GE Servette a un patin et demi au prochain tour. Ce quart de finale face à Fribourg ne tient décidément pas ses promesses.
Depuis 2005, seules trois équipes ont réussi à renverser une série où elles étaient menées 0-3. Plus personne n’y est parvenu depuis 2008. Selon la formule consacrée, les Genevois ont donc «fait le plus dur» en menant de trois unités dans ce quart de finale face à FR Gottéron. Mais, au fait, était-ce vraiment si «dur»?
Comme depuis le début de cette série à sens unique, les hommes de Chris McSorley ont déroulé leur jeu sans vraiment être gênés par une équipe fribourgeoise ayant toujours un temps de retard. Sur chaque puck dans la bande, sur chaque rebond, les visiteurs ont constamment vu un maillot «grenat» leur brûler la politesse. La hargne et l’engagement de tous les instants de la troupe de Chris McSorley ont eu raison des Fribourgeois. Comme c’est d’ailleurs devenu la norme depuis sept rencontres.
La charge de Rod
Manque de rage? Résignation? Timidité loin de leurs bases? Difficile de comprendre la différence drastique de comportement des Fribourgeois entre la première demi-heure du match de samedi (3-0) et cette équipe si timorée vue hier soir aux Vernets.
A l’image d’un Julien Sprunger effacé, la formation de Gerd Zenhäusern n’a que rarement réussi à mettre sous pression Robert Mayer. Il n’y eut qu’un minimum de trafic devant la cage du gardien du GSHC. Le seul vrai coup de chaud? Une action dangereuse de Ryan Gardner qui avait le poids de l’égalisation peu après la réduction du score de Kilian Mottet (23e). Et puis c’était tout.
C’est donc forts de cet avantage de trois longueurs plus que mérité dans cette série à sens unique que les Genevois vont tenter de conclure demain, dans l’antre des Dragons. Noah Rod sera-t-il de la partie? Rien n’est moins sûr.
Le talentueux ailier des Vernets s’est fait l’auteur d’un coup de coude à la tête du jeune Andrea Glauser à la 35e minute. L’arbitre Marcus Vinnerborg, idéalement placé, n’a pas bronché. Que ce soit à vitesse réelle ou au ralenti, la faute semblait pourtant évidente et punissable. Reste à savoir si les instances – dont l’imprévisible juge Stéphane Auger – décident de se pencher sur le cas de l’international M20 et donc de désavouer leur quatuor arbitral.
Au vu de ce qu’il s’est passé récemment avec la charge non sanctionnée de Sprunger sur Rubin, il est difficile de présumer de quoi que ce soit en la matière.
Sprunger a bien été sanctionné (par Frédéric Lovis)
Julien Sprunger, autorisé à jouer après sa violente charge sur Daniel Rubin, n’a pas vécu d’enfer physique aux Vernets, mais un abîme sportif. Encore un!
Les trois jours précédant l’acte III du quart de finale entre GE Servette et FR Gottéron, il fut au cœur des débats. Les deux heures précédant le match, il les a vécues comme si de rien était. Il? C’est Julien Sprunger, dont le nom était sur toutes les lèvres après une charge sur Daniel Rubin ayant envoyé, samedi, l’attaquant genevois à l’hôpital – pommette fracturée.
Une charge dont on a énormément parlé. Et encore plus dès le moment où elle fut jugée correcte par le préposé à la sécurité des joueurs. A partir de là, une question brûlait toutes les lèvres: quel accueil allait-il recevoir, hier soir à Genève? A 17 h 56, sur le parking des Vernets situé à proximité des vestiaires, il est descendu du car en premier, par la porte arrière. Il s’est ensuite préparé dans l’indifférence générale, même quand il a taquiné la balle avec ses coéquipiers à l’extérieur de l’enceinte.
Hué depuis 20 h 10
Et puis… Et puis le show d’avant-match battait son plein quand le nom du capitaine des Dragons a été prononcé par le speaker. Première salve très appuyée de sifflets. Cette seule marque d’animosité du public genevois envers le top scorer adverse – aucun calicot n’a été déployé, par exemple - s’est répétée à l’envi à chacune de ses apparitions.
Son match, dans ce concert ininterrompu de huées? Il était 20 h 24 quand il commençait. La faute à deux pénalités infligées à ses coéquipiers l’ayant empêché de sauter plus vite sur la glace, puisqu’il n’évolue pas en box play. C’était le début d’une fin de journée s’étant terminée en queue de poisson.
Après cinq «petits» shifts enregistrés durant les 20 premières minutes de jeu, il en ajoutait dix les 20 suivantes. C’est durant ce 2e tiers que GE Servette faisait passer le score de 2-0 à 4-1. Sur chaque but marqué par les «grenat», la ligne à Julien Sprunger se trouvait sur la glace. Il terminait ainsi sa soirée avec un plus/minus de -2. La fois où on l’a le plus vu, c’est quand il a dû changer son casque jaune en fin de 2e tiers pour en porter un neutre après un coup de canne de Goran Bezina. Symptomatique d’une série de play-off durant laquelle la «SBP» en général et son sniper en particulier n’ont été que l’ombre d’eux-mêmes.
Pas d’interview
Sollicité en fin de match pour répondre à quelques questions, Julien Sprunger n’a pas souhaité donner suite. D’après le chef de presse fribourgeois, il aurait été refroidi après une interview accordée durant une pause à la télévision s’étant mal passée. Il y a des jours comme ça…
Sortir la tête haute (par Cyrill Pasche)
Alors que le monde autour d’eux était devenu complètement fou depuis plusieurs jours, Aigles et Dragons ont fait leur boulot. Il n’y a eu aucun débordement. Merci à eux. Il aurait sans doute fallu, pour assister à un règlement de comptes, envoyer les plus partisans d’entre nous tous sur la glace. Julien Sprunger est reparti entier des Vernets. On imagine aussi qu’il devait être bien content de retrouver son lit, hier soir tard du côté de Fribourg. Le plus dur est fait désormais pour le top scorer des Dragons.
Pour Gottéron par contre, la situation est encore un peu plus compliquée que la veille et la notion qui invite, dans le milieu, «à prendre match après match» n’aura jamais eu autant de poids qu’aujourd’hui. C’est ce que les Dragons raconteront, au cours des prochains jours, eux qui n’ont désormais plus rien d’autre à espérer que de survivre au prochain match.
On devine déjà qu’ils tenteront, pendant que les Genevois prétendront que le quatrième point d’une série est le plus difficile à gagner, de s’accrocher au mince espoir qu’il leur reste encore, même s’ils ne dénicheront évidemment que peu de statistiques plaidant en leur faveur. Si les équipes capables par le passé de renverser un déficit de 3-0 en play-off existent, rien, mais vraiment rien ne laisse présager que les Fribourgeois sont réellement capables, aussi bien mentalement que physiquement, de se sortir de ce pétrin.
Cela fait maintenant trois matches qu’ils butent sur le même problème: leur défense suffoque sous la pression genevoise, les Aigles sont simplement partout sur la surface de glace. Il faut voir la réalité en face: GE Servette, toujours autant en maîtrise, est un obstacle trop élevé pour eux. Que leur reste-t-il, alors que la fin de saison leur pend au bout du nez et que tout, jusqu’ici en play-off, est allé de travers pour eux? Pas grand-chose, à vrai dire. Gagner demain soir à Saint-Léonard, pour commencer. Sortir la tête haute. Au moins cela…