À l'orée d'une série où la plupart des indicateurs sont au vert, le plus gros danger pourrait se situer dans nos propres rangs.
Car si Fribourg sort d'une saison compliquée et que les lacunes de cette équipe sont bien visibles, ce n'est pas le HC Thurgovie pour autant que nous allons affronter. Mais passons en revue les différents poste de chaque équipe pour constater que la balance penche quand même sensiblement de notre côté.
Gardiens
Pour ceux qui avaient encore des doutes, Robert Mayer a définitivement prouvé qu'il était un des grands gardiens de la ligue. Il sort d'une saison très solide et son jeu de la canne (parfois décrié par les non-connaisseurs) est une référence en la matière en plus d'énormément soulager ses défenseurs. Avec ses 92,16% d'arrêts il devance clairement son opposant Benjamin Conz qui plafonne à 90,7%. Ce dernier sort d'une meilleure saison que l'an passé et n'est pas à considérer comme un maillon faible. Il ne faudrait surtout pas lui donner l'occasion de se surpasser et de prendre trop confiance, au risque de se heurter à un problème compliqué. Mais notre portier parait malgré tout supérieur et sa force mentale devrait être payante dans ces moments décisifs.
Avantage : GSHC
Impact sur la série : Très important
Défenses
Bien que parfois qualifiée de « trop juste », notre défense a, du moins statistiquement, très bien tenu le coup. Avec 138 buts encaissés, elle se classe à la deuxième place ex-aequo avec Davos, seuls les puissants ZSC ont fait (nettement) mieux. Fribourg se classe beaucoup plus loin, au huitième rang, avec plus de 3 buts pris par match pour un total de 154 sur la saison. L'histoire se répète un peu pour Gottéron qui saison après saison peine à stabiliser son secteur défensif qui continue à lui coûter passablement de points. Rappelons tout de même que dans un sport rapide comme le hockey, le jeu défensif n'est pas le domaine exclusif des défenseurs mais est surtout le résultat d'une implication collective. Dans ce domaine, on ne peut que très rarement reprocher à nos joueurs leur manque d'engagement dans les replis défensifs.
Avantage : GSHC
Impact sur la série : Important
Attaques
Cela peut surprendre, mais même dans ce registre de jeu notre équipe a assez nettement dominé les fribourgeois. Certes, Gottéron a connu un gros passage à vide qui a plombé leur productivité offensive pendant de longs matchs. Néanmoins, si l'on se concentre uniquement sur les six confrontations directes, le différentiel est de 23-16 en notre faveur. Donc loin d'être négligeable. Cela montre aussi que nos affrontements cette saison étaient plutôt prolifiques et il est probable que ça soit moins le cas durant la série. Dans ce contexte, notre domination se maintiendra-t-elle ou les fines gâchettes fribourgeoises sont-elles mieux armées pour faire la différence dans des matchs bloqués ? Le pourcentage de tirs réussis très légèrement supérieurs chez nos adversaires (10,58% contre 10,04%) est trop faible pour en tirer une conclusion claire.
Avantage : GSHC, d'une petite tête
Impact sur la série : moyen
Situations spéciales
Il n'y a pas 36 façons de parler des situations spéciales, voici donc les chiffres :
Power-play : GSHC 25,14% Fribourg 20,3%
Boxplay : GSHC 83,01% Fribourg 75%
Comme vous pouvez le constater, si le jeu de puissance fribourgeois est inférieur au notre, il reste dangereux. Plus de 20% de réussite reste un taux plus qu'honorable. On ne peut pas en dire autant pour le jeu en infériorité numérique... Alors que nos joueurs titillent les sommets dans ce registre (2e de la ligue), nos adversaires sont particulièrement inefficaces dans cette phase de jeu. Nos joueurs se sont d'ailleurs régalé cette saison en supériorité numérique face aux lézards avec 6 buts en 18 occasions, soit un insolent 33,33% de réussite !
Avantage : GSHC
Impact sur la série : très dépendant de la discipline des équipes.
Peut-on perdre cette série ?
Au vu des chiffres et de l'analyse (non exhaustive) des différents points, on pourrait presque se poser la question. Notre équipe favorite semble être objectivement mieux armée dans à peu près tous les compartiments de jeu. Et ce n'est pas faire insulte au sympathique Gerd Zenhäusern que d'affirmer que notre coach est non seulement beaucoup plus expérimenté mais aussi plus doué tactiquement.
N'oublions pas de souligner non plus l'aspect physique qui a une importance prépondérante une fois en série. Et sur ce plan-là, même si nous manquons de statistiques, on peut affirmer sans arrogance que notre équipe est bien supérieure quand il s'agit de tamponner. Un avantage qu'il ne faudra surtout pas hésiter à utiliser au maximum tout en évitant de commettre des fautes.
Il y a bien l'argument public, qui aux Vernets est surtout devenu une grande masse apathique et silencieuse. Oui, le public fribourgeois est certainement un peu plus chaud, notamment contre nos boys. Mais l'embourgeoisement a aussi frappé en force les rives de la Sarine avec l'envahissement de places assises de plus en plus nombreuses. Cette patinoire n'a aujourd'hui (malheureusement) plus grand chose à voir avec ce qu'elle était au début des années nonante. Et dans un sport toujours plus professionnel, l'impact du public sur la performance des athlètes ne doit pas être trop surévalué.
Comment perdre alors ? Eh bien très banalement en n'étant pas discipliné... Être bon en infériorité numérique c'est bien, jouer à cinq c'est mieux ! Or il se trouve que durant la saison régulière nous avons passé 6:24 par match en boxplay, c'est qui est la deuxième moyenne la plus élevée ! Un point qu'il faudra absolument corriger pour ne pas se mettre inutilement dans des situations difficiles. Et soyez sûrs qu'en face, un certains Chris Rivera ne manquera pas la moindre occasion de provoquer.
Finalement, Fribourg est LE club émotif par excellence. Cette saison ils sont passés de la machine intouchable du début de saison à une équipe de dépressifs incapable d'enchainer trois shifts corrects quelques mois plus tard. Et c'est loin d'être une exception dans l'histoire récente d'un club qui a usé de l'ascenseur émotif bien plus souvent qu'à son tour. Toute la clef sera donc de ne surtout pas les laisser retrouver cet état de grâce qu'ils aiment tant et qui peut les rendre redoutables. Cette équipe n'a plus gagné deux fois de suite depuis 10 matchs, ne leur donnons surtout pas l'occasion d'y regoûter. Car une fois lancés, la série pourrait s'annoncer très périlleuse...
Cette série, on doit la gagner ! Gottéron reste une bonne équipe qu'il ne faudra surtout pas prendre à la légère mais nos grenats sont sensiblement supérieurs dans la plupart des secteurs de jeu. Outre la glorieuse incertitude du sport qui peut toujours s'en mêler, si nos boys jouent leur jeu en évitant les émotions et en restants discipliné, cette série devrait être pour nous !