir plusieurs jeunes hockeyeurs de Lettonie patiner sous l’égide de l’Association Genève Futur Hockey?
Cela fera partie du travail de l’administrateur, qui vérifiera également l’adéquation avec les objectifs de la convention de subventionnement.
Irez-vous vendredi en fin d’après-midi à la fête de fin de saison du GSHC?
Non, mais le Service des sports de la Ville y sera représenté.