20 mars 2018

Debout sur le bar, deux Genevois ont un peu trop fêté leur victoire de samedi face à Berne. L’affaire a été prise au sérieux par le club.

 

Samedi soir, au McSorley’s Sports Bar, Tanner Richard et Will Petschenig ont dignement célébré la Saint-Patrick. Hier matin, dans son bureau, Craig Woodcroft a dignement fait leur fête aux deux joueurs. La raison du courroux de l’entraîneur de GE Servette? Le comportement des deux, l’avant-veille, relayé dimanche par le site Internet de Blick. Debout sur le bar du pub de la patinoire, les Aigles se sont donnés en spectacle. La finesse du jeu de passes de Tanner Richard, meilleur compteur de GE Servette, ne s’est d’ailleurs pas franchement retrouvée dans son «jeu de scène» (voir photo ci-dessous).

 

Face à cette scène surréaliste en ces temps de play-off où rien n’est censé être laissé au hasard, l’entraîneur du GE Servette, qui a pris l’incident très au sérieux, n’a pas voulu étaler sur la place publique la teneur de son discours à ses noctambules. Tout juste nous a-t-il expliqué que ses deux joueurs ont «commis une erreur de jugement» en la circonstance.

 

Hier, lors de l’entraînement matinal, tant l’attaquant que le défenseur étaient présents et n’évoluaient pas avec un maillot distinctif. Ils devraient donc être alignés par le technicien ontarien ce soir. Contactés hier, plusieurs dirigeants nous ont avoué qu’ils n’auraient pas passé l’éponge si facilement, même si, il est vrai, on n’appréhende pas la situation de la même manière sans y être confronté.

 

Pour Craig Woodcroft par contre, l’incident est clos. «Avec l’équipe, nous avons géré ça à l’interne. Nous laissons cet épisode derrière nous et nous concentrons pleinement sur l’échéance de mardi soir (ndlr: ce soir).» Parce que, oui, GE Servette n’est pas encore en vacances et il y a un acte V à jouer dans la capitale.

 

Richard aux abonnés absents

 

Le principal problème de cette histoire? Depuis le début de la série, Tanner Richard fait largement plus de bruit en dehors de la glace que d’étincelles dans le jeu. Transparent, comme bon nombre de ses coéquipiers, le joueur de centre ne totalise qu’un assist en quatre matches. Pour le meilleur compteur genevois de saison régulière, la moisson est maigre. Si l’on ajoute à cela ses déclarations transpirant la frustration après l’acte I – «On connaît le bonus bernois. Après chaque check on prend deux minutes» –, Richard n’a pas brillé. Contacté hier, il n’a pas voulu s’exprimer.

 

Toujours est-il qu’à 24 ans le fils de Mike Richard vient de prouver en une saison aux Vernets pourquoi il n’a pas réussi à s’imposer en Amérique du Nord. Après avoir tenté sa chance durant six saisons, il a décidé de tourner le dos à la NHL, où il n’a joué que trois rencontres. Fantastique créateur de jeu, Tanner Richard possède, hélas, une hygiène de vie qui n’est pas à la hauteur de son coup d’œil.

 

Un exemple? Arrivé à la bourre lors de la cérémonie des top scorers à Berne il y a dix jours, le joueur de centre a justifié son léger retard par… un passage dans un fast-food. Renseignement pris, ce n’était pas une blague destinée à détendre l’atmosphère ou un placement publicitaire.

 

Ce n’est qu’un détail, mais, ajoutée à ses déclarations à l’emporte-pièce et à son show sur le bar du McSorley’s Sports Bar, cette anecdote complète une liste trop longue pour ne pas être alarmante.

 

Les hanches ne mentent pas

 

Pour paraphraser Shakira, les hanches ne mentent pas («Hips Don’t Lie»). Samedi soir, le «show» que Richard et Petschenig ont donné lève le voile sur une organisation se voulant professionnelle jusqu’au bout des ongles mais qui en a seulement l’ambition.

 

Les deux fêtards seront-ils moins bons ce soir parce qu’ils sont sortis samedi? Là n’est pas la question. Ces sportifs professionnels connaissent leur corps, et cela n’affectera probablement pas leurs performances.

 

Le vrai problème? Les soirs de match, le McSorley’s Sports Bar grouille. Sponsors, fans, dirigeants, etc. Quel message leur est-il envoyé? Que pensent-ils au moment de voir deux joueurs – présumément «en mode play-off» – se comporter comme des ados en course d’école? Au mieux, un sentiment de légèreté. Au pire, l’image d’une organisation où l’amateurisme est toléré. Dans les deux cas, le message est mauvais.

 

Ce qui transpire de cette vidéo, outre une vulgarité exacerbée, c’est un sentiment de perte du sens des réalités de sportifs immatures. Avec un poil de discernement, les danseurs auraient eu conscience que ce n’était ni le lieu ni le moment de se donner en spectacle.