Menés 1-0 dans la série face à GE Servette, les Fribourgeois seront-ils capables de réveiller l’esprit de Gottéron ce soir lors de l’acte II?
Il faudra cette fois-ci joindre les actes aux paroles. FR Gottéron, sans émotions, avec si peu d’envie, est passé au travers de son premier match de play-off et s’est fait taper sur les doigts jeudi soir aux Vernets (défaite 3-1). Le seul point positif pour les Fribourgeois provient du fait que leur non-match enlève un peu de relief à la performance de GE Servette, solide mais loin d’être génial.
Les Aigles ont fait le boulot, c’est certain, mais ils n’ont finalement pas réussi à écraser à un adversaire très largement en dessous des attentes. Le score (3-1) ne reflète pas vraiment la différence de niveau affichée jeudi par les deux formations romandes. «Ils ne sont pas venus aussi forts que nous le pensions, a expliqué le gardien Benjamin Conz, et c’est sans doute ce qui nous a endormis.» Chris McSorley aurait-il trouvé une nouvelle tactique, l’hypnose?… Kilian Mottet et Chris Rivera, en tout cas, étaient hier encore convaincus «que FR Gottéron méritait mieux sur l’ensemble du premier match»…
Plus lucide, le coach Gerd Zenhäusern a, pour sa part, admis que la gestion des émotions déterminera l’issue du deuxième acte, programmé ce soir à Saint-Léonard. «Nous devons parvenir à jouer là-dessus et à nous mettre le public dans la poche, a rappelé le coach valaisan. Jouer à domicile est un gros avantage, et nous n’aurons pas d’autre choix que d’en tirer profit.» C’est certain: FR Gottéron n’est définitivement pas la même équipe à Saint-Léonard que sur la route. Il devra toutefois se résoudre à aller gagner une manche aux Vernets s’il a pour ambition de passer le cap. Chaque chose en son temps, pour l’instant. Les Dragons doivent commencer par changer d’attitude et entrer enfin dans ces play-off. Ils n’ont pas vraiment le choix et doivent se relancer dans la série. «Nous sommes menés 1-0, rien de plus, rien de moins», a souligné le Fribourgeois Kilian Mottet. Une manière de rappeler qu’il ne sert à rien de paniquer et que tout est (encore) sous contrôle du côté de Saint-Léonard.
Oui, on verra un autre Gottéron ce soir, les Dragons en tout cas l’ont promis. Ils ne seront cette fois-ci jugés que sur leurs actes. Rien d’autre. «Il faudra toutefois trouver le juste milieu», a répété Zenhäusern. Mais, auparavant, Gottéron ne devra pas oublier que les play-off ont commencé depuis jeudi déjà. Et que, cette fois-ci, il ferait bien d’appuyer sur l’interrupteur…
Gottéron doit mettre le feu
ÉMOTIONS Aucune autre équipe de la Ligue ne dépend autant des émotions que FR Gottéron. Ce soir, sur leur patinoire, les Dragons devront veiller à se mettre le public dans la poche dès les premiers coups de patins. En marquant vite, ou en marquant leur territoire. Mais aussi en faisant la différence entre les bonnes et les mauvaises pénalités. Celle concédée par Chris Rivera jeudi, pour un coup de canne en zone offensive, est indiscutablement à classer dans la seconde catégorie. Les Aigles ne se sont d’ailleurs pas fait prier pour ouvrir la marque avec un homme en plus sur la glace. Mais, surtout, les Dragons devront cette fois-ci miser sur leur grande force, la vitesse, pour compliquer la tâche des défenseurs genevois. Lors du premier acte, FR Gottéron n’a jamais réussi à accélérer le jeu ni à mettre l’arrière-garde des Aigles en danger. Enfin, les Dragons n’oublieront pas de mettre Robert Mayer sous pression. Le gardien de GE Servette a eu la vie facile jeudi soir… «Nous devrons mettre du monde devant lui», a expliqué Tristan Vauclair, de retour de suspension et bien décidé à mettre le feu aux poudres ce soir…
Tous les coups sont permis
Homme aux multiples pouvoirs, Chris McSorley a tenté et réussi un nouveau coup de maître jeudi soir: plonger l’adversaire dans un profond sommeil. Il suffisait d’y penser. Les Fribourgeois l’ont tous admis, ils ne s’y attendaient pas. Eux qui imaginaient les guerriers «grenat» s’abattre sur eux avec des cannes en béton et les yeux injectés de sang n’ont finalement eu à faire qu’à un troupeau d’agneaux. «Cela a fini par nous endormir», a confié le gardien Benjamin Conz, qui, heureusement tout de même pour Gottéron, n’était pas le plus somnolent de tous lors de ce premier acte manqué.
La tactique adoptée par GE Servette a quelque chose de fourbe mais de terriblement fascinant aussi. Chris McSorley est même allé plus loin en affirmant, après coup, que «Gottéron avait vraiment été bon». Sacré Chris… On a enfin compris où il voulait en venir: endormir l’adversaire durant 60 minutes, et le persuader à son réveil que sa performance a été à la hauteur. Un chef-d’œuvre!
En réalité, l’Ontarien ne craint qu’une seule chose lorsqu’il affronte Gottéron: les émotions! Et il sait pertinemment que, lorsqu’elles se mettent à bouillir, plus particulièrement à Saint-Léonard, les Dragons sont alors capables de tous les exploits. Le coach de GE Servette le rappelle sans cesse à ses joueurs: sans émotions, le Dragon ne s’enflammera pas. C’est exactement ce qui s’est passé jeudi dernier aux Vernets lorsque les Aigles ont pris un malin plaisir à étouffer le match.
Seuls les pénalités et le trop-plein d’émotions (d’un côté comme de l’autre) peuvent encore dérégler la machine genevoise et provoquer une sortie de route. C’est justement sur ce terrain de jeu là que Gottéron peut gagner, ce soir, sa première bataille. A moins que les Dragons ne préfèrent somnoler jusqu’au soir de la quatrième et dernière manche. «Si, si, vous avez vraiment bien joué, les gars», les réconfortera alors McSorley en leur tapotant l’épaule.