Le capitaine des Aigles, joueur emblématique de GE Servette, a vu son rôle et son influence diminuer au fil des matches. Se dirige-t-il vers la sortie?
Il y a des signes qui ne trompent pas: mardi en fin de match face au Lausanne HC, tandis que Chris McSorley venait de sortir son gardien, Christophe Bays, au profit d’un sixième joueur de champ, Goran Bezina est resté cloué sur le banc. Celui qui a bâti sa carrière sur son tir dévastateur de la ligne bleue ne fait visiblement plus partie des premiers choix de son coach lorsque la victoire – ou la défaite – est en jeu. Pire encore: le poste hautement stratégique de «blueliner» qui lui était dévolu au cours des dix dernières saisons était occupé par un joueur en provenance de LNB, Timothy Kast…
Un rôle obscur pour le capitaine
Recyclé au poste d’attaquant depuis le début de la saison, Goran Bezina a vu son rôle – et son temps de jeu – diminuer au fil des matches. «La situation n’est pas idéale, convient le capitaine des Aigles. Il est évident que j’apporterais davantage en défense qu’en attaque. Mais je me suis engagé à donner mon maximum pour l’équipe, peu importe où on m’aligne. Je suis le capitaine, je dois montrer l’exemple.»
Mardi toujours, tandis que Chris McSorley avait choisi de jouer la carte de l’offensive en alignant quatre attaquants étrangers aux dépens du défenseur canadien Paul Ranger, surnuméraire pour le coup, Bezina n’a à aucun moment été utilisé en défense. Pas même lors des situations de supériorité numérique, terriblement mal gérées par les Aigles, alors que sa vista et son boulet de canon de la bleue auraient peut-être pu débloquer la situation.
Contrat jusqu’en 2016, mais…
Aujourd’hui, la figure emblématique de GE Servette se retrouve sur une voie de garage. Qu’en est-il de l’équation chère à Chris McSorley: petit salaire, petites responsabilités, gros salaire, grosses responsabilités? Goran Bezina n’est-il pas devenu trop coûteux au vu du peu de responsabilités qui lui sont encore confiées sur la glace? D’où la question: l’Ontarien a-t-il décidé de pousser le Montheysan vers la sortie? «Je n’ai pas le sentiment que c’est le cas, explique Bezina. Mais nous devrons tôt ou tard mettre les choses au clair. A un moment donné, il faudra que je sache si Chris veut que je reste et quels sont ses plans pour le futur.»
Le patron des Vernets, lui, jure que Bezina est toujours aussi important. «Bien sûr que je compte sur lui, lance McSorley. Je suis satisfait de ses performances.»
Certains indices semblent pourtant annoncer que la collaboration entre les deux hommes pourrait toucher à sa fin prochainement. On pouvait d’ailleurs déjà s’en douter avant même que la saison 2014-2015 ne débute, lorsque le patron de l’équipe des Vernets a pris la surprenante décision de repositionner son meilleur défenseur en attaque. La seule manière de combler le départ de Cody Almond aux Minnesota Wild, selon le coach.
Une autre lecture laisse plutôt supposer que Goran Bezina ne fait tout simplement plus partie des huit défenseurs sur lesquels Chris McSorley a décidé de miser cette saison. Même la suspension pour sept matches de Romain Loeffel (lire en page 44) ne devrait rien y changer. «Je n’exclus pas de le remettre un jour à son poste habituel, mais il me reste encore suffisamment de défenseurs à disposition», contre McSorley.
Kevin Romy (transféré à Lugano en 2005), Thomas Déruns (à Berne en 2011), pour n’en citer que deux, sont autant de joueurs qui ont, par le passé, été victimes du «Money Puck» de Chris McSorley, l’équivalent nord-américain du «Totomat» qui sert de baromètre à Christian Constantin au FC Sion. Si tel devait aussi être le cas prochainement pour Bezina – il est encore sous contrat jusqu’en 2016 –, les preneurs ne devraient pas manquer. Une piste, bien sûr, mène à FR Gottéron. «J’aimerais terminer ma carrière à Genève, explique Bezina. Pour l’instant, je n’envisage pas de départ.» Pour l’instant…