Avec un alignement modifié, les Fribourgeois ont remporté leur premier pointdu quart de finale face à GE Servette.
Il était minuit moins cinq pour FR Gottéron. Si l’équipe de Gerd Zenhäusern voulait prolonger sa saison, elle était contrainte de vaincre face à GE Servette. Ce qu’elle a réussi à faire au terme d’un match où elle a utilisé des qualités typiquement genevoises pour s’imposer 3-0: l’exploitation de rebonds accordés par le gardien et un power play efficace.
Dans ces domaines, les Genevois étaient parvenus à faire la différence lors des trois premiers duels. Hier, le Dragon a su faire fructifier un tir de Marc-Antoine Pouliot repoussé par Robert Mayer grâce à Marc Abplanalp, présent au bon endroit au bon moment (33e). Il a aussi su faire mouche en jeu de puissance un peu plus de trois minutes plus tard via son trio d’attaquants étrangers, très en vue.
Le coach fribourgeois a eu la main heureuse en regroupant Pouliot, Mauldin et Genoway au sein d’une même triplette. Car, au-delà d’un changement dans la préparation du match – Julien Sprunger et ses coéquipiers sont partis en promenade la veille du duel plutôt que de s’entraîner –, un changement dans l’alignement offensif a été opéré côté fribourgeois.
Mesures payantes
Il convient même de parler de chamboulement, puisque les trois premiers blocs ont été revus de fond en comble en même temps que la «SPB», si décevante durant ce quart de finale, était désintégrée. Des mesures payantes.
Il convient d’ailleurs de souligner au feutre rouge le rayonnement offensif hors du commun qu’a eu Marc-Antoine Pouliot durant ce 4e duel. Auteur de deux passes décisives sur les deux premiers buts fribourgeois, il s’est chargé lui-même de mettre fin au suspense en ajustant la cage vide durant la dernière minute de jeu.
Le Québécois est en train de porter l’offensive de son équipe sur ses épaules. N’a-t-il pas été présent sur sept des huit buts inscrits par les siens depuis le début de la série? Ses coéquipiers en attaque feraient quand même bien de se profiler un peu plus devant les buts de Robert Mayer si FR Gottéron veut continuer à enquiquiner GE Servette.
Une équipe genevoise nettement moins saignante que durant les trois premiers duels. Elle a même été quasi inexistante durant un 2e tiers où elle n’a été capable d’alerter Benjamin Conz qu’à trois reprises. De quoi permettre à l’adversaire de s’envoler vers un succès vital pour lui. Il était minuit moins cinq pour FR Gottéron.
Passivité genevoise coupable (par Grégory Beaud)
Si les Aigles ne sont pas encore qualifiés pour les demi-finales, c’est en partie à cause d’eux-mêmes. Leur comportement a eu de quoi surprendre.
Après trois matches où l’engagement a majoritairement été genevois, le décor était totalement différent, hier soir, à la BCF Arena. Si les hommes de Chris McSorley avaient pu remporter les premiers duels de cette série 100% romande, c’était principalement grâce à leur implication de tous les instants. Au contraire de Fribourgeois sans cesse dépassés. Le nombre de pucks récupérés dans les bandes par le GSHC à la suite d’un harcèlement du porteur du puck était indénombrable. Hier soir, c’est comme si les deux équipes s’étaient échangé leurs maillots.
Comment expliquer cette métamorphose? Certes, les Dragons ont montré les dents dès le coup d’envoi, mais l’attitude passive des Genevois a tout de même été étrange. «Ce soir, la meilleure équipe sur la glace a gagné, analyse tout simplement Chris McSorley. Leurs meilleurs joueurs étaient meilleurs que les nôtres.» Comme s’ils avaient oublié la recette qui avait fait leur succès jusqu’à présent. L’initiative du jeu a toujours été laissée aux joueurs locaux. Les Aigles ont constamment concédé la zone médiane sans jamais faire les efforts nécessaires pour la conserver. Si le score était toujours de 0-0 à la mi-match, c’était uniquement grâce à une performance à nouveau très inspirée – encore une! – du gardien Robert Mayer.
Il a fallu attendre l’ouverture du score de Marc Abplanalp (34e) pour que le GSHC tente de mettre la pression sur les défenseurs fribourgeois. Jusqu’à cet instant, Yannick Rathgeb & Cie ont eu tout loisir de remonter la rondelle sans le moindre forechecking. Tactique délibérée de Chris McSorley ou passivité de tout un vestiaire? «Nous savons qu’ils sont meilleurs à la maison que sur la route, appuie le coach ontarien. C’est peut-être pour cela que nous avons été plus prudents.»
Dangereux aux Vernets
La situation des pensionnaires des Vernets, après ce quatrième match, est évidemment toujours largement favorable au moment de préparer la réception des Dragons, demain. «Mener 3-0 nous permet d’avoir le luxe de perdre un match, relativise Chris McSorley. Je continue de croire qu’il leur faudra un effort miraculeux pour remporter quatre rencontres de suite face à nous.» Les Genevois mènent certes toujours 3-1 et ne sont jamais aussi dangereux que lorsqu’ils évoluent à domicile. Aux Vernets, c’est traditionnellement eux qui dictent le tempo. Face à un Fribourg requinqué, ils devront se souvenir des fondamentaux qui ont fait leur force jusqu’à mardi dernier.
Les Fribourgeois se sont-ils relancés ? (par Cyrill Pasche)
C’est fou comme une équipe dos au mur peut parfois être capable d’aller puiser dans des ressources insoupçonnées. Oui, il y a encore de la vie dans le camp fribourgeois. Les Dragons ont montré du caractère, ils se sont surtout débarrassés d’un immense fardeau. La série est-elle pour autant relancée? Il faudra attendre le match de demain aux Vernets pour en avoir le cœur net. Ce n’est pas que Gerd Zenhäusern et ses hommes soient parvenus, au cours des deux derniers jours, a trouvé la recette magique pour contrer la machine genevoise. Ils en voulaient simplement un petit peu plus que les Genevois, et cela a payé.
Reste que Gottéron, jusqu’à preuve du contraire, n’est de loin pas la même équipe lorsqu’elle évolue hors de ses murs. C’est un très, très gros test qui l’attend désormais pour l’acte V. Hier soir, les Dragons ont bombé le torse et sorti les épaules. Ils ont même réussi à sérieusement agacer leurs adversaires (Antonietti, D’Agostini), forcément beaucoup moins «zen» dans la défaite qu’ils ne l’ont été jusqu’ici dans la victoire.
Et puis, on sous-estime bien souvent la portée d’un succès en play-off. On n’ira bien sûr pas jusqu’à dire que la dynamique positive a changé de camp, loin de là, mais l’atmosphère au moins s’est détendu du côté de Saint-Léonard. Les joueurs fribourgeois, eux, ont gagné quelques centimètres et quelques kilos aussi en l’espace de 60 (très bonnes) minutes. Autant dire qu’ils ne seront pas de trop, demain soir à Genève.
Sait-on jamais, du coup. D’autres équipes ont déjà perdu les pédales pour moins que cela. On l’avait dit, sur un malentendu, tout peut encore arriver. «Les Fribourgeois ne peuvent pas nous battre quatre fois de suite», avait lâché Chris McSorley après l’acte III, mardi dans les couloirs des Vernets. Il faut toujours peser ses mots en play-off, le coach des Aigles le sait mieux que quiconque, lui qui s’est bien gardé jusqu’ici de jeter de l’huile sur le feu. Gerd Zenhäusern sera peut-être tenté de le rappeler à ses joueurs. Touché dans sa fierté, le Dragon est une créature particulièrement dangereuse. Il l’a en tout cas encore prouvé hier, devant son public. Mais est-il capable de vaincre aux Vernets?