Article
Tobias Park, mer 25/09/2019 - 12:02

On ne va pas se mentir, il y a quelque chose de terriblement douloureux à voir le nouveau très bel écrin lausannois, alors qu’à Genève les réunions ayant pour objet la future patinoire ne semblent avoir comme ordre du jour que le choix d’une date pour la réunion suivante. Ceci alors que les Vernets furent inaugurés 25 ans avant Malley. Et ce n’est pas l’intervention de Laurent Strawson hier soir sur MySports, un modèle de langue de bois, qui va nous mettre un peu de baume au cœur.

Que c’est douloureux, encore, de voir Tobi « je quitte la Suisse Romande pour me rapprocher de ma famille » Stephan, idole des Vernets il y a encore quelques années de cela, se compromettre aujourd’hui dans cette tunique rouge.

De façon générale, c’est la trajectoire des deux clubs durant ces dernières années qui est douloureuse pour le supporter des Aigles qui adore détester des Lausannois qui le lui rendent au moins aussi bien.

Pendant que Quennec menait les Aigles droit à la faillite avant d’être sauvés mais gérés de façon plutôt austère par notre propriétaire actuel, celui du LHC, lui, se permettait tous les excès. Le salaire des joueurs suisses a explosé ces dernières années, et Lausanne en porte une réelle responsabilité à force de se positionner quasi systématiquement sur tout ce qui pouvait ressembler à un joueur dominant. Une soif de prestige à faire pâlir la mère Mantegazza !

Douloureux sont ces destins croisés pour le supporter genevois qui avait pris pour habitude de toiser de façon moqueuse – et parfois franchement condescendante – ce « club partenaire » pour les plus respectueux, ou « club ferme » pour les plus taquins d’entre nous. Longtemps, la hiérarchie lémanique nous aura été largement favorable ; le changement est difficile à accepter.

Certes, les jeunes pousses grenat sont déjà magnifiques alors qu’elles vont encore tellement grandir, mais cela ne suffira pas à rêver de titre. Et « la glorieuse incertitude du sport » me direz-vous ? Un joli concept qui doit bien faire rigoler du côté du club des trois ou quatre puissantes équipes alémaniques qui se partagent l’intégralité du gâteau, vous répondrais-je.

Club très select à la porte duquel on peut entendre désormais Ken Stickney tambouriner sans aucune retenue. Je pourrais tenter de vous dire qu’à Genève on n’est pas jaloux, que ce style nouveau riche et tapageur de ce LHC XXL ce n’est pas nos valeurs, que nous on ne croit qu’au fruit de la formation et du dur labeur, mais qui me croirait ?

La guerre, sportivement parlant, qui nous oppose à notre voisin du milieu du lac n’offrira que peu de victoires. À moyen terme en tout cas.  Il nous reste le maquis, l’embuscade. Prendre ce qui peu l’être. À ce titre, quoi de plus jouissif que de gâcher – un peu – cette grande fête du hockey vaudois.

Au sortir d’un match qui aura vu le riche collectif lausannois étouffer le nôtre, venant ajouter ainsi un léger sentiment d’injustice à ce cuisant échec en guise de cerise sur le gâteau.

Au sortir d’un match qui aura vu les nôtres chasser le #51 de son but. L’occasion de se dire que la soif de prestige peut pousser à engager à long terme et à grands frais un gardien qui ne sera plus jamais celui qu’il fut devant le filet des Aigles. À titre personnel, je ne m’en sentirai absolument pas désolé, ni pour le joueur, ni pour son nouvel employeur. Un peu mesquin de ma part. J’assume.

Et puis enfin, quelle image que de voir un ancien junior lausannois, l’un des défenseurs offensifs suisse les plus prometteurs de sa génération mais exilé à Genève car pas encore assez cher pour le LHC, inscrire le quatrième but genevois synonyme de victoire et de hold-up parfait.

La rivalité qui nous lie à Lausanne risque bien de nous réserver son lot de crève-cœur ces prochaines années, mais celui que nous avons infligé à notre meilleur ennemi hier soir, sur le fond comme sur la forme, restera longtemps dans les mémoires.

 

Que la fête est belle quand elle est gâchée !